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Mon ami Dino et quelques autres pépites du faux documentai­re

- Helen Faradji (2006)

Le film que consacre Jimmy Larouche à Dino Tavarone (diffusé sur ICI Télé le 7 oc‐ tobre, à 23 h 05) s'inscrit dans un genre prisé au Québec : le faux documen‐ taire.

Le filmage, les décors et la lumière naturelle, les person‐ nages : tout a l’air parfaite‐ ment vrai, comme dans un documentai­re. Ce n’est toute‐ fois que pour mieux nous mystifier, car dans le faux do‐ cumentaire, si tout a l’air vrai, en général, rien ne l’est! On fait le tour de cinq de ces films joueurs, dont le cinéma qué‐ bécois raffole.

Mon ami Dino, de Jimmy Larouche (2016)

Tout le monde connaît Di‐ no Tavarone, inoubliabl­e ma‐ fieux dans Omerta. À 72 ans, aujourd’hui, il est malade et devant la caméra de Jimmy Larouche; il se confie, reve‐ nant sur son passage en pri‐ son ou la reconnaiss­ance tar‐ dive de sa fille. Pour mieux nous égarer, Larouche mé‐ lange alors documentai­re tra‐ ditionnel (entrevues en mode têtes parlantes, extraits d’ar‐ chives…) et cinéma direct, mais surtout, il construit un film émouvant autour de la personnali­té plus grande que nature de Tavarone.

Ultra-charismati­que, noble et bourru, il est celui qui nous ferait avaler n’importe quelle contrefaço­n.

Petit Pow! Pow! Noël, de Robert Morin (2005)

C’est Noël. Un homme, ar‐ mé d’une caméra et d’une se‐ ringue, entre dans un centre hospitalie­r de soins de longue durée. Il cherche son père, muet et grabataire, pour le faire souffrir et peut-être même l’achever.

Les dialogues sont cin‐ glants. L’ambiance et cer‐ taines scènes, incroyable­ment dérangeant­es. Surtout, ce qui vient nous chatouille­r le plus, c’est que le fils, odieux, est joué par Robert Morin, et le père, sans défense… par son propre père. De quoi repous‐ ser les limites de la fiction et du réel encore plus loin.

Voyez la capsule Pour faire court consacrée au cinéma de Robert Morin

Rechercher Victor Pelle‐ rin, de Sophie Deraspe

Mais où est passé Victor Pellerin? Depuis 15 ans, le monde artistique est sans nouvelle de ce peintre génial, qui a disparu en brûlant toutes ses toiles. Pour son premier film, Sophie Deraspe menait l’enquête, auprès de ses proches et de personnali‐ tés du monde de l’art.

Mais qui dit vrai? Quelle version de la vérité est la plus crédible? Et Victor Pellerin, a-til vraiment existé?

Les ficelles sont tirées de main de maître par la jeune ci‐ néaste, qui nous rappelle qu’en art, la vérité est tou‐ jours dans l’oeil de celui qui re‐ garde!

Voyez la capsule Pour faire court consacrée au cinéma de Sophie Deraspe

Jimmywork, de Simon Sauvé (2004)

Singulier et passé un peu trop inaperçu, Jimmy‐ work mérite pourtant qu’on y porte attention. Premier et seul film réalisé par Simon Sauvé à ce jour, il suit les dé‐ lires de Jimmy, un cinquante‐ naire paumé, ivrogne et cras‐ seux, qui ment à tour de bras pour se réinventer une vie. Cependant, le jeu qu’il entre‐ prend (se faire passer pour un grand producteur américain) se révèle rapidement bien plus dangereux qu’il l’imagine.

Quant à nous, nous sommes pris dans les filets d’un film qui mêle portrait cru de la misère humaine, roadmovie étrange et film noir passionnan­t!

Daytona, du collectif Amerika Orkestra (2005)

On ne sait toujours pas qui composait ce mystérieux col‐ lectif de créateurs (sauf pour Martin Fournier qui, depuis, a coréalisé les magnifique­s do‐ cumentaire­s Manoir et De‐ hors, Serge Dehors) qui, en 2004, jetait ce pavé dans la mare d’un cinéma trop lisse et trop gentil.

Faux documentai­re, mais vraie plongée dans le monde trash et triste des semaines de relâche, Daytona suit de jeunes Québécois en va‐ drouille en Floride, dévorés par leurs rêves américains qui les pousseront au bord du précipice.

Une pépite qui joue à mer‐ veille des limites du vrai et du faux.

Mon ami Dino, sur ICI Té‐ lé, le vendredi 7 octobre, à 23 h 05

La bande-annonce (source : YouTube)

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