Limiter le nombre d’Airbnb pour lutter contre la dévitalisation des villages du Kamouraska
Saint-Germain-de-Kamou‐ raska vient d'adopter un règlement pour limiter le nombre de résidences d’hé‐ bergement à court terme, de type Airbnb, sur son ter‐ ritoire. Leur nombre est désormais limité par zone.
Il n'est plus possible pour les propriétaires de convertir leur propriété en résidence de tourisme. En revanche, ceux qui sont déjà enregistrés au‐ près de la Commission de l’in‐ dustrie touristique du Québec (CITQ) pourront continuer leurs activités.
Pour le maire du plus petit village de la MRC de Kamou‐ raska, un nombre trop impor‐ tant de location à court terme risque de dévitaliser le milieu de vie.
À Saint-Germain-de-Ka‐ mouraska, on compte une douzaine de maisons en loca‐ tion [sur 125 résidences], re‐ cense le maire Roger Moreau.
Ça représente autour de 10 % du parc immobilier, c’est quand même assez important pour un petit milieu de vie comme nous.
Roger Moreau, maire de Saint-Germain-de-Kamouras‐ ka
Le village de Saint-Andréde-Kamouraska optera pour la même réglementation qui sera en vigueur dans les pro‐ chaines semaines.
Son maire, Gervais Darisse, considère que le village doit être habité toute l’année pour garder sa vitalité. On ne sou‐ haite pas être un village fan‐ tôme l’hiver et très touris‐ tique l’été. On veut un village à l’année, plaide l'élu.
Qui fait marcher les ser‐ vices locaux? Qui s'investit comme bénévole dans les dif‐ férentes organisations? Ce sont les gens qui habitent la Municipalité.
Gervais Darisse, maire de Saint-André-de-Kamouraska
Depuis la pandémie, le maire trouve que village s'est transformé. Sur les maisons vendues, une sur deux a été convertie en résidence d'hé‐ bergement touristique de courte durée, de type Airbnb. La Municipalité aurait souhai‐ té réserver ces logements pour des familles.
D’autant plus que la Muni‐ cipalité de moins de 700 habi‐ tants n’a aucune autre marge de manoeuvre pour se déve‐ lopper : le village est entouré de terres agricoles et d’une zone inondable qui rendent impossible son expansion.
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Depuis la pandémie, des maisons dans l'Est-du-Québec qui ne se vendaient pas, pour certaines depuis plusieurs an‐ nées, ont trouvé preneur, par‐ fois des gens de l'extérieur de la région pour faire de la loca‐ tion de courte durée.
Du côté de Tourisme BasSaint-Laurent, on dit étudier la question pour pouvoir trouver le bon équilibre. Son directeur général, Pierre Lé‐ vesque, comprend la nécessi‐ té pour certains villages de lé‐ giférer pour conserver leur vi‐ talité mais il ne souhaite pas que le secteur soit fermé à la location de court terme, parce que c’est quand même des re‐ tombés économiques.
Il rappelle également que tout propriétaire qui souhaite louer son logement pour un séjour de moins de 31 jours doit avoir un numéro d’enre‐ gistrement officiel auprès de la CITQ.
Ces gens-là, payent de la taxe sur l’hébergement c’est des revenus qui viennent chez nous et qui sont réinves‐ tis dans la promotion et le dé‐ veloppement touristique de la région, ajoute M. Lévesque.
De son côté, le préfet du Kamouraska, Sylvain Roy re‐ connaît que la situation n'est pas encore problématique mais elle pourrait aggraver la rareté des logements dispo‐ nibles. Si une municipalité ne légifère pas au niveau des Airbnbs et des résidences de tourisme, ça enlève une possi‐ bilité d’accueillir des citoyens et des familles, alors c’est im‐ portant, considère-t-il.
Depuis le début de 2022, la MRC de Kamouraska a enta‐ mé des rencontres avec les différentes municipalités du territoire afin de cibler les en‐ jeux dans le dossier de l’hé‐ bergement de courte durée. L'organisation accompagne les municipalités qui sou‐
haitent mettre en place une réglementation.
En plus de Saint-André et
Saint-Germain, quatre autres municipalités du Kamouraska envisagent la possibilité de mettre en place une régle‐ mentation d'ici l'été prochain.
Avec les informations de
Fabienne Tercaefs, Maude Ri‐ vard et Éric Gagnon