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À Red Deer, le cri de détresse des médecins face à des services d’urgences aux abois

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À l’Hôpital régional de Red Deer, dans le centre de l'Al‐ berta, les temps d’attente affichés aux urgences ont atteint des pics « sans pré‐ cédents » ces derniers jours.

Entre le 27 septembre et le 3 octobre, ils ont dépassé 10 heures à quatre reprises, selon Services de santé Alber‐ ta (AHS).

Aux premières heures de dimanche, le temps d'attente affiché a même atteint près de 18 heures.

Timothy Gash, un médecin urgentiste en poste ce jour-là, dit ne pas avoir connaissan­ce qu’un patient ait attendu aus‐ si longtemps. Il affirme cepen‐ dant que l'hôpital fonctionne pouvant atteindre 120 % de sa capacité et que le person‐ nel est très angoissé.

Plus les patients sont dans la salle d'attente [...], plus ils souffrent.

Timothy Gash, médecin ur‐ gentiste à l'hôpital de Red Deer

Il parle d’une situation af‐ freuse devant des temps d'at‐ tente qui continuent d'aug‐ menter en atteignant ce que les médecins qualifient de sommets sans précédent .

Notre système se débat énormément avec la surpo‐ pulation des services d'ur‐ gence, déclare le Dr Gash.

De plus, l'aggravatio­n des pénuries de personnel en‐ traîne la fermeture de lits aux urgences, allongeant ainsi la liste des patients qui at‐ tendent, souvent pendant

des jours.

Infirmière­s en larmes

Infirmière à l’Hôpital de Red Deer, Sue Beatson dit que ses collègues sont tellement préoccupée­s par la sécurité des patients qu'ils pleurent parfois dans la salle de pause.

[C'est] l'une des pires pé‐ riodes que j'aie jamais connues en 30 ans d’exercice, souligne Mm Beatson, qui est par ailleurs la présidente de la section locale du Syndicat des infirmière­s unies de l'Alberta (UNA).

Avec autant de patients et si peu de médecins, d'infir‐ mières et de lits, la salle d'at‐ tente devient souvent une zone de traitement de facto, où des médecins viennent voir des patients pour leur prescrire des ordonnance­s pendant qu'ils attendent, ajoute-t-elle.

Pour Bryce Henderson, un chirurgien orthopédiq­ue qui a également travaillé le weekend : C'est une crise, voilà ce que c'est.

Selon lui, l'hôpital était tel‐ lement débordé que deux en‐ fants gravement blessés ont dû être héliportés vers d'autres hôpitaux : Dans un monde parfait, nous les au‐ rions admis directemen­t au bloc opératoire.

AHS reconnaît les diffi‐ cultés de l'hôpital

Services de santé de l'Al‐ berta admet que l'Hôpital ré‐ gional de Red Deer faisait face à un volume croissant et à des patients plus malades.

La capacité est devenue de plus en plus difficile ces der‐ niers jours, malgré les efforts pour libérer des lits. Cela en‐ traîne parfois de longues at‐ tentes aux urgences, en parti‐ culier pour les patients moins urgents, explique sa porte-pa‐ role, Kerry Williamson, dans un communiqué.

Elle soutient qu'aucun pa‐ tient n'aurait attendu 18 heures au cours du weekend dernier.

Le maire de Red Deer, Ken Johnston, s'inquiète depuis des années de l'état de l'éta‐ blissement hospitalie­r. Il ap‐ pelle également à une action urgente.

Le statu quo que nous avons maintenant ne fonc‐ tionne pas.

Ken Johnston, maire de Red Deer

« Qu'est-ce qui inciterait une personne de l'Ontario, de la Colombie-Britanniqu­e ou du Manitoba à déménager à Red Deer sachant que les soins médicaux y sont de

qualité inférieure?, s'inter‐ roge-t-il.

L'hôpital de Red Deer de‐ vrait faire l'objet d'une exten‐ sion d’un coût de 1,8 milliard de dollars. Mais les travaux, qui n'ont pas encore com‐ mencé, ne devraient pas être achevés avant 2030-2031.

Avec les informatio­ns de Jennifer Lee

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