Le 35e Festival des écrivains de Vancouver renoue avec les auteurs de l’étranger
Après deux années mar‐ quées par les restrictions de voyages et leurs impacts sur les programmations, le Festival des écrivains de Vancouver, qui s'amorce lundi, revient en force pour son 35e anniversaire avec la participation d’une centaine d’auteurs du Ca‐ nada et d’ailleurs.
Du 17 au 23 octobre, les auteurs prendront part à plus de 80 événements, confé‐ rences et rencontres présen‐ tés dans divers espaces de l'île Granville.
Leslie Hurtig, directrice ar‐ tistique du Festival des écri‐ vains de Vancouver, se réjouit de ce retour en personne pour le 35e anniversaire de l’événement.
C’est chouette pour les au‐ teurs et les lecteurs de pou‐ voir enfin se retrouver dans la même salle, d’entendre les rires, les chuchotements, évoque-t-elle.
Pour l’autrice et chroni‐ queuse au Globe and Mail Marsha Lederman, qui anime aussi des causeries au festival depuis 2011, c’est un rêve de‐ venu réalité que de présenter son livre au festival de Van‐ couver cette année.
C’est super de pouvoir ren‐ contrer les gens qui lisent votre livre. La plupart ont d’excellentes questions à me poser. C’est très gratifiant, ex‐ prime l’autrice.
Des invités de marque
La directrice artistique est également ravie de pouvoir accueillir à nouveau cette an‐ née des écrivains de l'étranger provenant notamment d’Écosse, de l’Équateur, d’Is‐ lande et de la Nouvelle-Zé‐ lande.
Chaque année, un tiers de la programmation est consa‐ crée aux auteurs internatio‐ naux. Les deux autres tiers sont destinés aux auteurs ca‐ nadiens et locaux.
Leslie Hurtig, directrice ar‐ tistique du Festival des écri‐ vains de Vancouver
Parmi les auteurs de marque, on retrouve entre autres des lauréats de prix prestigieux tels l'Écossais Douglas Stuart, gagnant du Booker Prize 2020, ou encore Omar El Akkad, lauréat du Gil‐ ler 2021, qui agit également comme commissaire invité du festival cette année.
Du côté des auteurs fran‐ cophones, le festival accueille Violaine Huisman avec son ro‐ man maintes fois primé Fugi‐ tive parce que reine, ainsi que la Québécoise Stéfanie Cler‐ mont, autrice du livre Le jeu de la musique.
Le 35e anniversaire du fes‐ tival sera notamment souli‐ gné avec l’événement Don't you want me, Baby?, une soi‐ rée thématique prévue le jeu‐ di 20 octobre au cours de la‐ quelle des auteurs réciteront les paroles de chansons pop des années 80, décennie qui a vu naître le festival.
35 ans de rencontres lit‐ téraires
Le Festival international des écrivains de Vancouver a été créé en 1988 par Alma Lee, une Écossaise d’origine répon‐ dant à une invitation du Bu‐ reau des affaires culturelles à la Ville de Vancouver.
À l’époque, Vancouver dé‐ tenait le plus haut taux d’em‐ prunts à la bibliothèque au Canada. Donc, il y avait ici un important lectorat.
Alma Lee, fondatrice du Festival des écrivains de Van‐ couver
Au cours des 18 ans qu’elle aura passés à la tête du festi‐ val, Alma Lee aura notam‐ ment créé des programmes scolaires destinés aux jeunes. Une des réalisations dont elle est le plus fière.
Ce qui me réjouissait le plus, c’était de voir tous ces enfants devant le Granville Is‐ land Stage, dans la file d’at‐ tente, excités de rencontrer des auteurs , se rappelle avec émotion l’ancienne directrice artistique.
La place du volet franco‐ phone
Autre aspect important pour la fondatrice : la pré‐ sence d’écrivains franco‐ phones.
Nous habitons un pays bi‐ lingue et il allait de soi d’invi‐ ter des auteurs francophones!
Alma Lee, fondatrice du Festival des écrivains de Van‐ couver
Pour parvenir à attirer les auteurs francophones et leur public, Alma Lee a fait appel, dans les années 90, à l’ancien organisateur du Salon du livre de l’Alliance française, Marc Fournier, aujourd'hui réalisa‐ teur associé à Radio-Canada.
Le festival s'inspirait de la formule américaine, soit celle d'acheter un billet pour écou‐ ter un écrivain lire son livre. Il fallait faire ça à la franco‐ phone, dit l’ancien program‐ mateur des événements fran‐ cophones du festival.
J’ai donc commencé à or‐ ganiser des événements en français comme cette soirée mémorable avec Zachary Ri‐ chard qui faisait de la poésie en slip léopard avec sa gui‐ tare. Le public était extatique!
Marc Fournier, ancien pro‐ grammateur des événements en français au Festival des écrivains de Vancouver
L'importance d'un festival tel
Marc Fournier explique qu’un tel festival convivial per‐ met ainsi de décloisonner le monde plus secret de l’édition et les écrivains, ces derniers étant souvent perçus comme de grands solitaires.
Il précise que ce genre de festival permet aux auteurs de se rencontrer, aux éditeurs de promouvoir un livre dans lequel ils croient et au public de mettre un visage sur les écrivains.
Leslie Hurtig abonde dans le même sens.
Nous vendons beaucoup de livres pendant le festival grâce à nos petites librairies éphémères, ce qui est très ap‐ précié des auteurs, précise-telle. Mais l'autre impact im‐ portant et là, je pense que l'île Granville y est pour beau‐ coup, c'est que les auteurs ar‐ rivent à créer facilement des liens entre eux dans les salles intimes du festival comme dans la salle communautaire mise à leur disposition à l'hô‐ tel Granville Island.
Au fil des décennies, l’évé‐ nement a réussi à se tailler une place d’importance dans le paysage culturel de Van‐ couver, attirant, avant la pan‐ démie, plus de 20 000 per‐ sonnes chaque année.
Selon Leslie Hurtig, la clé du succès du festival réside dans le lieu où il se déroule, l'île Granville.
C’est un lieu magique où tenir un festival. Les invités qui restent à l’hôtel Granville Island peuvent déambuler sur l’île, visiter les restos, rencon‐ trer des artisans , explique Leslie Hurtig.
Alma Lee se réjouit quant à elle d’avoir pu mettre en place un tel événement qui perdure.
Quand j’ai réalisé que j’al‐ lais demeurer à Vancouver, je me suis dit : "il va falloir que tu apportes ta contribution." Et je suis très fière de ma contri‐ bution envers cette ville, conclut-elle.