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Ce ne sont pas tous les commerçant­s qui vont faire payer leurs clients pour le crédit

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Alors que les commerçant­s hors Québec ont mainte‐ nant le droit de faire payer des frais supplément­aires aux clients qui paient avec leurs cartes de crédit, cer‐ tains en Atlantique se de‐ mandent si c’est vraiment la chose à faire.

Je ne suis pas sûr que ce soit pratique, admet Michel Levasseur, propriétai­re de la librairie Carrefour Atlantique à Halifax.

La grande majorité des gens ont plus d’argent dans leur poche, ils se promènent juste avec des cartes de cré‐ dit.

Il se demande si exiger des frais supplément­aires dans sa boutique va vraiment pous‐ ser les gens à changer leurs habitudes. À son avis, les en‐ treprises qui ont un plus grand volume d’affaires risquent de gagner plus à refi‐ ler les frais des cartes de cré‐ dit aux clients.

Par contre, Elias Fathallah est parmi les commerçant­s qui comptent se prévaloir du droit d'imposer des frais addi‐ tionnels.

Le propriétai­re du restau‐ rant Caribbean Bliss à Halifax croit en fait que ce sont les petites entreprise­s qui ont le plus besoin de ces change‐ ments parce que pour elles chaque dollar compte.

Je veux faire payer les clients pour le crédit parce que je veux que le restaurant continue, dit-il.

Il est conscient que cer‐ tains clients seront frustrés par le changement, mais avec l’inflation et les coûts de la nourriture qui augmentent, il croit qu’il n’a pas le choix de demander plus des clients pour assurer la survie de son restaurant.

C’est beaucoup de pres‐ sion pour la compagnie, ad‐ met Elias Fathallah.

Il espère tout de même que les plus grandes entre‐ prises qui font de grands pro‐ fits ne verront pas le besoin de transférer les frais de cartes de crédit aux clients.

Louis-Philippe Gauthier, le vice-président en Atlantique de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendan­te, n’est pas surpris que les com‐ merçants soient divisés sur la question.

Je vous dirais que la der‐ nière chose que les entrepre‐ neurs veulent en général, c’est augmenter leurs prix, dit-il

Nos données nous in‐ diquent que ce ça va être pre‐ mièrement les entreprise­s qui font affaire avec d’autres en‐ treprises.

Il croit tout de même que ça va donner le choix aux en‐ trepreneur­s, car pour certains la surcharge pour les utilisa‐ teurs de cartes de crédit est une question de survie dans des temps plus difficiles. Un sondage aux membres de la fédération révèle que 19 % ont l'intention de se prévaloir de ce droit de surcharge.

Et il espère que ça va conscienti­ser les consomma‐ teurs qui aiment beaucoup leur carte de crédit à points.

Il y a des frais à tous ces avantages de carte de crédit, rappelle-t-il. Et là, si elle le dé‐ sire, l’entreprise n’a plus à payer ces frais.

Avec les informatio­ns de Paul Légère

dés avant la tenue du Mon‐ dial junior 2023 Hockey Cana‐ da dispose d’un deuxième fonds pour régler les dossiers d’agression La violence sexuelle, un « problème systé‐ mique » dans le hockey cana‐ dien, selon la ministre Plan d’action face aux comporte‐ ments toxiques : le silence ra‐ dio de Hockey Canada

à blanc a été utilisée dans les forêts feuillues pour défricher les terres agricoles, précise Steve Bédard.)

Une influence détermi‐ nante

Pour le professeur en amé‐ nagement forestier et biodi‐ versité Christian Messier, la forêt Mousseau est très im‐ portante au Québec.

Ça a changé la façon de faire de la foresterie au Qué‐ bec.

Christian Messier, profes‐ seur à l’Université du Québec en Outaouais (UQO) et à Montréal (UQAM)

Grâce à ce qui s'est fait dans cette forêt, on a pu pas‐ ser de la coupe d’écrémage à des coupes jardinatoi­res dans toutes les forêts feuillues, sauf dans celles qui étaient trop dégradées, affirme-t-il

Et pour qu'un tel change‐ ment s'effectue, il fallait quel‐ qu'un d'aussi passionné et déterminé que Zoran Majcen, selon Christian Messier, membre du Centre d’étude de la forêt et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la résilience des forêts face aux changement­s globaux.

Les coupes de jardinage, il y croyait et il a obtenu des fonds, raconte M. Messier, qui ajoute qu'à la lumière des tra‐ vaux du professeur Majcen, le gouverneme­nt du Québec a adopté la coupe de jardinage et modifié son règlement.

Restait à l'imposer à l'in‐ dustrie, qui a résisté : C'est im‐ possible!

Certaines compagnies ont menacé de fermer, d’autres ai‐ maient mieux payer les amendes, qui étaient peu éle‐ vées, plutôt que respecter le règlement, décrit-il. Sous la pression, les gouverneme­nts ont commencé à accepter des coupes plus permissive­s.

Suivre ce que fait l'in‐ dustrie

Dans un document datant de novembre dernier intitulé La forêt démystifié­e, les fo‐ rêts publiques du Québec sont-elles surexploit­ées? Québec assure que non.

En bref, lorsque des arbres sont coupés en forêt pu‐ blique, rien n’est laissé au ha‐ sard. Tout est planifié et suivi, et ce, durant de nombreuses années, afin d’apporter des correctifs lorsque cela s’avère nécessaire. En agissant ainsi, la forêt publique du Québec demeure en santé et se régé‐ nère année après année.

Dans les années 1990, le ministère a fait des suivis parce qu'on voulait voir ce que l'industrie faisait, dit Steve Bédard. Autrement dit, jusqu'à quel point appliquait­on les règles?

On a constaté que ce n'était pas nécessaire­ment appliqué de la même façon [par l'industrie]. Mais ça s’ins‐ pirait grandement de ce qu'on a fait.

Steve Bédard, ingénieur fo‐ restier à la Direction de la re‐ cherche du MFFPQ

Pour des questions de ren‐ tabilité, les compagnies fores‐ tières coupent plus de vo‐ lume, plus d'arbres. Par conséquent, la régénérati­on prend plus de temps : Dans la forêt Mousseau, on parle d'une rotation de 15 à 25 ans. Mais avec ce qui s’est fait, fi‐ nalement, dans l'ensemble la forêt publique, on parle plus autour d’une trentaine d'an‐ nées, puisqu’ils [les membres de l'industrie] ont fait un pré‐ lèvement plus fort, illustre Steve Bédard.

Effectuée dans les règles de l'art, la coupe de jardinage accroît le rendement. Et les travaux menés dans la forêt Mousseau l'ont illustré, insiste Zoran Majcen : Autrement dit, on a vraiment amélioré cette forêt-là.

La forêt, bien collectif des Québécois

Cette forêt-là... mais les autres? Le MFFPQ est le ges‐ tionnaire des forêts publiques du Québec. C'est au nom de tous les Québécoise­s et Qué‐ bécois qu'il en est proprié‐ taire, est-il écrit dans le rap‐ port Coulombe (Commission d'études sur la gestion de la forêt publique québécoise) et c'est à ce titre qu'il consent des droits d'usages.

Le gouverneme­nt du Qué‐ bec est propriétai­re de près de 92 % du territoire, dont la moitié est constituée de fo‐ rêts à couvert continu. Ces massifs représente­nt 20 % des forêts canadienne­s et 2 % des forêts mondiales. De fa‐ çon générale, les forêts pu‐ bliques sont localisées dans la partie nord de la province, alors que les forêts privées se retrouvent surtout au sud et à l’ouest.

Rapport de la Commission d'études sur la gestion de la forêt publique québécoise – 2004

Zoran Majcen reconnaît qu'il est un peu déçu.

Si on suivait avec rigueur ce que nous avons fait, il y au‐ rait moins de revenus, moins de bois d'oeuvre. Mais que peut-on faire? Il faut être réa‐ liste.

C'est certaineme­nt mieux que la coupe d'écrémage qui se faisait auparavant, il y a quelques décennies.

Si c'était moi le ministre des Terres et Forêts, avec la ri‐ gueur, j'aurais dit : "[Faites] le jardinage strict, là. On va fer‐ mer certaines usines, on va améliorer les forêts".

Zoran Majcen, chercheur à la retraite du MFFPQ

Selon ce chercheur che‐ vronné qui contemple son oeuvre avec recul désormais, la question se résume ainsi : jusqu'à quel point doit-on ser‐ rer la vis?

C'est un pas en avant, mais ils n’ont pas atteint en‐ core le sommet.

À lire et à écouter aussi :

Révélation­s d’Enquête : une réforme du système fo‐ restier et une enquête pu‐ blique réclamées Forêt et faune, sous deux ministères distincts ou non? Les pourvoi‐ ries estiment que l’industrie forestière nuit à leurs activités

exilé à Paris où il a reçu l'asile politique, il a estimé que le bon choix aurait été de don‐ ner le prix Nobel – s'ils veulent soutenir la Russie au moment où elle connaît son régime le plus dur – à des fi‐ gures politiques comme Alexeï Navalny, l'opposant emprisonné et condamné à neuf ans de détention.

Le Nobel avait déjà cou‐ ronné l'an dernier un poil à gratter du Kremlin, le journa‐ liste Dmitri Mouratov, rédac‐ teur en chef de Novaïa Gaze‐ ta, qui a aussi vu sa licence ré‐ voquée.

Documenter les crimes de guerre

Quant au Centre ukrainien pour les libertés civiles, il a été récompensé par le comité No‐ bel pour ses efforts en vue d'identifier et de documenter les crimes de guerre russes contre la population civile ukrainienn­e.

Sa cheffe, Alexandra Mat‐ viïtchouk, a appelé vendredi à la création d'un tribunal inter‐ national pour juger Vladimir Poutine.

Un conseiller de la prési‐ dence ukrainienn­e s'est pour sa part montré agacé que le prix soit partagé avec des or‐ ganisation­s russe et béla‐ russe.

Selon des enquêteurs de l'ONU , la Russie s'est rendue coupable d'un nombre consi‐ dérable de crimes de guerre, énumérant les bombarde‐ ments russes sur des zones ci‐ viles, de nombreuses exécu‐ tions, la torture, les mauvais traitement­s ainsi que les vio‐ lences sexuelles sur des vic‐ times âgées de 4 à 82 ans.

En réaction au Nobel, le chef de l'ONU, Antonio Gu‐ terres, a salué vendredi la so‐ ciété civile, oxygène de la dé‐ mocratie, tandis que le pré‐ sident américain Joe Biden a souligné le courage des trois lauréats face à l'intimidati­on et à l'oppression.

Au-delà des destructio­ns et des morts innombrabl­es sur le sol ukrainien, l'invasion russe a suscité la crainte d'une frappe nucléaire, me‐ nace brandie par M. Poutine, mis en difficulté par la contreoffe­nsive lancée en sep‐ tembre par l'armée ukrai‐ nienne.

Cette année, nous étions dans une situation avec une guerre en Europe, ce qui est extrêmemen­t inhabituel, mais aussi face à une guerre qui a des effets globaux pour les gens sur toute la planète, a noté la présidente du comité Nobel, évoquant la menace d'un recours aux armes nu‐ cléaires et la pénurie alimen‐ taire.

C'est donc une toile de fond très sombre, et il n'y au‐ cun signe de paix immédiate, a-t-elle déploré.

La saison des prix Nobel s’est amorcée lundi avec le Nobel de médecine, attribué au médecin suédois Svante Pääbo, fondateur de la paléo‐ génomique.

Le Nobel de physique a été remis mardi au Français Alain Aspect, à l’Américain John Clauser et à l’Autrichien Anton Zeilinger, trois pion‐ niers des mécanismes révolu‐ tionnaires de la physique quantique.

Le Nobel de chimie a consacré le Danois Morten Meldal, l’Américaine Carolyn Bertozzi et son compatriot­e Barry Sharpless. Le trio a été récompensé pour le dévelop‐ pement de la chimie bioor‐ thogonale.

Enfin, le Nobel de littéra‐ ture a été remis jeudi à la Française Annie Ernaux et le courage de son oeuvre auto‐ biographiq­ue qui en a fait une figure féministe.

La saison Nobel se termi‐ nera lundi prochain avec le prix d'économie, ajouté en 1969 aux cinq traditionn­els prix prévus dans le testament d'Alfred Nobel.

faire la lumière sur les zones d’ombre, les brutalités de l’his‐ toire russe et soviétique, qui périodique­ment reviennent hanter le monde.

Son oeuvre essentiell­e : des enquêtes d’historiens, des té‐ moignages innombrabl­es sur la grande tragédie du stali‐ nisme… mais aussi sur des exactions plus récentes com‐ mises par la Russie, notam‐ ment dans les deux guerres de Tchétchéni­e et durant celle de Syrie. Avec un souci docu‐ mentaire minutieux, Memo‐ rial a constitué un fonds d’ar‐ chives extraordin­aire.

En 2021, alors que l’étau se resserrait et que s’annonçait la condamnati­on bidon d’une justice aux ordres déchaînée contre l’organisati­on, Memo‐ rial est devenu un réseau avec des branches en Allemagne, au Kazakhstan, en Italie, en France, en Ukraine.

Le 28 décembre dernier, l’organisati­on a été dissoute par la Cour suprême russe. Autrement dit, fermée de force par le régime Poutine, qui ne pouvait plus supporter ce regard critique sur la lourde histoire russe et sovié‐ tique – une histoire qu’il cherche, lui, à glorifier.

Un infatigabl­e défen‐ seur des droits au Bélarus

Et puis, il y a l’opposant biélorusse Ales Bialiatski…

Infatigabl­e militant des droits et libertés depuis la vingtaine, prisonnier politique à répétition, il se voit au‐ jourd’hui décerner le prix No‐ bel de la paix alors qu’il se trouve en prison. Comme, avant lui, le journalist­e Carl von Ossietzky en 1935 et l’écrivain et dissident Liu Xiao‐ bo en 2010, emprisonné­s en leur temps par les dictatures nazie et communiste chinoise. Tous deux sont décédés en captivité, sans jamais avoir pu aller chercher leur récom‐ pense.

Bialiatski avait fondé, en 1996, le Centre Viasna [le prin‐ temps], derrière lequel se pro‐ filait la résistance d'une socié‐ té civile violemment réprimée par un régime dont la brutali‐ té est méconnue à l’étranger.

À l’été et à l’automne 2020, tous les dimanches, des foules imposantes avaient manifesté dans les rues de Minsk pour protester contre la fraude électorale du régime aux élections du 9 août. Dans la répression qui avait suivi, Bialiatski et son groupe Vias‐ na étaient en première ligne. L’homme paie toujours de sa liberté pour son activisme in‐ fatigable.

Le comité Nobel décore aujourd’hui, au Bélarus, un vé‐ ritable héros des droits et li‐ bertés dans un pays qui est sans doute le dernier véri‐ table État-satellite de la Rus‐ sie.

Déception en Ukraine

Sans surprise, ces choix sont applaudis en Occident et traités avec mépris par les ré‐ gimes de Moscou et de Minsk [où on dénonce la politisati­on inqualifia­ble des prix Nobel].

Mais il y a un autre endroit où ces annonces n’ont pas fait l’unanimité. Il s’agit de l’Ukraine, épicentre de tous ces événements.

Un certain nombre d’Ukrai‐ niens trouvent en effet cho‐ quant – malgré les mérites in‐ déniables de Bialiatski et de l’organisati­on Memorial – de devoir, en pleine guerre d’in‐ vasion, partager le prix avec deux pays dont les dirigeants sont des ennemis, des massa‐ creurs, des criminels. Avec le thème mis en avant de la co‐ existence pacifique, qui est selon eux pour le moins pré‐ maturé, alors que l’heure est toujours à la résistance et à la reconquête.

Mikhaïlo Podoliak, proche conseiller du président Ze‐ lensky [qui était lui-même un favori, aujourd’hui déçu, de la course au prix Nobel 2022], a été d’une ironie cinglante. « Le comité Nobel a clairement une compréhens­ion intéres‐ sante du mot “paix” si le prix Nobel est obtenu conjointe‐ ment par des représenta­nts de deux pays qui en ont atta‐ qué un troisième, a-t-il décla‐ ré. Les organisati­ons russes et biélorusse­s n’ont pu organiser de résistance à cette guerre. »

Un point de vue qu’on peut comprendre, alors que les bombes russes continuent de tomber sur des quartiers résidentie­ls en Ukraine et qu’on semble, par cette nomi‐ nation conjointe, lier les Ukrai‐ niens à un destin post-sovié‐ tique… dont ils veulent, au contraire, à tout prix se déta‐ cher.

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