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Grande séduction : une première cohorte d’infirmière­s et d'infirmiers arrive à La Sarre

- Gabriel Poirier

De la fiction à la réalité ; l’initiative La Grande Sé‐ duction, lancée par le co‐ mité Veille citoyenne Abiti‐ bi-Ouest, commence à por‐ ter fruits à La Sarre. Elle est inspirée par le film québé‐ cois du même nom, sorti en 2003.

La municipali­té a accueilli cette semaine 17 infirmière­s et 2 infirmiers venus de l’étranger, notamment du Maghreb. Leur arrivée sur‐ vient un peu moins d’un an après la fermeture de la moi‐ tié des lits à l’Hôpital de La

Sarre(Nouvelle fenêtre), 22 sur 44.

Etemgoua Doriane Aurelle, originaire du Cameroun, vit à La Sarre depuis le 15 sep‐

soit tembre dernier. Elle s’est éta‐ blie au Québec pour décou‐ vrir une nouvelle culture, mais surtout pour offrir un meilleur avenir à son fils de cinq ans et à sa fille de trois ans et demi.

Ils sont venus avec moi. Je ne pouvais pas les laisser , in‐ dique-t-elle.

Mme Doriane Aurelle est encore surprise de l’accueil ré‐ servé par les membres de La Grande Séduction(Nouvelle fenêtre) et des citoyens de La

Sarre.

Son conjoint et elle ont no‐ tamment reçu des vêtements pour enfants et des articles scolaires. Une attention bien‐ venue après la perte de l’une de leurs valises à l’aéroport Montréal-Trudeau.

Les gens nous font des dons de vêtements d’hiver, car nous n’avons pas d’hiver au Cameroun [...] Nous avons perdu la valise des enfants en arrivant au Canada. Ça n'a pas été long avant que les gens nous offrent des dons, dont des vêtements chauds, pour nos enfants , explique l’aspi‐ rante infirmière.

Son seul regret ? L’absence d’épiceries africaines.

Ce qui m’a un peu déso‐ rienté dans la région, c’est le manque d'épiceries africaines. Ca m’a un peu désorienté, mais je pense que l’essentiel est là , complète Etemgoua Doriane Aurelle.

Notons que La Sarre est censée accueillir dix-huit infir‐ miers étrangers supplémen‐ taires à l’automne 2023.

Laisser sa fille au Came‐ roun

Francis Ntame vit lui aussi à La Sarre depuis une se‐ maine. Il a toutefois laissé sa fille de six ans derrière lui au Cameroun. Il espère qu’elle le rejoindra à La Sarre plus tard.

Comme Etemgoua Do‐ rianne Aurelle, il compte entre-temps compléter les dix mois de formation collégiale que lui impose l’Ordre des in‐ firmières et infirmiers du Qué‐ bec (OIIQ) avant qu’il lui soit possible de se soumettre aux examens d’entrée dans la pro‐ fession.

M. Ntame assure que la sé‐ duction a eu son effet rapide‐ ment.

C’est la tranquilli­té et le grand espace. Tout est calme. Tout est grand. La chaleur des gens. Ce que j’ai vu au travers de mon écran, je le vis mainte‐ nant sur place. J’ai vu des gens chaleureux en ligne. J’ai main‐ tenant rencontré ces gens , constate Francis Ntame.

Le défi de la rétention

Sylvain Trudel, le président du comité derrière l’initiative de La Grande Séduction, re‐ connaît que la rétention de travailleu­rs étrangers repré‐ sente un défi de taille.

Il fait écho à des propos te‐ nus par Jean-Sébastien Blais, le président de la Fédé‐ ration interprofe­ssionnelle de la santé du Québec(Nouvelle fenêtre).

Nous sommes conscients de ce défi depuis le départ, et c’est justement ce défi qui nous motive à faire mieux. Al‐ lons retenir les dix-neuf ? Peut-être pas. Mais je peux vous dire que nous mettons tout en oeuvre pour nous en approcher. Chacune de nos infirmière­s à un parrain, leur logement est meublé et nous leur offrons une première épi‐ cerie. Vêtements, literie, vais‐ selle…tout est là , certifie M. Trudel.

Pierre Bourget, également impliqué dans le comité, peine pour sa part à contenir sa fierté. Ce fut beaucoup de travail. Nous voyons au‐ jourd’hui le sourire de ces gens-là [infirmiers étrangers], et nous leur disons merci d’être venus [...] J’ai rarement vu une mobilisati­on comme celle-ci à La Sarre , complète-til.

Les 19 infirmiers étrangers pourront se soumettre aux examens de l’OIIQ l'an pro‐ chain, au terme d’une forma‐ tion de dix mois visant à faire reconnaîtr­e l’équivalenc­e de leur diplôme.

Ils peuvent entre-temps travailler comme préposés aux bénéficiai­res à raison de 20 heures par semaine.

Il manque actuelleme­nt 65 infirmière­s à l’Hôpital de La Sarre pour rouvrir les lits fer‐ més en octobre 2021, selon M. Trudel.

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