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« J’ai retrouvé le plaisir » : Stromae « cool » et serein pour sa virée au Canada

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Après avoir conquis l’Eu‐ rope, Stromae s’apprête à atterrir à Vancouver ven‐ dredi, où il commencera la tournée nord-américaine de son album Multitude, paru en mars. « Cool » et serein, l’inimitable artiste apprivoise à nouveau l’énergie de la scène après plusieurs années loin des projecteur­s.

Et c'est tant mieux : le Belge est attendu de pied ferme au Canada. À Montréal, il foulera la scène du Centre Bell quatre fois – un exploit, même pour les plus grandes vedettes. Il sera aussi de pas‐ sage à Québec et à Toronto durant les mois de novembre et de décembre.

Après une pause néces‐ saire, j’ai retrouvé le plaisir, lance Stromae d’un ton joyeux en entrevue avec Ra‐ dio-Canada.

Bien que son horaire soit impression­nant – ses spec‐ tacles sont planifiés au quart de tour jusqu’en décembre 2023 –, le musicien assure avoir adouci le rythme effréné de ses concerts, craignant se retrouver à nouveau au bout de son énergie.

À la fin de l’année 2015, il avait été cloué au sol par un épuisement profession­nel, ag‐ gravé par les effets secon‐ daires d'un médicament anti‐ paludique.

Quand on est passé par une case pas très sympa‐ thique, on commence à connaître nos limites. Il faut apprendre à se connaître, c’est ça aussi, la vieillesse, dit-il en riant, avant de corriger vieillesse pour expérience.

Deux ou trois spectacles par semaine, du temps pour visiter les villes dans les‐ quelles il joue avec ses musi‐ ciens et musicienne­s, et un peu de corde à danser avec les spectacles : voilà la recette de Stromae pour une tournée sans soucis.

Car s’il a retrouvé le plaisir de la scène, il a aussi retrouvé son stress. Une émotion qu’il accueille malgré tout avec sé‐ rénité. C’est nécessaire d’avoir des moments d’accalmie, et des moments un peu plus stressants, estime-t-il.

J’ai de la bouteille mainte‐ nant. Monter sur scène c’est stressant, mais je remarque que c’est vraiment mon mé‐ tier. Après deux, trois concerts, je les avais déjà dans les jambes, et ça coulait.

Stromae

Trouver l’inspiratio­n dans le quotidien

Avec

Multitude

comme avec ses précédents albums, Stromae cherche à raconter des histoires à la frontière entre le personnel et l’univer‐ sel, des chansons dans les‐ quelles tous et toutes peuvent se retrouver.

Si on reconnaît les tour‐ ments de l’artiste sur Invaincu et sur L’enfer, on découvre aussi ceux d’un migrant, du fils d'une travailleu­se du sexe ou encore d’un policier sur Riez et sur Fils de joie. Des personnage­s imparfaits, tan‐ tôt victimes, tantôt bour‐ reaux, qui sont traversés par les grands et petits drames de la vie.

Pour trouver cette inspira‐ tion, Stromae n’a eu d’autre choix que de vivre des choses, comme il a pu le faire ces der‐ nières années aux côtés de sa jeune famille.

C’est difficile de ne pas perdre la sincérité. J’ai un fil rouge quand j’écris un album, mais pour les chansons, je me laisse porter par des choses que j’ai vues, entendues ou qui viennent de moi. C’est mon point de vue, mais j’es‐ saie de porter l’attention sur les choses qu’on ne voit pas, explique-t-il.

Briser la barrière de la langue

L’esthétique singulière de Stromae lui a aussi permis de briser la barrière de la langue. Dans les prochaines se‐ maines, il sera de passage à San Francisco, à Los Angeles ou encore à New York, tou‐ jours sur de grandes scènes.

Je me rends compte de la chance que j’ai de pouvoir chanter devant des publics non francophon­es qui aiment ma musique. Ils ont été convaincus par un show qu’ils ont vu il y a sept ans et ils ne m’ont pas oublié. C’est très touchant, dit-il.

C’est seulement après le succès planétaire d’Alors on danse que l’artiste belge a compris que son art pouvait résonner même chez les per‐ sonnes ne maîtrisant pas la langue de Molière.

C’est complèteme­nt inat‐ tendu, je n’ai jamais eu la pré‐ tention de faire de la musique pour des non-francophon­es. Stromae

Moi j’ai écouté de la mu‐ sique en anglais que je n'ai ja‐ mais comprise, et ça n’a ja‐ mais été un problème, alors pourquoi ils ne pourraient pas faire la même chose dans l’autre sens? C’est là qu'est née l’ambition de me dire : il n’y a pas de limite de fron‐ tière.

Ce décloisonn­ement lui a aussi permis de travailler avec des vedettes américaine­s et britanniqu­es : il a notamment contribué aux vidéoclips de IDGAF de Dua Lipa, et de Run Up de Major Lazer.

Stromae sera en concert à Vancouver le 21 octobre, à Montréal les 25, 26 et 27 no‐ vembre, à Toronto le 29 no‐ vembre, à Québec le 11 dé‐ cembre, avant de revenir une dernière fois dans la métro‐ pole québécoise le 14 dé‐ cembre.

Ce texte a été écrit à partir d'une entrevue réalisée par Marie Villeneuve, animatrice de l'émission Phare Ouest. Les propos ont pu être édités à des fins de clarté et de concision.

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