Radio-Canada Info

« Le Québec est une terre d’accueil, mais on dirait qu’on a oublié ça »

- Manon Globensky

Maria Esther Savage, origi‐ naire de Mexico, est arri‐ vée en 1977 à Port-Cartier, sur la Côte-Nord. Elle ve‐ nait d’épouser Bertrand Talbot, qui pilotait des ba‐ teaux sur le fleuve SaintLaure­nt. Elle dit qu’elle a été chanceuse d’aller vivre dans une région éloignée, la « jungle québécoise », comme elle l’appelle, parce qu’elle n’a pas eu le choix de s’intégrer à sa commu‐ nauté d’accueil, pas eu le choix d’apprendre le fran‐ çais.

C’est lors d’un souper chez sa fille, Lia Talbot, que Maria Esther évoque ses souvenirs d’il y a 45 ans. Les deux femmes vivent à Montréal maintenant; Bertrand Talbot est décédé en 2009. Lia se voit autant Québécoise que Mexi‐ caine, quebecana, comme elle dit. Elle souhaite un meilleur accueil des immigrants, en im‐ mersion en région s’il le faut, pour leur apprendre le fran‐ çais, puisqu’ils sont une solu‐ tion pour atténuer la pénurie de main-d'oeuvre.

Il ne faut pas avoir peur qu’un grand nombre d’immi‐ grants dénature la société québécoise, selon elle. Le Ca‐ nada est un pays jeune et le Québec est une terre d’ac‐ cueil, mais on dirait qu’on a oublié ça, mais on l’est encore avec l’immigratio­n qui conti‐ nue, et je souhaite vraiment qu’on ne limite pas le flot d’immigrants qui vient au Québec.

La fille de Lia et petite-fille de Maria Esther, Sati Berrones (du nom de famille de son père mexicain), complète le portrait. Elle aime faire devi‐ ner ses origines à ceux qui lui demandent d’où elle est, elle leur dit Québécoise et quelque chose d’autre. Sati n’a que 16 ans, elle ne peut pas encore voter, mais elle a hâte, notamment pour donner du poids à ses préoccupat­ions sur les changement­s clima‐ tiques.

Voici leurs témoignage­s : Maria-Esther Savage J’ha‐ bite ici et ce n’est pas seule‐ ment que je vous aime, mais j’ai beaucoup de respect pour le pays où j’habite. J’apprécie beaucoup qu’on puisse voter et il y a du respect sur le vote. Je ne peux pas comparer avec le Mexique, où il y a beaucoup de corruption. La vie politique d’ici, c’est ça qui m’émerveille, c’est important de voter, je peux aller voter, j’irai voter. Je ne manquerai pas ça.

Lia Talbot, fille de MariaEsthe­r

Moi, je pense que ça ferait du bien qu’on s’affran‐ chisse du mythe du pur laine [...] je pense que ce mythe-là bloque l’accueil. [...] Dans le sens où ma mère, dans ce caslà, qui dit qu’elle aime les Qué‐ bécois et se sent Québécoise, qu’une partie d’elle est Québé‐ coise, ben ça l’exclut de cette gang-là qui est pure. Puis‐ qu’on est une terre d’accueil, pourquoi dire qu’on est pure laine puisqu’on a été bâti par l’immigratio­n.

Sati Berrones, fille de Lia et petite-fille de Maria Esther

Je pensais beaucoup récemment que j'avais hâte que ma génération prenne sa place, que ce soit plus nous qui soient là. Mais je m’inquié‐ tais aussi qu’il y a des gens de mon âge que l’environnem­ent ne leur importe pas, qu’ils pré‐ fèrent les profits, plus d’ar‐ gent, sans penser aux autres. Mais je vois quand même que notre génération est un peu plus sensibilis­ée à l’environne‐ ment, au racisme systémique, aux problèmes que les femmes vivent, la pauvreté. Donc ça va être mieux? Ça pourrait… j’espère en fait que ce sera mieux.

Leurs demandes aux candidats :

augmenter

le

nombre d’immigrants pour combler la pénurie de main-d’oeuvre; te‐ nir compte des besoins en im‐ migration région par région; mieux intégrer les immi‐ grants, leur faire côtoyer des Québécois; la francisati­on des immigrants pourrait se faire par immersion, en région; in‐ vestir dans les transports en commun pour qu’il y ait moins de voitures; penser grand pour s’attaquer aux changement­s climatique­s.

Le reportage de Manon Globensky est diffusé à l’émis‐ sion Désautels le dimanche le dimanche de 10 h à midi et en rediffusio­n le lundi à 3 h sur ICI Première.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada