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Le bureau du coroner lance une enquête publique sur la mort d’Amélie Champagne

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La coroner en chef du Qué‐ bec, Pascale Descary, or‐ donne une enquête pu‐ blique pour faire la lumière sur la mort d'Amélie Cham‐ pagne. La jeune femme de 22 ans s'est enlevé la vie le 11 septembre dernier après un séjour à l'Hôtel-Dieu de Sherbrooke, où elle avait été hospitalis­ée à la suite d'une tentative de suicide.

Me Pascale Descary sou‐ ligne pour sa part que l'en‐ quête vise à faire la lumière sur la cause et les circons‐ tances du décès de la jeune femme. Plus précisémen­t, les audiences permettron­t à toute personne d'intérêt de s'exprimer concernant les cir‐ constances de ce décès afin d'en analyser les facteurs contributi­fs, et ce, en vue de proposer des pistes de solu‐ tion pour une meilleure pro‐ tection de la vie humaine.

C'est la coroner Julie-Kim Godin qui présidera l'enquête. Le cabinet du ministre délé‐ gué à la Santé et aux Services sociaux a par ailleurs confir‐ mé que cette enquête aura lieu pour comprendre les failles du système.

Par communiqué, le CIUSSS de l’Estrie - CHUS a ex‐ pliqué qu'à l'image des autres établissem­ents impliqués dans la trajectoir­e de soins [elle] offrira son entière colla‐ boration à l’enquête publique du coroner. Dans le contexte, nous ne commentero­ns pas ce dossier afin de respecter la confidenti­alité et le processus d’enquête.

Le CIUSSS a également souligné qu'il offrait ses plus sincères condoléanc­es à la fa‐ mille et qu'il accueillai­t favora‐ blement tout ce qui peut contribuer à la réflexion col‐ lective sur les enjeux liés à la problémati­que de santé men‐ tale, dans la région et partout au Québec

Le chef de la Coalition ave‐ nir Québec François Legault a également mentionné qu'il trouvait la situation déchi‐ rante et triste. La santé men‐ tale, pendant longtemps, elle a été le secteur négligé du sec‐

teur de la santé. On veut que les gens soient bien accueillis quand les gens ont des pro‐ blèmes comme ceux-là. Il faut voir ce qui s'est passé dans ce cas-là. [...] Il faut davantage de psychologu­es, mais il faut les former. C'est clair qu'il faut ajouter du personnel.

C'est inacceptab­le, firme Lionel Carmant af‐

De passage à 24/60, le mi‐ nistre sortant délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant, a affirmé que cette situation était inaccep‐ table, surtout le sentiment de rejet évoqué par le père de la jeune femme, Alain Cham‐ pagne, lors d'une entrevue sur les ondes du 98,5.

Il faut aller au fond des choses, a ajouté M. Carmant.

Ce dernier a par ailleurs re‐ connu qu'en fonction des mé‐ thodes de tri des patients, à l'urgence, les délais d'évalua‐ tion des cas psychiatri­ques peuvent être très longs.

Ensuite, il y a une deuxième problémati­que : les séjours en psychiatri­e sont extrêmemen­t longs, a pour‐ suivi le ministre sortant.

M. Carmant a aussi vanté le plan d'action de son parti, qui consistera­it à mettre sur pied un guichet spécialisé en urgences psychiatri­ques, qui comprendra­it une infirmière spécialisé­e et un intervenan­t communauta­ire, entre autres, pour évaluer la situation et s'assurer d'une continuité dans la communauté.

Il y aurait pu avoir un transfert d'hôpital à hôpital, a poursuivi le ministre délégué sortant, pour trouver un lit pouvant être offert à Amélie Champagne, qui a passé plu‐ sieurs jours sur une civière.

On ne veut plus voir ce genre de situation, et on va voir ce qui se passe dans le ré‐ seau si ça arrive de façon ré‐ pétée.

Lionel Carmant, ministre sortant délégué à la Santé et aux Services sociaux

L'objectif, a encore indiqué M. Carmant, consiste à voir ce qu'il faut changer... et on va le changer.

Une grande détresse

Le père de la jeune femme, Alain Champagne, avait publié un long message sur LinkedIn pour expliquer que sa fille souffrait de symptômes liés à la maladie de Lyme depuis des années et qu'elle a long‐ temps erré dans le système médical avant d'obtenir un diagnostic. Malgré des traite‐ ments amorcés récemment, il souligne que la maladie aurait causé plusieurs symptômes physiques et cérébraux, allant jusqu'à pirater son corps.

ICI Estrie a tenté de joindre Alain Champagne pour obte‐ nir une entrevue. Celui-ci a dé‐ cliné notre demande. En en‐ trevue mardi matin à Paul Ar‐ cand, au 98,5, M .Champagne a cependant expliqué que sa fille aurait eu des troubles de sommeil importants, des hal‐ lucination­s auditives, et que sa personnali­té aurait changé au cours des dernières se‐ maines. Malgré la situation qui se serait dégradée, les mé‐ decins ne l'auraient pas rap‐ pelée, soutient son père. Elle aurait tenu des propos suici‐ daires, mais n'aurait pas non plus réussi à obtenir de l'aide à Montréal.

Ce serait à la suite d'une tentative de suicide au chalet familial en Estrie que la jeune femme aurait été hospitalis­ée à l'Hôtel-Dieu. Sur place, elle aurait été mise en observa‐ tion pendant trois jours et deux nuits sur une civière, dans le couloir. Les interve‐ nants auraient dit à la famille qu'elle ne pouvait être traitée à Sherbrooke parce qu'elle n'habite pas la région, et qu'elle devait être transférée à l'Hôpital Notre-Dame.

On a une discussion un peu surréelle avec les interve‐ nants là-bas. On se fait dire dans un premier temps que le transfert à [l'Hôpital] NotreDame va, de toute évidence, prendre plusieurs jours. Il n'y a pas de capacité, il n'y a pas de place. Et dans ce contextelà, malheureus­ement, Amélie a également exprimé le désir qu'elle voulait quitter l'ur‐ gence. D'après [les interve‐ nants], la situation s'est stabi‐ lisée et [...] elle ne pose pas un danger immédiat pour ellemême.

La famille serait venue chercher la jeune femme pour la ramener à la maison. Elle s'est enlevé la vie peu de temps après.

Une maladie traitée fa‐ cilement... la plupart du temps

Le Dr Amir Khadir, infectio‐ logue-microbiolo­giste à l'Hô‐ pital Pierre-Le Gardeur, a ex‐ pliqué sur les ondes de RDI que les médecins dans les ré‐ gions touchées par l'infection, comme l'Estrie et la Montéré‐ gie, reconnaiss­ent et traitent adéquateme­nt la maladie. C'est la plupart des gens, avec les antibiotiq­ues, qui vont guérir. Mais on pense que, malgré [les médicament­s], il y a à peu près 12 à 13 % des gens qui vont garder des sé‐ quelles prolongées, expliquet-il.

Ces problèmes deviennent parfois si sévères qu'il devient impossible de vaquer à ses simples occupation­s, même de la vie quotidienn­e, d'où le désespoir. D'autant plus que, parfois, certains intervenan­ts peuvent ne pas reconnaîtr­e cela, peuvent nier ou avoir une approche condescen‐ dante, ce qui peut aggraver le désespoir de certains pa‐ tients, ajoute-t-il.

Besoin d’aide?

Si vous pensez au suicide ou si vous vous inquiétez pour un proche, des interve‐ nants sont disponible­s pour vous aider partout au Québec 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

Téléphone : 1 866 APPELLE (277-3553) Texto : 1 855 957 5353 Clavardage, in‐ formations et outils : www.suicide.ca

vis-à-vis de l’Ontario.

Mais dans le contexte ac‐ tuel, où la pénurie de person‐ nel touche le système de san‐ té au Québec comme en On‐ tario, les jours où les gens ve‐ naient vers nous sans qu’on ait à déployer des efforts, c’est un temps révolu, résume la

gestionnai­re.

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