La réserve de parc national Nahanni, aux T.N.-O., cogéré par les Dénés Nahʔą Dehé
La bande des Dénés Nahʔą Dehé et les Premières Na‐ tions du Dehcho, aux Terri‐ toires du Nord-Ouest, ont signé le 30 septembre une entente de gouvernance partagée de la réserve de parc national Nahanni avec Parcs Canada. Un mo‐ ment historique pour la communauté de Nahanni Butte qui attendait ce jour depuis très longtemps.
D’aussi loin qu’elle se sou‐ vienne, Jayne Konisenta, membre de l’équipe de négo‐ ciation pour la bande des Dé‐ nés Nahʔą Dehé, se souvient des aînés de sa communauté parler de l’importance de Na‐ hanni, territoire traditionnel de la première nation, et logé au coeur des monts du Mac‐ kenzie.
Son peuple occupe et pro‐ tège ce territoire depuis des générations. L’entente Ndahe‐ cho Gondié Ghaadé, signée lors de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, signifie respecter la parole de nos aînés en langue déné zha‐ tie.
J’ai promis à nos aînés, qui ne sont plus là aujourd’hui, que nous allions travailler jus‐ qu’à ce que leur parole soit respectée.
Jayne Konisenta, membre de l'équipe de négociation
Outre la mise en place de la structure de gestion coopé‐ rative, l’entente prévoit le fi‐ nancement du programme des gardiens et la construc‐ tion de trois bâtiments dans la communauté : un bâtiment pour les gardiens, qui seront des observateurs dans le parc, un bureau de Parcs Ca‐ nada et un pavillon touris‐ tique. En tout, dix emplois se‐ ront créés dans la commu‐ nauté d’un peu plus de 100 personnes.
Pour le député fédéral Mi‐ chael McLeod, ce genre de modèle, qui a aussi été utilisé pour la gestion de la réserve de parc national Thaidene Në‐ né avec la Première Nation dénée de Łutsël K’é, fonc‐ tionne très bien aux T.N.-O.
Ce modèle permet la pro‐ tection de l’environnement et crée des opportunités écono‐ miques. Les jeunes dans les communautés y voient des possibilités pour le futur de leur communauté, tandis que les aînés y voient une occa‐ sion de cogestion , explique le député McLeod.
Un modèle tourné vers la réconciliation
Le modèle de gouver‐ nance partagée permettra aux signataires d’avoir une voix égale dans la gestion de la réserve de parc. Le grand chef des Premières Nations du Dehcho, Herb Norwegian, y voit un signe de collabora‐ tion et de réconciliation de la part du gouvernement fédé‐ ral.
Ce qu’on essaie de faire, c’est d’être sur un pied d’égali‐ té. L’un des nombreux pro‐ blèmes que nous avons eus avec Parcs Canada, à travers le pays [...] c’est la création de parcs sans consulter les Pre‐ mières Nations.
Herb Norwegian, grand chef, Premières Nations du Dehcho
La directrice des établisse‐ ments des parcs nationaux à Parcs Canada, Adriana Ba‐ cheschi, explique qu’une lente évolution est en branle à Parcs Canada pour changer d’approche avec les Autoch‐ tones du pays.
Nous avons créé un mo‐ dèle unique qui nous permet de vraiment travailler en‐ semble avec les gens du terri‐ toire, qui habitent le territoire depuis des générations.
Des retombées espérées par la communauté de Na‐ hanni Butte
La petite communauté du Dehcho espère tirer bénéfice du tourisme avec la construc‐ tion d’un pavillon touristique et d’un bureau de Parcs Cana‐ da.
La réserve de parc national Nahanni et sa rivière Nahanni sont prisées des canoéistes et kayakistes, mais rares sont ceux qui s’arrêtent à Nahanni Butte, dit le grand chef Herb Norwegian. On espère que cette fois-ci, les touristes vont s’arrêter ici.
Pour Roxanne Konisenta, mère de deux jeunes enfants, cette signature marque un moment historique pour les générations futures.
Depuis que je suis toute petite, je me suis souvent de‐ mandé si un événement comme celui-ci arriverait dans ma petite communauté, et ce jour-là est enfin arrivé.
La réserve de parc national Nahanni, créée en 1976 et d’une superficie de 30 050 km2, est le troisième plus grand parc national du pays. Le parc a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1978.