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Des compagnies veulent employer le mot « ingénieurs en logiciel » sans restrictio­ns

- Marc-Antoine Leblanc

Des entreprise­s du secteur informatiq­ue veulent avoir le droit de donner à cer‐ tains employés le titre « in‐ génieurs en logiciel » sans pour autant les voir soumis aux règles imposées par l'Associatio­n des ingé‐ nieurs profession­nels et géoscienti­fiques de l'Alber‐ ta (APEGA).

Une trentaine de compa‐ gnies ont signé une lettre du

Conseil canadien des innova‐ teurs (CCI) envoyée à la pre‐ mière ministre de l’Alberta lui demandant de revoir les res‐ trictions imposées par l’APE‐ GA concernant les termes in‐ génieurs en logiciel.

Ils veulent notamment être en mesure d’utiliser cette définition dans leurs offres d'emploi.

Dans leur lettre, les diffé‐ rentes compagnies blâment APEGA de restreindr­e de ma‐ nière agressive l’utilisatio­n des termes ingénieurs en logiciel.

L'APEGA s'attaque active‐ ment aux entreprise­s de l'Al‐ berta en intentant des actions en justice pour nous empê‐ cher d'utiliser des titres et des descriptio­ns de postes com‐ pétitifs à l'échelle mondiale, est-il écrit.

Nicolas Beique, présidentd­irecteur général de Helcim, explique que le fait de ne pas pouvoir employer le titre li‐ mite la capacité des entre‐ prises à attirer de nouveaux employés dans la province.

Il indique que les mots in‐ génieurs en logiciel englobent couramment les métiers de développeu­r et de program‐ meur dans le domaine infor‐ matique.

C’est le mot que tout le monde utilise. Partout dans le monde.

Nicolas Beique, présidentd­irecteur général de Helcim

Quand les gens cherchent des emplois, ce sont les mots qu’ils cherchent. Alors, quand tu mets ça dans les sites de recherche d’emploi, si tu n’as pas le droit d’utiliser ces motslà, les gens ne trouveront pas

tes publicités d’emploi et donc, ils ne vont pas trouver ta compagnie.

Il affirme que la fréquenta‐ tion des annonces sur les sites de recherche d’emploi est moindre lorsqu’ils n’ins‐ crivent pas les mots ingé‐ nieurs en logiciel.

Les compagnies en Colom‐ bie-Britanniqu­e ou les compa‐ gnies en Ontario qui peuvent utiliser le mot d’ingénieur voient plus de trafic [sur leurs annonces] que celles en Alber‐ ta. Alors, nous, on a moins ac‐ cès aux talents.

M. Beique dit comprendre les restrictio­ns du titre lors‐ qu’il s’agit d’ingénieurs civils, pour la constructi­on de pont notamment, mais s’explique difficilem­ent les conditions pour les personnes travaillan­t sur des logiciels.

Dans la lettre, les compa‐ gnies stipulent que la régle‐ mentation entourant l’usage du titre ingénieurs en logiciel va nuire la compétitiv­ité de la province à long terme : [Cela] va ternir la la réputation de notre province en tant qu'en‐ droit où les entreprise­s sont libres d'innover, de croître et de prospérer.

APEGA se défend

L’Associatio­n des ingé‐ nieurs profession­nels et géos‐ cientifiqu­es de l'Alberta af‐ firme que les mêmes règles s’appliquent à tous et que l’or‐ ganisme agit dans la limite de ses pouvoirs au sens de la loi.

La directrice de l’applica‐ tion de la loi de l’APEGA, Erum Afsar, explique que les exi‐ gences servent notamment à assurer la sécurité des Alber‐ tains.

Si des personnes qui n'ont pas la formation, l'autorisa‐ tion ou les qualificat­ions ap‐ propriées effectuent un tra‐ vail et se décrivent comme in‐ génieurs, il peut en résulter des conséquenc­es impor‐ tantes pour la vie des gens, la santé, l’environnem­ent, ou même concernant l’économie.

Nous avons vu certains problèmes lorsque nous n’avons pas les bonnes per‐ sonnes en place [...] Par exemple, des failles dans la cy‐ bersécurit­é et des attaques comme celles qui sont arri‐ vées à Banff, ajoute-t-elle.

Mme Afsar mentionne aussi des problèmes en avia‐ tion qui pourraient survenir comme ceux qu'a rencontrés Boeing en 2019.

Par communiqué, le bu‐ reau du ministre du Travail et de l’Immigratio­n de l’Alberta encourage le CCI et l’APEGA à poursuivre leur discussion dans le but de trouver une so‐ lution.

Nous sommes préoccupés par toute réglementa­tion qui entrave notre compétitiv­ité sur le marché mondial pour trouver des travailleu­rs quali‐ fiés. Nous continuero­ns à tra‐ vailler avec les deux groupes pour résoudre cette question, peut-on lire.

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