Des incitatifs financiers réclamés à Timmins pour pallier la pénurie de médecins
Préoccupés par la pénurie de médecins, des béné‐ voles en soins de santé pri‐ maires de la région de Tim‐ mins demandent aux can‐ didats à la prochaine élec‐ tion municipale de s’enga‐ ger publiquement à s’atta‐ quer au problème.
La directrice générale du Centre de santé communau‐ taire de Timmins, Michelle Stevens, est inquiète.
Dans les cinq dernières an‐ nées, on a perdu 10 médecins de famille. La liste de patients orphelins continue de s’ac‐ croître, note-t-elle.
Mais la région a beaucoup de [difficulté] à recruter des médecins, fait-elle savoir. Elle reconnaît que plusieurs autres régions de l’Ontario connaissent des défis simi‐ laires, mais plusieurs autres communautés, y compris des communautés environnantes de Timmins, offrent des incita‐ tifs pour encourager les gens à venir s’établir à Timmins, re‐ marque-t-elle.
Dans un communiqué pu‐ blié mercredi, le comité de re‐ crutement et de rétention de médecins dont fait partie Mme Stevens, demande aux candidats à l’élection munici‐ pale du 24 octobre de s’enga‐ ger à appuyer le recrutement des médecins.
La directrice du départe‐ ment de médecine familiale de l'Hôpital de Timmins et du district, Dre Lesley Griffiths, également membre du comi‐ té, estime qu'un tel engage‐ ment est nécessaire, car en ce moment, même les résidents en médecine et récents diplô‐ més reçoivent des incitatifs fi‐ nanciers de la part d’autres villes et [Timmins] n’est pas simplement pas compétitive.
On veut non seulement un incitatif financier, mais aussi un plan de recrutement et de rétention qui pourrait les en‐ courager à venir ou à rester ici.
Dre Lesley Griffiths, direc‐ trice du département de la médecine familiale à l'Hôpital de Timmins et du district
Selon la Dre Griffiths, la Ville de Timmins a déjà mis en place, il y a quelques années, des mesures de soutien entre autres aux médecins sup‐ pléants en leur offrant un lo‐ gement temporaire, mais un soutien permanent de la Ville s’impose en ce moment.
Elle remarque les consé‐ quences du manque de mé‐ decins de famille au quoti‐ dien, précise-t-elle, chez des patients qui se rendent aux urgences parce qu’ils souffrent de complications qui auraient pu être évitées ou de maladies qui auraient pu être détectées plus tôt s’ils avaient eu accès à des soins primaires.
Des fois, quand les pa‐ tients sont déjà malades, il est déjà trop tard. Avec un méde‐ cin de famille, il peut y avoir un suivi.
Dre Lesley Griffiths, direc‐ trice du département de la médecine familiale à l'Hôpital de Timmins et du district
Michelle Stevens reconnaît que des incitatifs financiers ne représentent pas une solu‐ tion miracle au problème de la pénurie de médecins.
Mais c’est un début et ça nous met à la même hauteur que les communautés envi‐ ronnantes, affirme-t-elle.
Les partenaires clés doivent se réunir pour élabo‐ rer un plan de rétention et d’intégration des nouveaux médecins, ajoute-t-elle, car ne pas le faire nuit à l’économie.
On est une population qui cherche à faire croître l’écono‐ mie. On a besoin de faire des gens de l’extérieur pour que cela se produise et pour convaincre les gens de venir, on doit pouvoir les rassurer qu’il y aura des services en soins de santé.
Michelle Stevens, directrice générale du Centre de santé communautaire de Timmins
Le comité a pour objectif de recruter trois à cinq méde‐ cins par année pour les cinq prochaines années.
Qu'en pensent les candi‐ dats?
Radio-Canada a tenté de rejoindre les trois candidats à la mairie de Timmins pour leur demander s’ils s'enga‐ geaient à faire du recrute‐ ment des médecins une prio‐ rité.
L’actuelle conseillère muni‐ cipale Michelle Boileau, qui brigue la mairie, dit déjà suivre l’enjeu de près depuis quelque temps.
Elle est au courant à la fois des plaintes de citoyens inca‐ pables d’avoir un médecin de famille, mais aussi d’interve‐ nants du secteur de la santé qui ne sont pas en mesure de subvenir aux besoins de toute la population.
On est presque rendu à un point où tous les partenaires ne savent plus quoi faire. Ça prend vraiment du leadership de la part du conseil munici‐ pal pour [...] recruter avec suc‐ cès des médecins de famille.
Michelle Boileau, candi‐ date à la mairie de Timmins
Avoir accès à des soins de santé primaires, souligne Mme Boileau, permettrait d’éviter d'aggraver cette crise, des enjeux sociaux auxquels on fait face dans notre com‐ munauté.
La santé mentale, la toxi‐ comanie et je dirais même le sans-abrisme, tout est relié à la santé primaire et si on n’a pas accès à des soins pri‐ maires, il y a un impact sur toutes les autres parties de notre vie quotidienne, af‐ firme-t-elle.
À son emploi de gestion‐ naire des services à l’emploi dans un collège, Mme Boileau dit d’ailleurs souvent rencon‐ trer des clients qui lui confient que sans accès à un médecin pour régler leurs problèmes de santé, ils sont à risque de perdre leur emploi et ensuite à risque de perdre leur loge‐ ment.
Donc ça devient une chaîne, observe-t-elle.
Elle reconnaît que si on compare avec les autres com‐ munautés de la région et de la même grandeur ailleurs dans la province, on est en arrière à Timmins pour ce qui est du recrutement de médecins.
Si elle est élue, elle s’en‐ gage à mettre en place un in‐ citatif financier, car ça prend une ligne budgétaire de la part de la Ville [...] pour pou‐ voir offrir de quoi aux méde‐ cins qui explorent Timmins.
Elle veut aussi travailler avec le secteur privé pour éla‐ borer une stratégie de déve‐ loppement de logements à Timmins et avec d’autres par‐ tenaires communautaires pour trouver d’autres me‐ sures potentiellement at‐ trayantes.
Que ce soit un abonne‐ ment à un centre d’haltéro‐ philie, une membriété à des