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Les solutions devront venir des Haïtiens euxmêmes, dit l’ambassadeu­r Bob Rae

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Le Canada est prêt à appor‐ ter son aide à Haïti, aux prises avec des gangs de rue, des pénuries diverses (carburant, eau et autres produits de première né‐ cessité) et, plus récem‐ ment, avec le retour du choléra. Mais cela ne sera pas possible avant que le pays s'unisse et s'entende, selon l'ambassadeu­r cana‐ dien à l'ONU, Bob Rae, pour qui « les solutions sont dans les mains des leaders haïtiens ».

Je suis certain que le Cana‐ da est prêt à faire le néces‐ saire, mais exactement ce que c'est le nécessaire, ça dépen‐ dra beaucoup des négocia‐ tions qui ont lieu maintenant et qui vont continuer, a men‐ tionné M. Rae, en entrevue à L'heure du monde, mardi.

Il n'est pas question de s'engager sans que certaines conditions soient d'abord réunies.

La chose essentiell­e, c'est l'unité de la population haï‐ tienne. Il y a beaucoup de désaccords. Il y a une situa‐ tion avec les gangs et avec l'activité illégale qui nous cause beaucoup de pro‐ blèmes, qui cause beaucoup de peine pour la population, a rappelé M. Rae.

Tous les détails sont en discussion mais, franchemen­t, on attend toujours un accord fort de la part de la société ci‐ vile haïtienne, a ajouté celui qui fut premier ministre de l'Ontario de 1990 à 1995.

Nous travaillon­s de très près avec le gouverneme­nt d'Haïti et avec la société civile et, naturellem­ent, avec l'ONU et avec nos collègues des autres pays.

Bob Rae, ambassadeu­r du

Canada aux Nations unies

Ce sont des discussion­snégociati­ons très délicates, car la communauté interna‐ tionale ne veut surtout pas être accusée d'interventi­on‐ nisme extérieur.

Misant avant tout sur des conditions favorables pour l'aide canadienne et interna‐ tionale, l'ambassadeu­r a évo‐ qué la fin des violences liées aux gangs, le rôle de la police nationale et des sanctions en‐ vers les groupes qui financent les violences armées.

Ces intérêts, on les connaît, a affirmé M. Rae. Il en sera d'ailleurs question lors de la prochaine réunion du Conseil de sécurité de l'ONU, prévue la semaine prochaine.

Demande d'aide

Haïti, par la voix de son premier ministre, Ariel Henry, et plus récemment par celle de l'ambassadeu­r d'Haïti aux États-Unis, Bocchit Edmond, a lancé un appel à l'assistance internatio­nale pour faire face à l'insécurité engendrée par les gangs, que la police haï‐ tienne ne peut résoudre seule.

Dans une version précé‐ dente de ce texte, il était écrit qu'Ariel Henry est le « pré‐ sident intérimair­e » d'Haïti. Or, Ariel Henry est le premier ministre du pays, élu à ce poste le 5 juillet 2021. Son gouverneme­nt assure bel et bien l'intérim de la présidence depuis l'assassinat du pré‐ sident Jovenel Moïse, le 7 juillet 2021, mais Henry n'a pas été élu en tant que pré‐ sident d'Haïti et n'en a jamais obtenu le titre d'une autre fa‐ çon.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'est dit d'accord pour l'envoi d'une force d'action rapide.

Nous sommes prêts à dis‐ cuter, c'est tout ce que je peux dire à ce moment, s'est borné à dire l'ambassadeu­r du Canada lorsqu'il a été questionné sur une date ou un échéancier des mesures d'aide.

Rappelons qu'au début de l'année, Ottawa avait annon‐ cé une aide de 50,4 millions de dollars à Haïti pour la réali‐ sation de différents projets et initiative­s. De ce montant, 15,35 millions devaient aller au service de police pour la formation, l'ajout d'agents et l'embauche de policières.

Une crise aux racines lointaines

L'échec d'Haïti, c'est aussi en grande partie l'échec de la communauté internatio­nale, celle-ci n'ayant pas été ca‐ pable de trouver les bonnes stratégies ni le bon rythme pour associer le peuple à ses projets de réforme, a expliqué Charmers Larose, chargé de cours au Départemen­t de science politique et codirec‐ teur l'Observatoi­re des Amé‐ riques à l'UQAM, invité à com‐ menter la situation haïtienne à l'émission 24.60.

Haïti vit une double crise attribuabl­e à la détériorat­ion de sa situation politique d'une part et à la détériora‐ tion de sa situation humani‐ taire, économique et sociale d'autre part, a-t-il poursuivi. Et les racines de la crise re‐ montent aux débuts des an‐ nées 1990, les choses s'étant détériorée­s au cours des trois dernières décennies.

Celui-ci a aussi dit ne pas croire aux chances de succès d'un éventuel commande‐ ment internatio­nal, pas plus qu'à la légitimité du président Henri d'appeler la commu‐ nauté internatio­nale à l'aide.

Questionné à savoir par où il faudrait commencer pour dénouer la crise, M. La‐ rose a évoqué la nécessité de ramener le climat de sécurité dans le pays, de soutenir les forces de l'ordre en place ac‐ tuellement et de remettre en état l'armée qui pourrait alors intervenir dans les situations d'urgence.

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