Terrains de Rabaska : l’UPA demande un retour au zonage agricole
La Fédération de l'Union des producteurs agricoles (UPA) de la Chaudière-Ap‐ palaches demande au gou‐ vernement du Québec de retourner les terrains du défunt projet de port mé‐ thanier Rabaska dans la zone agricole provinciale. Une revendication qui sur‐ vient alors que le Port de Québec lorgne les 273 hec‐ tares concernés.
Dézonés en vertu de dé‐ crets provinciaux adoptés en 2007 et 2008 à l'Assemblée nationale, les terrains prévus pour la construction du port méthanier sont toujours ex‐ clus de la zone agricole qué‐ bécoise, et ce malgré la mort du projet il y a près de 10 ans.
La Société en commandite Rabaska, propriétaire des lots et de la quinzaine de rési‐ dences qui s'y trouvent, avait en effet obtenu le droit de les utiliser à d'autres fins que l'agriculture.
La vision allait de pair avec celle de la Ville de Lévis, qui espère le développement d'une zone industrialo-por‐ tuaire dans ce secteur depuis des décennies
Perte irrécupérable
La décision politique, prise sous les libéraux de Jean Cha‐ rest, allait à l'encontre d'un avis défavorable rendu par la Commission de protection du territoire agricole du Québec. C’est la vocation de tout un secteur de la zone agricole qui pourrait être compromise à long terme, pouvait-on lire dans la décision datée de 2007.
La commission évaluait à l'époque que plus de 500 hec‐ tares de terres agricoles et boisées pourraient être per‐ dus de façon permanente si Rabaska et le parc industriel voyaient le jour.
Le projet de port métha‐ nier est chose du passé, mais la Ville de Lévis souhaite tou‐ jours l'aménagement d'un parc industriel. La stratégie maritime du Québec, Avan‐ tage Saint-Laurent, y voit éga‐ lement un potentiel écono‐ mique.
L'Administration portuaire de Québec (APQ) détient quant à elle une option d'achat pour les terrains de Rabaska et y voit une rare op‐ portunité d'expansion territo‐ riale. Le secteur est aussi per‐ çu comme le dernier grand potentiel pour la construction d'un quai en eau profonde dans la région.
Terres fertiles
Avant qu'elles ne soient perdues, des voix s'élèvent pour protéger ces terres agri‐ coles.
James Allen, président de la fédération locale de l'UPA, demande au gouvernement du Québec de s'engager à les ramener dans la zone verte, et donc d'invalider les décrets gouvernementaux pour en préserver la vocation agricole. Ce sont de bonnes terres, as‐ sez fertiles, dit-il en entrevue à Radio-Canada.
James Allen déplore une enclave et un morcellement du territoire agricole à Lévis, le pourtour de la zone visée par les décrets étant majori‐ tairement destiné à l'agricul‐ ture.
Depuis l'achat des terrains par Rabaska, certains produc‐ teurs agricoles louent des lots et continuent à les exploiter. Ils sont tout de même en zone blanche et peuvent ainsi être développés à tout mo‐ ment.
La fédération locale s'in‐ quiète d'un éventuel transfert de propriété vers le Port. Si les terres tombent sous la gou‐ verne de l'APQ, elles feraient désormais partie du domaine fédéral. Elles ne seraient donc plus soumises aux zonages municipaux et ne pourraient plus faire l'objet d'une déci‐ sion du Québec.
L'UPA en a fait la requête aux candidats de la circons‐ cription de Lévis lors de la campagne électorale, y com‐ pris à Bernard Drainville, élu sous la bannière de la Coali‐ tion avenir Québec (CAQ) lun‐ di soir.
Joint cette semaine, M. Drainville a préféré ne pas commenter. M. Drainville vient tout juste d'être élu. [...]
Il aura dans les prochaines se‐ maines plusieurs rencontres à mener, notamment sur ce dossier, a indiqué son atta‐ chée de presse.
Un pensez-y-bien
Le Groupe d'initiatives et de recherche appliquées au milieu (GIRAM) s'oppose lui aussi au développement des terres et, surtout, à leur achat par le Port de Québec.
Le retour à l’agriculture d’une partie substantielle de ces 273 hectares [de] Rabaska, représente, et de très loin, le seul projet porteur d’avenir, a réagi Pierre-Paul Sénéchal, président du GIRAM par voie de communiqué.
Outre la destruction po‐ tentielle de milieu naturelle et la perte de territoire agricole, M. Sénéchal souligne l'éven‐ tuelle perte de contrôle de la Ville et du Québec. Un pensezy-bien.
Le GIRAM s'interroge aussi sur la réelle capacité de construire un port en eau profonde sur la Rive-Sud, près de Beaumont. Si l’environne‐ ment géographique et topo‐ graphique se prêtait réelle‐ ment à la construction d’un port industriel dans cette zone de Lévis, il y aurait belle lurette qu’il y aurait pris place, croit M. Sénéchal.
Une falaise de 60 mètres se trouve notamment entre les terres et le fleuve. Le Port de Québec a fait savoir le mois dernier qu'il menait toujours des études, en partie concer‐ nant le relief. La présence de milieux humides est aussi do‐ cumentée.