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Retour du public dans les salles : la situation s’améliore, mais reste fragile

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Le public québécois est re‐ tourné dans les salles de spectacles l’an dernier, mais les revenus de billet‐ terie ont accusé un recul de 78 % comparé à la pé‐ riode 2015-2019, selon des chiffres de l’Institut statis‐ tique du Québec dévoilés jeudi. Si plusieurs per‐ sonnes du milieu estiment que la situation s’est amé‐ liorée au cours de la pre‐ mière partie de l’année 2022, le manque à gagner reste évalué entre 15 % et 20 %.

Ce qui se passe depuis quelques mois me donne de l’espoir et me permet d’envi‐ sager cette saison avec plus d’optimisme, dit David Lafer‐ rière, président de l’Associa‐ tion profession­nelle des diffu‐ seurs de spectacles (RIDEAU) et directeur général et artis‐ tique du Théâtre Gilles-Vi‐ gneault, à Saint-Jérôme.

Malgré tout, il estime en‐ core à près de 20 % le manque à gagner par rapport aux années précédant la pan‐ démie, qui avaient été mar‐ quées par un essor de la fré‐ quentation des salles de spec‐ tacle.

Même perception du côté de l’Union des artistes (UDA). Selon cet organisme, les reve‐ nus des artistes issus de la scène avaient chuté de 46 % entre 2019 et 2021. Entre jan‐ vier et août 2022, le retard était plutôt de 15 % par rap‐ port à 2019.

Ça laisse présager le meilleur, souligne Sophie Pré‐ gent, la présidente de l’UDA. Le désir de la population [d’al‐ ler voir des spectacles] est là.

Moins d’appétit certaines discipline­s pour

Toutefois, la situation est contrastée sur le terrain. Da‐ vid Laferrière note une timidi‐ té du public concernant les discipline­s plus nichées, comme la danse, et les ar‐ tistes moins connus.

Les gens sont prêts à payer pour voir des artistes qu’ils aiment, mais ils sont plus frileux pour prendre des risques, explique-t-il.

On a littéralem­ent perdu plus de deux ans de dévelop‐ pement de publics, ajoute-t-il. On a perdu les acquis du tra‐ vail fait pour fidéliser les gens à nos séries de spectacles de danse contempora­ine, de conte ou encore de théâtre de création.

Selon lui, le milieu de la dif‐ fusion de spectacles a du pain sur la planche. Il va falloir mettre les bouchées doubles pour recréer ce lien de confiance et mobiliser notre public à venir découvrir cer‐ taines discipline­s et des ar‐ tistes en émergence.

De son côté, Michel Sabou‐ rin, président du Club Soda et porte-parole de l’Associatio­n des salles de spectacles indé‐ pendantes du Québec (AS‐ SIQ), constate une baisse de fréquentat­ion d’environ 15 % par rapport aux années pré‐ pandémie.

Les billets pour voir les ar‐ tistes populaires se vendent facilement, mais les artistes moins populaires en ar‐ rachent, dit-il.

Si le début de l’été a été marqué par un fort achalan‐ dage et une consommati­on de boissons supérieure à la normale, Michel Sabourin trouve que ce début d’au‐ tomne est, pour le moment, décevant au Club Soda, qui est situé à Montréal. Les pro‐ moteurs d’artistes locaux semblent sur la réserve. On n’a pas autant de shows que les années passées, déplore-til.

En parallèle, ses coûts – ménage, sécurité, maind’oeuvre – ont augmenté entre 20 % et 25 % en raison de l’inflation. Cela nous place dans une situation difficile, car les promoteurs de concerts craignent d’augmen‐ ter les prix des billets.

Il y a de la nervosité dans l’air, conclut-il.

Ce texte a notamment été écrit à partir d’entrevues réa‐ lisées par Catherine Richer, chroniqueu­se culturelle à l’émission Le 15-18. Les pro‐ pos ont pu être édités à des fins de clarté ou de conci‐ sion.

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