Puits inactifs : voici ce que 1 G$ d’Ottawa a permis de nettoyer en Alberta
Plus de 34 000 puits pétro‐ liers et gaziers inactifs ont été nettoyés ou le seront prochainement grâce au milliard de dollars qu’Otta‐ wa a alloué à l’Alberta il y a deux ans et demi et qui a été totalement distribué. Environ 20 000 subissent une évaluation environne‐ mentale. Bon ou mauvais usage de cet argent public? Le bilan est flou. Succès économique
Le premier objectif de ce fi‐ nancement n’était pas envi‐ ronnemental, mais écono‐ mique. L’enveloppe de 1 mil‐ liard de dollars avait été ac‐ cordée au début de la pandé‐ mie, à un moment où le prix du pétrole a brutalement chu‐ té.
De ce point de vue, le gou‐ vernement albertain crie au succès retentissant parce qu’il a aidé à remettre les Alber‐ tains au travail. Selon les chiffres avancés par le gouver‐ nement, 4700 emplois ont été créés à ce jour pour s’assurer que ces puits pétroliers et ga‐ ziers inactifs sont scellés et que les terres sont remises dans leur état originel.
L’association qui repré‐ sente les entreprises de ser‐ vices énergétiques, Enserva, ajoute que ce soutien à l’em‐ ploi ne se tarit pas avec la fin du financement fédéral. Nous constatons que cette maind’oeuvre est transférable. Ces personnes qui travaillent sur les sites de remises en état des puits sont celles qui tra‐ vailleront sur les sites quand nous aurons entamé la transi‐ tion énergétique, souligne Nancy Wanye, analyste des politiques à Enserva.
Principe enfreint? pollueurpayeur
D’un point de vue environ‐ nemental, le bilan est toute‐ fois plus mitigé, selon Daryl Bennett, directeur du groupe de défense des propriétaires terriens Action Surface Rights.
Sa critique principale tient au choix des puits qui ont été nettoyés grâce au finance‐ ment public.
Le Bureau du directeur parlementaire du budget a ré‐ vélé en janvier que la moitié des fonds qui avaient été al‐ loués au moment de son ana‐ lyse étaient allés à des entre‐ prises profitables.
Nous sommes censés être dans un système de pollueurpayeur et, clairement, ce n’est pas le cas. [...] Soit nous n’ap‐ prenons rien, soit [les pétro‐ lières] ont appris à profiter encore plus du système.
Daryl Bennett, Action Sur‐ face Rights
Des documents dispo‐ nibles seulement pour une partie du programme montrent que Canadian Na‐ tural Resources a bénéficié à hauteur de plus de 170 mil‐ lions de dollars du pro‐ gramme. Cenovus a reçu indi‐ rectement au moins 65 mil‐ lions de dollars. Le gouverne‐ ment albertain n’a pas souhai‐ té divulguer une liste com‐ plète des entreprises qui sont propriétaires de ces puits net‐ toyés grâce aux deniers pu‐ blics, seulement celle des en‐ treprises effectuant le travail de nettoyage.
Manque rence de transpa‐
Ce manque de transpa‐ rence est problématique aux yeux du professeur agrégé de comptabilité à l’Université mé‐ tropolitaine de Toronto et en‐ vironnementaliste Thomas
Schneider. Quels ont été les coûts exacts du travail d’aban‐ don et de remise en état? Quel travail reste-t-il à faire? Combien de temps ce travail va-t-il prendre?, demande-t-il.
Les réponses à ces ques‐ tions permettraient d’avoir une meilleure idée de la fac‐ ture totale de nettoyage de tous les puits inactifs et or‐ phelins de l’Alberta, dit-il. Cer‐