Quand soutenir un proche malade vide son portefeuille
Depuis plus de 75 jours, Jeannette et Norbert Roy de Val d’Amours font l’allerretour vers l’Hôpital régio‐ nal Chaleur de Bathurst de façon presque quoti‐ dienne.
Ils s’y rendent pour soute‐ nir leur fils Joël, hospitalisé dans cet établissement de‐ puis juillet. L’homme au début de la quarantaine, souffre de‐ puis sa naissance d’une mal‐ formation rénale.
Il doit subir de la dialyse rénale depuis des années. S’il a longtemps été capable de le faire lui-même à la maison, c’est à Bathurst qu’il doit se rendre depuis deux ans. Une situation rendue nécessaire en raison de potentielles com‐ plications qui obligent la pré‐ sence d’un spécialiste en tout temps.
Son état de santé s’est em‐ piré durant l’été après une perforation de son intestin.
Depuis juillet, il est donc alité, incapable de se nourrir et il a besoin de soins constants.
Heureusement, il peut compter sur le soutien de ses parents.
Quand t’es sur le bord de la clôture et que tu ne sais pas de quel côté tu vas tomber, tu veux que quelqu’un soit là.
Jeannette Roy, mère de Joël
Des milliers de dollars en essence
Les Roy doivent parcourrir 230 km aller-retour pour se rendre au chevet de leur fils à Bathurst.
Seulement en essence, ils estiment avoir dépensé envi‐ ron 4000 $ depuis juillet. D’autres frais comme le sta‐ tionnement à l'hôpital et de la nourriture, entre autres, fi‐ nissent à peser lourd sur les finances de ce couple à la re‐ traite.
C’est énorme. M. Higgs, je viens de vous faire un cadeau de 500 $ juste en taxes [d'es‐ sence]. Ça va aller dans votre surplus budgétaire.
Jeannette Roy, mère de Joël
Ces déplacement sur la Route 11 viennent aussi avec leur lot de risques, estime Jeannette Roy. Elle craint constamment de frapper un orignal ou encore un ours, sur cette route qu'elle considère comme la pire de la province.
Je n'avais jamais vu d'ours. Mais là, j'en ai vu quatre pen‐ dant nos déplacement lors des deux derniers mois.
Elle entrevoit avec crainte les températures plus froides qui auront immanquable‐ ment un impact sur les condi‐ tions routières.
Contre un hôpital cen‐ tralisé
Jeannette Roy n’aime pas du tout une idée qui circule ces derniers temps.
Elle est contre la sugges‐ tion du maire de Caraquet, Bernard Thériault, d’offrir des services spécialisés dans un seul centre – un super hôpital à Bathurst.
Mme Roy croit qu’une telle idée forcerait beaucoup d’autres personnes à subir ce que vit présentement sa fa‐ mille. Elle croit que le Resti‐ gouche, et ses voisins fronta‐ liers du Québec, compte suffi‐ samment de gens pour justi‐ fier un hôpital régional bien doté de services.
Elle a aussi une pensée spéciale pour toutes ces fu‐ tures mamans qui doivent emprunter le Route 11 pour aller accoucher à Bathurst. Rappelons que les services de d’obstétrique et pédiatrie de l'Hôpital régional de Camp‐ bellton sont suspendus de‐ puis avril 2020.
Jeannette Roy avoue avec émotion qu’elle commence à être fatiguée de tous ces dé‐ placements.
Mais pour les Roy, il n’est pas question de laisser leur fils seul et sans soutien.