L’angoisse des patients devant le déclin des soins de santé dans le Restigouche
« Je vais-tu me rendre, je ne vais-tu pas me rendre? Est-ce que je vais accoucher sur le bord du chemin? » Le dernier ac‐ couchement de Geniva An‐ derson a été stressant. En‐ ceinte à nouveau, elle de‐ vra bientôt répéter l'expé‐ rience et s'inquiète de de‐ voir faire beaucoup de route pour obtenir des ser‐ vices.
Geniva Anderson habite pourtant à moins d'un kilo‐ mètre d'un hôpital : l'Hôpital régional de Campbellton.
Depuis avril 2020, les ac‐ couchements ne sont plus of‐ ferts dans cet établissement. La suspension « temporaire » des services d’obstétrique et de pédiatrie qu’avait annon‐ cée le Réseau de santé Vitalité s’éternise.
La femme qui prépare la naissance de son cinquième enfant – attendu en dé‐ cembre – sait qu'elle devra à nouveau accoucher à Ba‐ thurst, à plus d'une heure de route.
Cette perspective l'effraie. Lors de la naissance du pe‐ tit Kameron il y a un an et de‐ mi, elle a failli ne pas se rendre à temps à l’hôpital de Ba‐ thurst.
Elle a dû conduire pendant 90 minutes en raison des mauvaises conditions rou‐ tières causées par une pluie verglaçante.
C'est de l'incertitude, du stress, de l'anxiété. C’est vrai‐ ment pas nécessaire. Surtout qu’il y a un hôpital juste à côté qu'on ne peut pas utiliser.
Geniva Anderson de Campbellton
Si elle a pu obtenir un suivi prénatal à Campbellton de‐ puis le début de sa grossesse, elle devra maintenant le pour‐ suivre en se rendant une fois par semaine à Bathurst.
Une situation complexe pour une maman avec quatre autres jeunes enfants.
Par ailleurs, aucun membre de cette jeune fa‐ mille ne dispose des services d’un médecin de famille de‐ puis au moins trois ans.
Vers la fermeture de l'hôpital?
Au fil des années, l'Hôpital de Campbellton a perdu plu‐ sieurs services de santé dis‐ pensés par des spécialistes. On peut penser, entre autres, aux soins d’ophtalmologie.
Beaucoup de gens au Res‐ tigouche craignent même de perdre le seul hôpital de la ré‐ gion.
C’est le cas de membres du Club des aînés de NotreDame-des-Neiges de Camp‐ bellton.
Depuis le printemps, ce club fait d’ailleurs circuler une pétition exigeant le maintien des services de santé offerts aux citoyens de la région.
Laurianne Leclerc et Ro‐ bert Aubut font partie des lea‐ ders de ce mouvement qui a amassé plus de 6000 signa‐ taires jusqu’à présent.
Il faut que ce soit notre ré‐ gion qui prenne les décisions pour nous.
Laurianne Leclerc, membre du comité de la pé‐ tition
Ils estiment qu’avec une population d’environ 30 000 habitants, sans compter les utilisateurs de la Gaspésie li‐ mitrophe, le Restigouche mé‐ rite un hôpital régional offrant tous les services de santé de base, notamment, les accou‐ chements.
On voit ce qui se passe avec les réductions et le manque de services. Ça nous préoccupe grandement. Estce qu’ils veulent fermer l’hôpi‐ tal ?
Robert Aubut, membre du comité de la pétition
Cette crainte de fermeture, elle résonne de plus en plus parmi la population.
Une solution qui ne tient pas debout, croit Laurianne Leclerc. Selon elle, elle aurait pour effet d’engorger les hôpi‐ taux des centres urbains plus importants.
Même s'il est conscient que le problème est notam‐ ment causé par une pénurie d'employés, Robert Aubut croit que la situation est em‐ pirée par la gestion du per‐ sonnel en place. Les employés sont de plus en plus à bout de souffle, traités comme des es‐ claves, estime-t-il.
Accéder à des services de santé rapidement et près de chez eux est un souci de plus en plus présent pour les ci‐
toyens du Restigouche.