Les taux d’intérêt freinent un projet de résidences à l’Université Laval
L'Université Laval est en‐ core une fois forcée d'an‐ nuler un appel d'offres pour la construction d'un nouveau pavillon de quelque 200 résidences universitaires, le premier en 50 ans.
C'est donc dire que le bud‐ get de 40 millions de dollars, autorisé par le conseil d'admi‐ nistration, s'avère insuffisant pour une seconde fois face à l'épreuve du marché. L'institu‐ tion parle d'une tempête par‐ faite pour expliquer sa déci‐ sion de ne retenir aucun sou‐ missionnaire.
Le projet de logements de l’Université doit composer avec un contexte défavorable [...] alors que se combinent une augmentation significa‐ tive des coûts de construction et une soudaine et impor‐ tante hausse des taux d’inté‐ rêt, écrit le porte-parole Si‐ mon La Terreur-Picard à Ra‐ dio-Canada.
Depuis le début de l'année, la Banque du Canada a aug‐ menté son taux directeur de façon substantielle pour le fixer à 3.25 %, le tout dans le but de contrer l'inflation au pays. La hausse annoncée en septembre était la cinquième en quelques mois seulement.
Diverses avenues ont été explorées afin de contreba‐ lancer ces effets négatifs, mal‐ heureusement sans qu’une solution ait été possible à court terme afin de maintenir le prix des loyers à un niveau raisonnable, ajoute M. La Ter‐ reur-Picard.
Toujours une priorité
Annoncé en 2020, le pa‐ villon de résidences devait ou‐ vrir ses portes en 2023. Cet échéancier est désormais in‐ certain. Aucune date n'a été précisée pour le lancement d'un nouvel appel d'offres. L'Université Laval n'a pas non plus indiqué si elle allait boni‐ fier le budget alloué au pa‐ villon.
Sa construction demeure cependant une priorité, as‐ sure-t-on. Le projet constitue une orientation importante et revêt un caractère stratégique pour l’institution [...] Le projet demeure actif et l’Université continue à oeuvrer à sa réali‐ sation, poursuit le porte-pa‐ role.
Le bien-fondé du projet, déjà bien établi, est renforcé par la présente situation de rareté et d’augmentation mar‐ quée des coûts des loge‐ ments et ses effets délétères sur la viabilité financière des projets d’étude de certains étudiants.
Simon La Terreur-Picard, porte-parole à Université La‐ val
Le projet devait faire pas‐ ser le parc de résidences du campus à 2500 logements. L'Université Laval n'a construit aucun logement de‐ puis 1970.
Une cinquantaine d'appar‐ tements aménagés dans le nouveau pavillon seraient consacrés aux familles, avec plus d'une chambre dispo‐ nible.
Elle souhaitait aussi faire table rase sur les espaces communs qui se trouvent dans la plupart de ses im‐ meubles actuels. L'objectif était de fournir une cuisine et une salle de bain privées pour chaque logement.
Rareté dans la région
Les étudiants postsecon‐ daires ont particulièrement de la difficulté à se loger dans la grande région de Québec.
La situation à Québec est une des plus inquiétantes pour nous parce que c’est la ville où la situation se dégrade le plus rapidement et où les loyers étudiants ont le plus augmenté en quatre ans, confiait récemment Laurent Lévesque, directeur général d’UTILE, une entreprise d'éco‐ nomie sociale spécialisée dans le logement étudiant.
Une enquête de l'organisa‐ tion a permis d'établir que 84 % des étudiants de la grande région de Québec sont locataires. Parmi eux, 60 % consacrent plus du tiers de leur budget mensuel au lo‐ gement.