Augmentation du salaire minimum en Saskatchewan : trop ou trop peu ?
Le salaire minimum aug‐ mente samedi en Saskat‐ chewan, passant de 11,81$/h à 13$/h, une hausse insuffisante pour pallier les coûts liés à l’in‐ flation, selon des experts.
Le salaire minimum en Saskatchewan augmentera de nouveau le 1er octobre 2023, atteignant 14$/h, et il y aura une autre hausse en 2024, menant le salaire minimum à 15$/h.
À ce stade, note le gouver‐ nement de la Saskatchewan, le salaire minimum aura connu une augmentation de 89 % depuis 2007, alors qu’il s’établissait à 7,95$/h.
Ce n’est pas assez, disent certains
Professeur à l’Université de Regina, Andrew Stevens af‐ firme que, malheureusement, nous sommes encore au bas de l’échelle comparé aux autres provinces, citant l’exemple du Manitoba, qui voit son salaire minimum grimper à 13,50$/h, samedi.
Malgré l’augmentation substantielle en matière de pourcentage, M. Stevens af‐ firme que les coûts liés à l’im‐ mobilier, l’alimentation et l’énergie vont dépasser les augmentations salariales des résidents.
Cette augmentation du sa‐ laire minimum, ce n’est pas une solution miracle.
Andrew Stevens, profes‐ seur à l’Université de Regina
Nous avons l’impression que les travailleurs recevant le salaire minimum sont des adolescents vivant dans le sous-sol de leurs parents.
C’est une simplification à ou‐ trance. Nous savons que les aînés, notamment, travaillent au salaire minimum.
Les femmes, ajoute-t-il, sont surreprésentées dans les rangs des professionnels tra‐ vaillant au salaire minimum.
C’est trop, disent d’autres
Andrew Stevens avance que certaines petites entre‐ prises sont en faveur de cette augmentation salariale, mais ce n’est pas le cas pour Sheikh Kamal Ahmed, propriétaire d’une épicerie à Saskatoon.
Il y a une augmentation de 20 % à 30 % des coûts liés à l’importation de produits ve‐ nant du Bangladesh, de l’Inde ou d’autres pays de l’Asie du Sud, explique le commerçant. Mais les clients ne sont pas prêts à payer autant pour ces produits
Avec les dépenses frap‐ pées par l’inflation, l’augmen‐ tation du salaire minimum va avoir un impact négatif sur nos affaires, a-t-il affirmé.
Analyste principale en ma‐ tière de politiques au sein de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), Brianna Solberg af‐ firme que la moitié des pe‐ tites entreprises de la pro‐ vince ont retrouvé des ventes de niveau prépandémique.
Selon les données du FCEI, la plupart des commerçants ont augmenté les prix de leurs produits et de leurs ser‐ vices afin d’affronter l’aug‐ mentation généralisée des coûts dans la dernière année.
Selon Mme Solberg, les propriétaires de petites entre‐ prises indiquent que c’est en grande partie à cause des coûts liés à la main-d'oeuvre.
Cette augmentation sala‐ riale survient alors que les propriétaires de petites entre‐ prises tentent encore de se rétablir des effets de la pandé‐ mie.
Brianna Solberg, analyste principale en matière de poli‐ tiques au sein de la Fédéra‐ tion canadienne de l’entre‐ prise indépendante
La FCEI demande au gou‐ vernement provincial d’effec‐ tuer un gel sur les taxes pour les petites entreprises, le temps que celles-ci se réta‐ blissent. Elle demande égale‐ ment d’abandonner la taxe de vente provinciale, en vigueur dès samedi.
Un salaire vital plutôt qu’un salaire minimum
Militant auprès du groupe
Regina Anti-Poverty Ministry, Peter Gilmer affirme que l’augmentation ne suffit pas, qu’elle soit de 13$/h ou 15$/h.
Citant un rapport du CCPA datant de 2021, M. Gilmer af‐ firme qu’il faudrait un salaire de 16,23$/h à Regina, et de 16,89$/h à Saskatoon, afin de maintenir un niveau de vie décent.
Passer d’un salaire mini‐ mum à un salaire vital per‐ mettra aux gens de combler leurs besoins de base, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, af‐ firme Peter Gilmer. Cette aug‐ mentation permettra de limi‐ ter la migration de Saskatche‐ wanais vers d’autres pro‐ vinces.
Un salaire vital est essen‐ tiel afin de redresser les ques‐ tions de pauvreté grandis‐ sante en Saskatchewan.
Peter Gilmer, militant au sein du groupe Regina AntiPoverty Ministry
À Saskatoon, Darell Mills est directement touché par cette nouvelle mesure, puis‐ qu’il travaille au salaire mini‐ mum.
Ça va prendre un certain temps avant de rattraper les coûts de la vie, explique-t-il, affirmant que ses dépenses en matière d’essence et d’ali‐ mentation ont augmenté.
Si vous avez des enfants, ou si vous voulez retourner aux études, c’est très difficile.
Avec les informations de Pratyush Dayal