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Les lauréats de la 22e soirée des Éloizes dévoilés

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La 22e Soirée des Éloizes a eu lieu samedi soir, dans le village de Petit-Rocher, au Nouveau-Brunswick. La grande fête de l’excellence artistique en Acadie a ré‐ compensé les artistes qui se sont démarqués dans leur discipline respective.

Organisé par l’AAAPNB, le gala a lieu tous les deux ans. La pandémie a cependant re‐ poussé sa tenue en mai 2022, puis il a été de nouveau re‐ poussé au 1er octobre.

Attendue longtemps par plusieurs, l’ambiance en était encore plus à la fête, samedi soir, pour les spectateur­s pré‐ sents à l’aréna de Petit-Ro‐ cher.

La soirée a commencé avec nul autre que la grande dame de la musique aca‐ dienne Édith Butler, qui est cette année récipienda­ire du prix hommage.

Entourée de ses musiciens et plus enthousias­te que ja‐ mais, elle a interprété au plus grand bonheur de toute la pièce Le tour du grand bois, tirée de son plus récent al‐ bum du même nom.

Le ton était donné pour le reste de la soirée. L'événe‐ ment était animée avec brio par Matthieu Girard, qui a fait vivre une gamme d’émotions à l’auditoire.

Pendant deux heures, danse, arts du cirque, théâtre, musique, arts visuels, arts mé‐ diatiques et littératur­e ont été célébrés.

Une statuette pour bri‐ ser le silence

La cinéaste Renée Blan‐ char s’est vu décerner samedi soir le prix de l’artiste de l’an‐ née en arts médiatique­s pour son documentai­re Le Silence, produit par l’ONF.

Animée par un désir brû‐ lant de lever le voile sur la vé‐ rité entourant les agressions sexuelles perpétrées par des prêtres en Acadie, Renée Blan‐ char a offert avec ce docu‐ mentaire une oeuvre trou‐ blante et nécessaire sur le si‐ lence qui a perduré, parfois de génération en génération.

Elle a été à la rencontre de survivants avec compassion, afin de briser le silence collec‐ tif entourant les communau‐ tés acadiennes touchées.

C’est sûr que ça me fait plaisir sur le plan personnel, at-elle dit samedi, après avoir reçu sa statuette. Mais ce qui me touche vraiment, c’est que je sens quand même que la communauté artistique quelque part a validé ce sujet, et c’est une sorte d’appui aus‐ si qu’on donne à tous les sur‐ vivants qui ont témoigné dans le film, et qui ne l’ont pas fait, mais qui sont là parmi nous.

Visibilité pour la danse contempora­ine

Avec son projet Les Oi‐ seaux, Monelle Doiron, de la Péninsule acadienne, a été nommée Artiste de l’année en danse.

Rendre la danse contem‐ poraine plus accessible que ja‐ mais, voilà ce qui a motivé ce projet qui a vu le jour lorsqu’il était difficile d’avoir accès à un studio de danse.

Avec son partenaire, elle imite les mouvements d’un oi‐ seau et se déplace dans des lieux extérieurs différents, en pleine nature dans la plus grande simplicité. Le tout est filmé.

Les heures de travail qu’elle a passées avec une ca‐ méra, pour présenter la danse, ont porté leurs fruits.

Le vidéo m’a permis de dire je peux le soumettre à des festivals, je peux le sou‐ mettre à des centres d’artistes et justement d’ouvrir cette voie-là, explique-t-elle.

L’artiste originaire de la Pé‐ ninsule acadienne se dit ex‐ trêmement heureuse de la vi‐ sibilité que lui permet ce prix : dans sa région, il n’y a pas de producteur de danse contem‐ poraine, c’est un un peu plus niche, dit-elle.

De savoir qu’elle a pu tou‐ cher les gens avec le mouve‐ ment la rend très émue.

Beaucoup d’amour pour Édith Butler

La carrière de l’auteurecom­positrice-interprète Édith Butler a été célébrée en grand, à Petit-Rocher, cette semaine. Après l’événement La grande visite avec Édith Butler, la célèbre chanteuse de Paquetvill­e a reçu le prix hommage, samedi soir.

C’est sa meilleure amie, Ro‐ semarie Landry, qui lui a re‐ mis, en plus de lui chanter un hommage. [je suis] très émue, a dit Édith Butler. Elle me connaît depuis que j’ai 16 ans.

Celui-ci [le prix] il est très émotif pour moi parce que c’est dans ma région, c’est chez nous, c’est par mon monde à moi qui me le donne. Je suis très émue.

Édith Butler, auteure-com‐ positrice-interprète

Le sénateur René Cormier lui a aussi rendu hommage et a mis en lumière l’impact mé‐ morable d’Édith Butler sur les futures génération­s d’artistes.

De Kouchiboug­uac jus‐ qu’au Îles-de-la-Madeleine

De son côté, le récipien‐ daire de l’artiste de l’année en littératur­e, Jean Babineau, a voulu avec son roman Infini revisiter la création du parc national Kouchiboug­uac et la longue bataille que les expro‐ priés ont ensuite livrée pour conserver leurs terres.

J’ai voulu écrire cela pour les expropriés et aussi pour Jackie Vautour, parce que j’étais très intrigué par lui et je voulais comprendre pourquoi il faisait tout ce qu’il faisait pour essayer de secourir les expropriés, explique-t-il.

Mélange de fiction et de réalité, le quatrième roman de l’auteur est partagé entre le documentai­re et le surréa‐ lisme avec une pointe fantas‐ tique.

Cette année, les candida‐ tures des Îles-de-la-Madeleine étaient admissible­s aux prix Éloizes.

En raflant le prix de l’Ar‐ tiste de l’année en musique, le madelinot Claude Cormier est devenu le premier artiste ma‐ delinot à remporter une sta‐ tuette avec son septième al‐ bum : Garde ton accent 2.

Pour nous autres, c’est his‐ torique et on a attendu ça longtemps. Je suis excité, il y a plein d’affaires qui se passent dans ma tête […] ce n’est que le début, a-t-il affirmé.

L’AAAPNB avait précisé dans un communiqué de presse que cette région était maintenant reconnue comme terre acadienne, comme elle aurait toujours dû l’être !

Soutenir les arts, cha‐ cun à sa manière

Le lauréat 2022 du prix Soutien à la production artis‐ tique, Paul Édouard Bourque, est un artiste visuel qui éla‐ bore une démarche axée sur la constructi­on et la décons‐ truction de l’image.

Il accompagne aussi plu‐ sieurs artistes en arts visuels dans leur production artis‐ tique ainsi que dans la pro‐ motion de leur carrière, ce qui lui a valu ce prix.

J’ai vu que c’était un travail que j’aimais beaucoup faire, qui me plaisait et qui me ré‐ confortait, surtout avec des jeunes, mais [aussi] avec des artistes aussi avancés dans leur carrière, dit-il. J’aime croire que j’obtiens autant de choses que la personne avec qui je travaille va finir par ob‐ tenir. Ça devient comme un échange, souvent.

Le campus de la Péninsule acadienne du CCNB, Le Dor‐ toir, s’est vu remettre cette année le prix Soutien aux arts.

Lors des rénovation­s d’une aile de l’École des pêches de Caraquet, le cam‐ pus de la Péninsule acadienne du Collège communauta­ire du Nouveau-Brunswick a dé‐ cidé d’aménager un loft pour artistes en résidence, baptisé Le Dortoir, sur la suggestion du collectif Les Hangars.

Ces artistes sont soutenus par différents organismes culturels ou établissem­ents d’enseigneme­nt.

De pouvoir voir l’évolution [du projet]] et de voir aussi concrèteme­nt ce que ça ap‐ porte aux jeunes, c’est inté‐ ressant, lance le récipienda­ire du prix, Gérald Losier, doyen au CCNB de l’École Pêches et Ressources Naturelles et de l’École Arts et Hospitalit­é, et directeur du campus de la Pé‐ ninsule acadienne.

Six artistes ont participé au dortoir, et Gérald Losier croit que ce n’est que le dé‐ but. On a vraiment pas en‐ core pris notre envol avec le dortoir ,dit-il, souhaitant maintenant attirer des gens de l’extérieur de la province.

Une semaine remplie de succès

Les activités entourant les Éloizes ont eu lieu pendant près d’une semaine, pour une dernière fois, dans le Village de Petit-Rocher.

L’AAAPNB souligne que le Village situé le long de la baie des Chaleurs s’est vraiment rallié pour que l’événement de cette année soit une réussite. Depuis plusieurs mois, on a mis la main à la pâte pour ai‐ der à mettre de l’avant la vita‐ lité artistique de la région.

Pendant quatre jours, les gens et les visiteurs ont assis‐ té à des concerts, des projec‐ tions de film, des exposition­s et des performanc­es artis‐ tiques.

Le succès d’un événement comme les Éloizes repose sur le travail de collaborat­ion entre les équipes et la munici‐ palité hôtesse. C’est grâce à l’implicatio­n de toute une communauté que l’édition 2022 a été un succès. Ils ont été présents depuis le début, explique la directrice de pro‐ duction des Éloizes, Catherine Blondin.

Les prochaines Éloizes au‐ ront lieu à Shediac en 2024.

Lauréats 2022 Soutien à la production artistique

Paul Édouard Bourque

Artiste de l’année en arts visuels

Vicky Lentz | Exposition Écoute profonde

Soutien aux arts

CCNB Campus de la Pénin‐ sule acadienne | Le Dortoir

Artiste de l’année en danse/arts du cirque

Monelle Doiron | Explora‐ tion chorégraph­ique - Les Oi‐ seaux

Artiste de l’année en théâtre

Caroline Bélisle | Autrice Pépins - un parcours de pe‐ tites détresses

Le Prix Hommage

Édith Butler

Événement/Spectacle de l’année

Les histoires nécessaire­s | Instrument­al Stories - Com‐ missaire Véronique Leblanc, Galerie d’art Louise-et-Reu‐ ben-Cohen et le Musée aca‐ dien de l’Université de Monc‐ ton

Artiste de l’année en arts médiatique­s

Renée Blanchar pour son documentai­re Le Silence

Découverte de l’année

Florence Brunet, actricecré­atrice pour Tsunami

Artiste de l'année en lit‐ térature

Jean Babineau pour son roman Infini

Artiste de l’année en musique

Claude Cormier pour son album Garde ton accent 2

Artiste s’étant le plus illustré à l’extérieur de l’Acadie

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Laurie LeBlanc pour son al‐ bum When It's Right It's Right

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