Émissions d’arsenic : près de 900 personnes manifestent dans les rues de Rouyn-Noranda
Près de 900 personnes ont manifesté dans les rues de Rouyn-Noranda, vendredi, pour réclamer une baisse des émissions d’arsenic et d’autres contaminants par la Fonderie Horne.
L’ambiance était détendue, mais le message des manifes‐ tants, transmis à travers quelques dizaines de pan‐ cartes et des slogans chantés haut et fort était clair. Ceux-ci souhaitent que les émissions d’arsenic diminuent plus rapi‐ dement que ce qu’a recom‐ mandé la santé publique, soit une baisse à 15 nano‐ grammes par mètre cube d’ar‐ senic dans l’air d’ici cinq ans.
Les citoyens présents avaient d’ailleurs l’appui d’un groupe de professionnels de la santé, dont des médecins, présents pour manifester eux aussi leurs préoccupations.
La Dre Marie-Pier Lemieux, médecin de famille à Rouyn-Noranda, a d’ailleurs pris la parole devant la foule afin de souligner l’importance de mili‐ ter pour l’atteinte de la norme provinciale.
Elle souhaite que le gou‐ vernement qui prendra le pouvoir le 3 octobre prochain soit plus exigeant envers la Fonderie Horne.
On veut l’atteinte de la norme gouvernementale le plus rapidement possible, cinq ans c’est trop long. Et de toute façon, présentement dans le plan proposé, on n’en‐ tend même pas parler de la norme, ça ne fonctionne pas. Dre Marie-Pier Lemieux Faisant partie des organi‐ satrices de la marche, Isabelle Fortin-Rondeau, du groupe Mères au front Rouyn-Noran‐ da, se réjouit de ce soutien af‐ fiché par la communauté mé‐ dicale.
« C’est vraiment important parce que si la norme de 3 na‐ nogrammes existe, c’est basé sur des données scientifiques. Donc oui, c’est important de voir que les médecins prennent la parole pour le dire parce que je pense qu’eux le voient dans leur pratique qu’il y a des inquiétudes. Ce qu’on entend, c’est qu’à Rouyn-Noranda, il y a plus de maladies pulmonaires obs‐ tructives, il y a plus de cancers et je pense que les données qu’on a en ce moment, c’est peut-être juste la pointe de l’iceberg », dit-elle.
Des citoyens inquiets
Plusieurs des citoyens pré‐ sents avaient pour objectif de dénoncer l’inégalité entre les normes imposées au reste du Québec et celles permises à Rouyn-Noranda.
Je voudrais dire que la loi pour les émissions, c’est 3 pour l’entièreté du Québec et je ne vois pas pourquoi en Abitibi-Témiscamingue ce se‐ rait 15, 78 ou 86. Est-ce qu’il y a un ruban qui nous exclut du Québec comme territoire pour qu’on ne soit pas soumis à cette loi-là?, demande Marthe Julien.
Noémie Parayre, venue marcher avec sa famille, abonde dans le même sens.
C’est une question d’équi‐ té. On a les mêmes droits que les autres citoyens à travers la province. C’est important que les normes soient respectées pour qu’on ait les mêmes droits, pour notre santé glo‐ bale, clame-t-elle.
Pour Jérémy St-Jean, la di‐ minution des émissions de contaminants dans l’air est une priorité qui vise à proté‐ ger les membres de sa famille.
Comme tous les conci‐ toyens, on veut un milieu sain où vivre et grandir. On a une jeune famille, on veut le meilleur pour eux. On sait que c’est possible d’en faire plus au niveau technologique, on sait que le gouvernement peut aider. Maintenant qu’on connaît les faits, on ne peut pas rester sans agir, affirme-til.
Présent avec une amie, Martin Baron tenait pour sa part à venir manifester afin de garantir un meilleur avenir à ses petits-enfants.
Je suis un jeune grand-père et je suis vraiment préoccupé pour mes petites-filles. C’est depuis peu qu’on sait toute l’ampleur de la pollution de l’air. On pensait qu’avec la construction de l’usine d’acide sulfurique dans les années 90, que tout était fait, et c’est comme si la mobilisation s’était arrêtée. Là, elle renaît avec l’information et cette in‐ formation-là m’oblige à me mobiliser pour mes petitesfilles, explique-t-il.
L'autorisation ministérielle qui détermine la norme que devra respecter la Fonderie Horne pour les cinq pro‐ chaines années doit être déli‐ vrée en novembre.