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Le roi lion, son père, ses racines…Mariana Mazza se raconte dans Montréal-Nord

- Fièrement et Latine Québécoise

L’humoriste Mariana Mazza publie son premier livre, Montréal-Nord, ce mercre‐ di. Un récit réunissant des bribes d’enfance dans le‐ quel elle rend hommage à sa mère immigrante, mais aussi à ce quartier mont‐ réalais qui l’a façonnée.

Ce sont des mini-histoires peut-être banales et futiles, mais qui ont beaucoup d’émotions sur ce qui m’a ha‐ bité quand j’étais plus jeune et sur ce qui m’a formé en tant qu’adulte, explique-t-elle.

Il n’y a rien d’inventé et rien d’exagéré, promet celle qui travaille déjà à écrire la suite de son livre.

Dans Montréal-Nord,

elle parle ainsi du Roi lion, qui fut la première cassette VHS que sa mère lui a achetée et qu’elle a gardée sous son oreiller, la nuit, pendant plusieurs an‐ nées. La mort de Mufasa m’a fait réaliser à quel point je n’avais pas de père présent dans ma vie, dit-elle. Ça a été un grand bouleverse­ment.

Au fil des pages, elle évoque donc ce père absent, arrivé avec sa mère au Cana‐ da sur un coup de tête et re‐ parti également sur un coup de tête quelques années plus tard. Un père alcoolique ayant déjà frappé sa mère qui avait la particular­ité d’être né le 8 mars, journée internatio­nale des droits des femmes. La journée où on se rappelle col‐ lectivemen­t que les femmes ont des droits [...], moi ça me rappelle que le seul homme qui devait prendre soin de moi est parti en laissant deux femmes derrière lui, écrit-elle dans son livre.

Au départ, l’ouvrage devait s’intituler Ma reine, en hom‐ mage à sa mère, mais Mont‐ réal-Nord s’est finalement im‐ posé comme titre. Plus l’écri‐ ture avançait et plus je me rendais compte que si je n’avais pas grandi à MontréalNo­rd, que si je n’avais pas su‐ bi ce paysage culturel, je n’au‐ rais pas été entourée des gens dont j’ai été entourée et je n’aurais pas eu cette pers‐ pective sur mon enfance.

L’ambiance sonore, vi‐ suelle et olfactive de Mont‐ réal-Nord a créé la bande so‐

nore de ma vie.

Mariana Mazza, humoriste et autrice

Un Montréal-Nord qui ne correspond pas à l’image d’un quartier gangrené par la drogue, les fusillades et les gangs comme on peut l’imagi‐ ner aujourd’hui. J’étais dans la rue où il n’y avait pas ça. Pour‐ tant, il y avait tout sauf des Québécois dans mon bloc ap‐ partements.

Dans son livre, Mariana

Mazza parle de ses origines sud-américaine­s – sa pre‐ mière langue est l’espagnol – alors que les gens tendent à oublier cet aspect de son identité.

Je dois me battre pour le rappeler aux gens, confie-telle. Si je suis Québécoise, je suis d’origine libanaise et uru‐ guayenne. Je ne veux pas qu’on l’oublie.

Je ne suis pas juste la fille qui a réussi en humour et qui remplit des salles en Beauce. Je veux être la Latine qui rem‐ plit des salles en Beauce.

Mariana Mazza, humoriste et autrice

Caroline Dawson, l’inspi‐ ratrice

L’humoriste désormais écrivaine rapproche son livre d’Ouvrir son coeur, dans le‐ quel Alexie Morin raconte des bouts de son enfance, et Là où je me terre, le succès de Caroline Dawson qui raconte son parcours de très jeune immigrante chilienne au Qué‐ bec.

Un roman qui continue de l’émouvoir. Je pleure toutes les fois où j’en parle, expliquet-elle. C’est la première fois que je lis un livre qui me rap‐ pelle d’où je viens et où j’ai l’impression qu’on ne banalise ni l’immigratio­n ni l’émotion qu’on a quand on arrive au pays.

La sociologue et écrivaine est donc une source d’inspira‐ tion pour elle. Elle représente tout ce qu’un immigrant veut en arrivant ici : une meilleure vie, souligne-t-elle. Et, en ce moment, elle combat un can‐ cer la tête haute, le poing levé. C’est exceptionn­el!

Cette femme, je l’admire, je la tatoue dans mon ADN telle‐ ment je l’aime.

Ce texte a été écrit à par‐ tir d'une entrevue réalisée par Émilie Perreault, anima‐ trice de l'émission Il restera toujours la culture. Les pro‐ pos ont pu être édités à des fins de clarté et de concision.

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