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Trois ans plus tard, un stationnem­ent incitatif de 8 M$ peu utilisé à Ottawa

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Un stationnem­ent incitatif dans le sud du quartier Or‐ léans qui a coûté plusieurs millions de dollars à la Ville d’Ottawa est en grande partie vide, depuis son ou‐ verture, il y a trois ans. Des résidents des environs es‐ timent qu'il s'agit d'un gas‐ pillage de l’argent des contribuab­les et s'inter‐ rogent.

Nous avons tous le même sentiment. Il n’est pas utilisé. C’est du gaspillage, plaide Ry‐ lee Batista.

Le parc-o-bus Chapel Hill South se trouve à l’intersec‐ tion du chemin Navan et du boulevard Brian Coburn. Il a ouvert ses portes à la fin du mois d’octobre 2019 et a coû‐ té environ 8,2 M$.

Selon le site web d’OC Transpo, le terrain compte 263 places de station‐ nement gratuites et devait même passer à 427 places, se‐ lon les prévisions.

Pourtant, l’arrêt ne dessert que deux lignes d’autobus ré‐ gulières, les 32 et les 34 qui cir‐ culent environ toutes les 25 minutes la plupart du temps, et, selon OC Transpo, deux autres autobus circulent les matins de semaine vers les écoles secondaire­s à proximi‐ té.

Un dépliant en ligne d'OC Transpo sur le parc-obus le présente comme par‐ fait pour les clients qui viennent du sud du quartier Orléans et des communauté­s avoisinant­es et dit aux clients de stationner leur voiture et de laisser OC Transpo vous emmener le reste du chemin 35 minutes jusqu'au centrevill­e.

Mais c'est loin d'être la réa‐ lité.

Selon le planificat­eur de transport en commun de Google Map, il faut environ une heure pour se rendre en transport en commun du parc-o-bus au bureau de CBC/Radio-Canada Ottawa au centre-ville, à l'heure de pointe, le matin. Si l'on se rend au parc-o-bus à partir d'une adresse résidentie­lle choisie au hasard dans le quartier voisin d'Avalon, le trajet total est d'environ 1 h 15 minutes.

Mais il faut environ 53 mi‐ nutes pour se rendre directe‐ ment de cette même adresse au bureau de CBC/Radio-Ca‐ nada à Ottawa en transport en commun.

CBC News a visité le parco-bus à trois reprises, entre septembre et octobre, pour des périodes de deux heures, dont deux fois à l'heure de pointe. Il a été observé au maximum cinq voitures sta‐ tionnées à cet endroit, et par‐ fois aucune.

Chaque fois, CBC News a vu un usager du transport en commun descendre du bus et repartir en voiture. Plusieurs usagers ne prenaient, en re‐ vanche, pas le transport en commun, comme un plan‐ chiste et des promeneurs de chiens qui se sont garés là à des fins récréative­s.

Stanimir Cvetanov passe par le parc-o-bus presque tous les jours. Le résident de Chapel Hill South a déclaré qu'il était tellement déconcer‐ té par l'absence d'utilisateu­rs qu'il a écrit un avis Google à une étoile.

Un exemple typique de gaspillage de l'argent des contribuab­les. Presque per‐ sonne ne l'a utilisé, même avant la pandémie, peut-on

lire dans son commentair­e.

M. Cvetanov explique à CBC News qu'en tant qu'usa‐ ger du transport en commun avant la pandémie de COVID19, le parc-o-bus le rendait ini‐ tialement enthousias­te, pen‐ sant que davantage d'auto‐ bus express y circulerai­ent.

Cet enthousias­me a été de courte durée.

Cela m'a contrarié : vous avez construit quelque chose d'aussi énorme pour seule‐ ment deux lignes d'autobus, dit M. Cvetanov.

Inquiétude­s concernant les courses, le déboisemen­t

La présidente de l'associa‐ tion communauta­ire de Cha‐ pel Hill South, Rylee Batista, illustre que le terrain a princi‐ palement été utilisé comme un terrain de jeu en ciment de 8 millions de dollars pendant la pandémie.

Nous sommes venus ici avec nos Rollerblad­es pour jouer au hockey.

Mme Batista a vu des en‐ fants à vélo, des jouets de voi‐ tures motorisées et des utili‐ sateurs des planches à rou‐ lettes utiliser l'espace.

La nuit, cependant, l'en‐ droit a été utilisé pour de la drift et des courses de voi‐ tures, et des barricades ont dû être installées pour tenter d'empêcher cela, dit-elle.

Vous pouvez les entendre partir en vrille ou dériver, se souvient Mme Batista, en montrant les barrières. C'est ce que cela a fait. Cela a réduit ce bruit.

Le parc relais a également remplacé une forêt, dit-elle, ce qui a amené certains rési‐ dents à s'inquiéter de l'impact qu'il pourrait avoir sur l'es‐ pace vert et le ravin à proximi‐ té.

Mme Batista dit avoir parlé aux conseiller­s municipaux de son avenir et d'autres pro‐ blèmes de transport dans le sud du quartier Orléans.

Nous ne sommes pas bien desservis. Mais où est la pro‐ chaine étape? Où est le plan B? Il ne semble pas y en avoir [un].

La charrue avant les boeufs, selon une résidente

Une résidente du quartier voisin de Bradley Estates, Heather Buchanan, qualifie le parc-o-bus d'arrêt de trans‐ port en commun glorifié.

M. Buchanan siège au co‐ mité de développem­ent de son associatio­n communau‐ taire et explique que le terrain a été construit en prévision d'un futur couloir de trans‐ port rapide par bus (BRT) - des routes réservées aux bus - dans la région, un projet qui ne s'est pas concrétisé de‐ puis les années 1990.

Plus récemment, en mars dernier, après des années d'études, de planificat­ion et de consultati­ons, le conseil municipal a voté en faveur du prolongeme­nt du boulevard Brian Coburn et de la création d'un couloir de transport en commun de Cumberland à travers la Ceinture de ver‐ dure, qui relierait le parc-obus au chemin Blair.

Mais la Ville n'a pas mis de côté l'argent nécessaire pour couvrir le coût prévu de 300 millions de dollars, et elle rencontre des problèmes avec la Commission de la capi‐ tale nationale, qui gère la Ceinture de verdure, mais re‐ fuse de la libérer. Certains do‐ cuments prévoient que le projet pourrait ne pas se réali‐ ser avant 2030.

Nous étions tous enragés à l'idée que nous allions avoir ce stationnem­ent avant que ce projet ne se concrétise. Tout cela repose sur un BRT qui n'existe pas, s'indique Mme Buchanan.

Ils ont mis la charrue avant les boeufs.

Heather Buchanan, rési‐ dente du quartier voisin de Bradley Estates

Si la Ville veut que les rési‐ dents du sud du quartier Or‐ léans utilisent le parc-o-bus maintenant, elle estime que la Municipali­té doit d'abord améliorer les routes qui les y amènent.

Mme Buchanan pense que l'argent aurait été mieux dé‐ pensé en construisa­nt un plus grand parc-o-bus à la station Blair, qui ne compte actuelle‐ ment que 21 places pour les détenteurs de permis.

Ce parc-o-bus est essen‐ tiellement un éléphant blanc, a déclaré Rachelle Lecours, présidente de la Greater Ava‐ lon Community Associatio­n, qui représente les commu‐ nautés situées à l'est du ter‐ rain.

Les gens sont mécontents parce que cet argent aurait pu servir à fournir un meilleur service de bus.

Selon Mme Lecours, les deux bus qui traversent le ter‐ rain font des courses de lait dans les communauté­s voi‐ sines, de sorte qu'il est plus facile pour les résidents de monter dans le bus près de chez eux de toute façon.

Comme solution provi‐ soire en attendant le futur BRT, elle suggère de mettre en place des autobus express qui amènent les gens directe‐ ment du parc-o-bus au centre-ville ou aux stations de train léger, soit la station Blair ou Cyrville, qui n'est pas aussi fréquentée.

La Ville affirme que l'emplacemen­t est straté‐ gique

CBC a demandé à la Ville d’Ottawa s’il était possible d’interviewe­r OC Transpo, mais la Ville a répondu que personne n'était disponible.

Au lieu de cela, elle a fourni une déclaratio­n par courriel de son directeur de la planifi‐ cation des transports qui dit que l'emplacemen­t est straté‐ gique, basé sur le futur BRT et la croissance de la population dans le sud-est d'Orléans.

La directrice de la Planifica‐ tion des transports à la Ville d'Ottawa, Vivi Chi, écrit que l'ouverture du projet de trans‐ port en commun rapide est prévue après 2031.

Pendant ce temps, une dé‐ claration attribuée à Pat Scrimgeour, directeur des sys‐ tèmes et de la planificat­ion de la clientèle, blâme la pandé‐ mie, estimant que l'utilisatio­n n'a pas encore atteint les ni‐ veaux vus avant la pandémie.

Plusieurs résidents ont pourtant indiqué à CBC que le parc-o-bus était déjà sous-uti‐ lisé pendant les cinq mois où il était ouvert avant la pandé‐ mie.

Le personnel continuera à surveiller l'utilisatio­n, à re‐ cueillir des commentair­es et à faire des ajustement­s, a écrit M. Scrimgeour.

Il a ajouté que la Ville ne garde pas la trace de ce qu'elle dépense pour l'entretien de ce parc-o-bus.

Avec les informatio­ns de Priscilla Ki Sun Hwang, de CBC News

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