Hôpitaux et CHSLD : des chantiers deux à trois fois plus chers qu’estimés
La flambée du prix des ma‐ tériaux de construction a des impacts majeurs sur les chantiers en cours dans les hôpitaux et les CHSLD du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Certains travaux coûte‐ ront deux, voire trois fois plus chers que ce qui avait été estimé avant la pandé‐ mie.
C'est ce que révèle un comparatif des coûts estimés avant et après la pandémie pour différents travaux, obte‐ nus par Radio-Canada via la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseigne‐ ments personnels.
À l’hôpital de La Baie, par exemple, la mise à niveau de l'entrée électrique et du sys‐ tème de génératrices, estimée au départ à 1,6 M$, coûtera fi‐ nalement 2,55 M$. Il s’agit d’une augmentation de 58 %.
Des travaux en lien avec le réaménagement du labora‐ toire de médecine nucléaire de l’hôpital de Chicoutimi, évalués à 350 000 $, s'élève‐ ront à près d'un million.
À l'hôpital et au CHSLD de
Roberval, la réfection d'ascen‐ seurs, qui devait être de l'ordre de 350 000 $, est désor‐ mais estimée à 1,2 M$. Le prix a grimpé de 242 %.
L’explosion du prix des ma‐ tériaux, les difficultés d'appro‐ visionnement et les enjeux de main-d'oeuvre expliquent cette hausse de coûts.
Si on regarde le bois, entre décembre 2021 et janvier 2022, on a 150 % d'augmenta‐ tion en un mois. Et là, je vous épargne les fluctuations du coût des autres matériaux dans les derniers mois. N'im‐ porte quel économiste peut vous le dire, la situation est totalement imprévisible en ce moment , souligne Guillaume Houle, qui est porte-parole de l’Association de la construc‐ tion du Québec.
Les documents fournis par le Centre intégré universitaire de santé et de services so‐ ciaux (CIUSSS) Saguenay-LacSaint-Jean font état d'une sur‐ chauffe, c'est-à-dire de prix anormalement élevés par rap‐ port aux estimations qui servent habituellement de ré‐ férence.
Les fournisseurs ont de la difficulté à garantir leur prix au-delà de sept jours. Donc, on vous donne un prix et on vous dit : "Dans une semaine, mon prix ne sera peut-être plus bon, il va peut-être avoir augmenté de 5, 10, 15, 20 %." Cette marge-là, c'est l'entre‐ preneur qui doit l'assumer. Donc, il doit prendre en consi‐ dération ce contexte-là quand il soumissionne.
Guillaume Houle, porteparole de l’Association de la construction du Québec
Le manque de travailleurs qualifiés retarde aussi les chantiers.
Il y a actuellement 17 000 postes vacants dans le sec‐ teur de la construction au Québec. Donc, on manque de main-d'oeuvre. Il faut prendre en considération les pénalités de retard dans les soumis‐ sions , indique M. Houle.
D’après un reportage d’Andréanne Larouche