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Les femmes du 20e siècle : comment être mère?

- Helen Faradji

La jolie réponse est à dé‐ couvrir sur ICI Télé samedi le 8 octobre, à 2 h 34.

Mike Mills, ancien réalisa‐ teur de clips (notamment pour Air ou Moby) n’est peutêtre pas le cinéaste le plus re‐ connu. Pourtant, ses films doux et délicats (de son pre‐ mier Thumbuscke­r à son plus récent C’mon C’mon) restent longtemps dans la mémoire. La preuve avec son très beau Les femmes du 20e siècle.

Le défi de la maternité

Être mère : de tout temps, pour toutes les femmes, le dé‐ fi est de taille. Car être mère, ce n’est pas qu’aimer, proté‐ ger ou faire risette. C’est aussi s’abonner aux doutes et aux incertitud­es. Surtout lors‐ qu’on est seule.

C’est ce que découvre Do‐ rothea Fields, la cinquantai­ne dans la Californie de 1979, mère exemplaire et libre mais que les problèmes de com‐ munication de plus en plus nombreux avec son fils ado‐ lescent font vaciller. Com‐ ment renouer le lien? Com‐ ment refaire du foyer un lieu de complicité? Comment ne pas laisser les non-dits et les reproches gangréner encore davantage la relation? Mais surtout, comment faire pour que son fils ne rentre pas dans le moule et ne devienne pas un homme comme les autres?

Le pouvoir de la sororité

Dépassée (car même les femmes fortes et indépen‐ dantes peuvent l’être), Doro‐ thea fait alors appel à deux jeunes femmes – sa locataire Abby, une jeune photograph­e gentiment punk (Greta Ger‐ wig), et la meilleure amie du garçon, 17 ans, au physique aussi doux que sa rébellion contre le monde est violente (Elle Fanning) –, en espérant qu’il y aura dans cette com‐ munauté de femmes un peu à côté de la plaque, de quoi construire un homme bien. Mais surtout, Dorothea com‐ prend que dans cette Amé‐ rique en train de changer et de réévaluer ses valeurs col‐ lectives à l’aune de moins d’in‐ souciance et de plus d’indivi‐ dualisme, elle doit elle aussi accepter d’évoluer.

Jazz doux, jeune acteur au charme indolent (Lucas Zu‐ mann, aux faux airs de petit frère de Timothée Chalamet), actrice que l’on fait dévier de sa persona habituelle (An‐ nette Bening, formidable de vitalité), esprit des années 70, relations humaines com‐ plexes et contradict­oires ob‐ servées avec ce léger décalage qui fait le regard singulier : oui, le manuel du parfait petit film américain indépendan­t a été lu et digéré dans Les femmes du 20e siècle.

Mais impossible à nier, le long-métrage de Mike Mills (qui a conçu ce film comme une déclaratio­n d’amour à sa propre mère) dégage un charme et une atmosphère sensible qui rendent ce récit d’initiation d’une sincérité as‐ sez irrésistib­le.

L’émancipati­on pour tous et toutes

Car au fond, tant du côté de ce jeune homme qui cherche à exister que de celui de ces trois femmes aux prises avec mille et une inter‐ rogations, ce dont parle Les femmes du 20e siècle est d’abord d’émancipati­on, de ce mouvement qui nous pousse tous à nous libérer des ap‐ prentissag­es, des conven‐ tions, des normes pour enfin réussir à être nous-mêmes.

Dans de petites scènes douces et tendres, sans cris, sans larmes, intimes et ano‐ dines, portées par des actrices d’une justesse folle, le film, doux et attachant, parvient alors, sans non plus se trans‐ former en guide didactique pour ados troublés, à simple‐ ment inspirer en observant ce que le temps qui passe fait aux humains. Ce qui n’est pas une mince qualité.

Découvrez Les femmes du 20e siècle sur ICI Télé sa‐ medi le 8 octobre, à 2 h 34.

La bande-annonce (source : YouTube)

même père.

À partir du moment où tu as des enfants, la culpabilit­é entre en toi, et elle est constammen­t nourrie. La pièce te rappelle juste à quel point tout peut arriver. Vincent-Guillaume Otis C’est aussi une pièce sur l’incapacité d’agir sur des choses qui nous dépassent, ajoute-t-il. Il s’agit d’un thème abordé avec nuance et com‐ passion, selon lui. Le père n’est pas parfait, le fils non plus; il est possible de se re‐ trouver dans chacun des per‐ sonnages.

Retrouver la relève

À 44 ans, VincentGui­llaume Otis se retrouve pour la première fois à jouer le rôle du père d’un adoles‐ cent au tournant de l’âge adulte.

Coup de vieux en vue? Pas trop, selon le principal intéres‐ sé. J’ai donné dans les jeunes premiers. C’est une autre corde que j’ajoute à mon arc, dit-il.

Le comédien apprécie aus‐ si côtoyer les comédiens et les comédienne­s de la relève, comme Émile Ouellette, qui incarne le rôle de Nicolas.

J’aime être en contact avec ces jeunes acteurs-là. C’est très ressourçan­t, vivifiant de travailler avec cette relève, cette jeunesse-là, dit-il. Mais moi, dans ma tête, j’ai encore l’impression d’avoir 25 ans, ajoute-t-il en riant.

Vincent-Guillaume Otis n’a pas non plus l’intention de se reposer sur ses lauriers. Plus il progresse dans sa carrière, plus il aime être dirigé par un metteur en scène ou une metteuse en scène.

L’expérience n’est pas ga‐ rante de succès. Au contraire, le danger est de tomber dans des zones de confort, conclutil.

Le fils est présenté au Théâtre du Rideau Vert, à

Montréal, jusqu’au 29 oc‐ tobre. La pièce a été écrite par Florian Zeller et mise en scène par René Richard Cyr, avec l’aide de Pascale d’Haese.

Ce texte a été écrit à partir d'une entrevue réalisée par René Homier-Roy, animateur de l'émission Culture club. Les propos ont pu être édités à des fins de clarté et de concision.

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