Des commerçants dénoncent les montants exigés par les compagnies de cartes de crédit
À compter du 6 octobre, des Canadiens paieront plus cher pour utiliser leur carte de crédit. Partout sauf au Québec, il sera per‐ mis d'imposer des frais aux consommateurs qui choi‐ sissent de payer par crédit plutôt que par débit ou comptant. Alors que cer‐ tains commerçants es‐ triens voudraient que la même permission soit don‐ née aux commerçants qué‐ bécois, d'autres de‐ mandent plutôt à Ottawa d'imposer des limites aux compagnies de cartes de crédit.
Moi, l’année passée, ça m’a coûté 150 000 $, mon maga‐ sin, de frais de cartes de cré‐ dit. C’est plus que mon profit net à la fin de l’année. [...] On se fait carrément voler, les dé‐ taillants, par ces grandes mul‐ tinationales-là qui ont un mo‐ nopole complet sur le marché des transactions de cartes de crédit.
Dominic Arsenault, pro‐ priétaire du IGA de Coaticook
Le propriétaire du IGA de
Coaticook milite depuis des années pour qu'Ottawa légi‐ fère en matière de frais de cartes de crédit. En ce mo‐ ment, les commerçants paient un pourcentage sur le total de la facture de leurs clients. Ce dernier représente, dans la plupart des cas, de 1,5 % à 2,5 % de la facture, se‐ lon la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante. Ce taux est cependant parfois plus élevé, selon Dominic Ar‐ senault.
Dans la majorité des pays qui ont légiféré, c'est entre 0,4 et 0,6 %. Ce n’est pas normal qu'une compagnie de carte de crédit fasse plus de profits sur une vente que moi j'en fais comme détaillant, mar‐ tèle-t-il.
On le voit, ils vendent des cartes avec plein de pro‐ grammes bonifiés, mais qui
paie ça en bout de ligne? C'est les détaillants, souligne-t-il. Il fait aussi remarquer que les cartes à taper, très à la mode, coûtent encore plus cher à utiliser que les cartes à puce.
Les entreprises doivent avoir l'option
Au Québec, la Loi sur la protection du consommateur interdit d'exiger un prix supé‐ rieur à celui qui est annoncé. Les commerçants ne peuvent donc pas faire payer les frais de cartes de crédit aux clients.
Il s’agit d’un non-sens, se‐ lon le porte-parole de la Fédé‐ ration canadienne de l'entre‐ prise indépendante, Jasmin Guénette.
Je pense que les entre‐ prises doivent avoir l'option, croit-il. On le sait, il y a une augmentation généralisée des coûts d’opération pour les en‐ treprises. Les coûts de l’éner‐ gie, des assurances, des in‐ trants, des produits et des matériaux dont on a besoin. Toutes les lignes budgétaires, ou presque, d’une entreprise ont augmenté, sans compter la pression à la hausse sur les salaires.
Même si c'était permis, le fondateur de l'Écolo boutique à Sherbrooke, Pierre Bolduc, se voit cependant mal impo‐ ser des frais supplémentaires à ses clients.
Les affaires sont déjà diffi‐ ciles, donc il ne faut pas trop être exigeant face aux consommateurs, croit-il.
En attendant, la solution pour lui, comme pour l'épicier Dominic Arsenault, reste la carte de débit, qui représente une option bien moins chère pour les commerçants.
Avec les informations de Christine Bureau