Radio-Canada Info

Garçon chiffon : quand la jalousie isole

- Helen Faradji

L’acteur Nicolas Maury réa‐ lise un premier long mé‐ trage acide et singulier

Que celui ou celle qui n’a pas entièremen­t craqué pour Nicolas Maury, génial inter‐ prète de l’assistant Hervé dans la série Appelez mon agent, nous jette la première pierre. Devant l’immense capi‐ tal de sympathie du comé‐ dien, impossible de ne pas être au moins curieux de sa première réalisatio­n, dans la‐ quelle il joue, en plus, le rôle principal. Preuve de son im‐ mense pouvoir d’attraction, on retrouvera dans cette pre‐ mière fiction Isabelle Hup‐ pert… dans le rôle d’une simple passante!

Adoubé par le Festival de Cannes en 2020, Garçon chif‐ fon ose pourtant se balader sur des terres beaucoup plus sombres et mélancoliq­ues que le naturel comique de Maury aurait pu le laisser pré‐ sumer.

Car son garçon, prénom‐ mé Jérémie, est miné tant par sa carrière de comédien au point mort que par sa vie sen‐ timentale qu’il ruine à grands coups de crises de jalousie. Car Jérémie a beau être doux, charismati­que et lunaire, grave et léger en même temps, il est aussi un pro du chantage émotionnel, épui‐ sant pour ceux et celles qui l’entourent. Rien d’étonnant à ce qu’il cite cette phrase de Shakespear­e : « Je me nourris du poison que je sécrète ».

Au bout du rouleau, il n’a plus qu’une solution : rentrer dans le Limousin, chez sa mère, celle-là même qui le sur‐ nomme Chiffon et à qui la toujours impeccable Nathalie Baye prête ses traits. Et on pourra bien trouver, à raison, que la seule tristesse du gar‐ çon reste un enjeu narratif li‐ mité, Garçon chiffon n’en reste pas moins un film singu‐ lier, pétri d’émotions et de pa‐ thétisme.

Car c’est peut-être ce qui séduit le plus dans ce petit film où les relations humaines

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