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Avec les travailleu­rs à la maison, l’écosystème du centre-ville d’Ottawa change

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De nombreux employés de bureau du centre-ville d’Ottawa pourraient défi‐ nitivement troquer leurs trajets et leurs cubicules pour du travail à distance et des réunions virtuelles, ce qui a provoqué un chan‐ gement dans l'écosystème du centre-ville qui dépen‐ dait de leur activité depuis des décennies.

La pandémie de COVID-19 a transformé le centre-ville en une ville fantôme pendant un long moment. Les employés retournent lentement à leur lieu de travail et constatent probableme­nt que le portrait a bien changé depuis mars 2020.

L'idée que tout le monde va retourner au travail, cinq jours par semaine, est révo‐ lue. C'est terminé. Cela va avoir de profondes répercus‐ sions sur le centre-ville, ex‐ plique le professeur associé à la Sprott School of Business de l'Université Carleton, Ian Lee.

Des efforts sont faits pour transforme­r les tours grises et beiges qui dominent actuelle‐ ment le centre-ville, mais ce processus prendra du temps.

La lenteur de la reprise économique pour le coeur de centre-ville n'est pas surpre‐ nante, a mentionné le profes‐ seur associé. Selon lui, la fonc‐ tion publique fédérale, qu’il appelle le locataire d’ancrage, a vu une majorité de ses em‐ ployés rester à la maison lors‐ qu’est venu le temps de choi‐ sir.

Plus de gens restent à la maison, plus les répercus‐ sions sur l'économie conti‐ nuent de se faire sentir dans le centre-ville, qui ne peut plus compter sur la même clientèle.

Ce sont de petites entre‐ prises familiales. Un bon nombre d'entre elles vont faire faillite parce que la de‐ mande n'est pas là, estime M. Lee.

Ils vont devoir proposer une vision différente du centre-ville.

Ian Lee, professeur associé à la Sprott School of Business de l'Université Carleton

Espoir et désespoir

La fin d'une entreprise est devenue le début d'une autre pour l’entreprene­ur Edward Khamis. Il a quitté le Liban pour le Canada avec le rêve d'ouvrir son propre salon de coiffure.

Après avoir terminé ses études dans le domaine, la pandémie a frappé. Il a tra‐ vaillé dans quelques salons de coiffure, mais s'est accroché au rêve d'un lieu qui porterait son nom.

Le jeune homme de 22 ans a repris, en juin, l'ancien Impe‐ rial Barber Shop, sur la rue Slater. Il a par la suite changé le nom de l’établissem­ent pour Edward K Barber Shop.

Le manque de trafic pié‐ tonnier ne l'a pas découragé, car il a constaté que les choses se sont légèrement améliorées, ce mois-ci, avec le retour de plus de travailleu­rs au centre-ville, mais sans sur‐ prise, il aimerait que ce soit plus fréquenté.

Je veux que ce soit plein à craquer, lance-t-il.

Depuis trois mois qu'il est propriétai­re de son entre‐ prise, il raconte que la plupart du temps, il voit moins d'une douzaine de clients par jour. Il gère son commerce majoritai‐ rement tout seul, bien que sa mère l'aide à remplir les for‐ malités administra­tives.

Pour réussir, il faudra faire des efforts et bien se faire connaître sur les réseaux so‐ ciaux, prévoit-il, mais il est prêt à affronter une courbe d'apprentiss­age abrupte.

À quelques rues de là, sur la rue Sparks, le rêve d'un homme a pris fin. Le proprié‐ taire de la boutique de vélos Retro Rides et copropriét­aire de l'Ottawa Bike Cafe, Jason Komendat, annonce qu'il ferme.

M. Komendat explique avoir signé un bail, en 2019, et qu'il a beaucoup investi dans des rénovation­s. Il a tenu bon malgré de nombreuses ferme‐ tures tout au long de la pan‐ démie, mais le succès de son entreprise dépend en grande partie des besoins des ci‐ toyens qui se rendent au centre-ville à vélo.

La pandémie est arrivée et notre quartier a littéralem­ent été ravagé. Tous ces gens sont rentrés chez eux, a-t-il plaidé.

À la fin du mois d'octobre, il déménagera. Il espère relo‐ caliser l'entreprise, mais il n'y a pas encore de plan établi.

Chaque petite entreprise, chaque vitrine que nous voyons dans le centre-ville, c’est le rêve et la passion de quelqu'un. Lorsque vous per‐ dez un commerce comme ce‐ lui-ci, c'est une perte, presque comme un enfant.

Survivre au télétravai­l

Une étude récente intitu‐ lée The Death of Downtown? a mis en évidence une ten‐ dance dans toute l'Amérique du Nord : la reprise postpan‐ démique a été particuliè­re‐ ment lente dans les centresvil­les comme celui d'Ottawa qui dépendent des profes‐ sionnels et des travailleu­rs de la technologi­e.

Le projet conjoint de l'Uni‐ versité de Toronto et de l'Uni‐ versité de Californie, Berkeley, a utilisé des données de télé‐ phonie mobile pour comparer l'activité dans les centresvil­les de 62 grandes villes du Canada et des États-Unis.

Au printemps 2022, Otta‐ wa a connu moins de la moi‐ tié de l'activité qu'elle connais‐ sait avant la pandémie. Elle se classait au 46e rang sur la liste des 62 villes.

L'étude conclut que les centres-villes devront diversi‐ fier leur activité économique et leurs utilisatio­ns des ter‐ rains [pour] survivre dans la nouvelle ère du travail à dis‐ tance.

La directrice générale de la Zone d'améliorati­on commer‐ ciale (ZAC) de la rue Bank, Christine Leadman, affirme que la pandémie et ses effets persistant­s ont eu un impact

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