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Ces candidats à la mairie de Toronto qui remettent en question le statu quo

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À quelques jours des élec‐ tions municipale­s, l’indiffé‐ rence semble régner chez plusieurs électeurs toron‐ tois. D’autres citoyens choi‐ sissent pourtant l’autre ex‐ trême : se présenter à la mairie. Avec leurs cam‐ pagnes, certains candidats moins connus veulent re‐ mettre en question le sta‐ tu quo.

Bonjour, je m’appelle Sarah et je me présente pour être maire!

À l’extérieur d'une épicerie dans son quartier de Toronto, Sarah Climenhaga fait cam‐ pagne avec une amie et son fils, malgré la pluie.

C’est la deuxième fois que Mme Climenhaga se présente à la mairie. Mère de trois en‐ fants, elle se dit citoyenne avant tout.

Chaque jour, je fréquente les entreprise­s locales et les bibliothèq­ues. J’utilise le trans‐ port en commun et je me dé‐ place aussi en bicyclette. Je vis comme la majorité des Toron‐ tois, lance-t-elle.

Ses priorités : la qualité du transport en commun, le lo‐ gement abordable, l’environ‐ nement. Mais plus que tout, Sarah Climenhaga veut être un exemple pour les Toron‐ tois. Elle veut les inspirer à combattre l’indifféren­ce et à participer au fonctionne­ment de leur ville.

Je veux que les gens réa‐ lisent qu’ils sont importants et que le gouverneme­nt doit travailler pour les citoyens.

Sarah Climenhaga, candi‐ date à la mairie de Toronto

Je ne veux pas simplement inciter les gens à aller voter le 24 octobre, mais aussi cher‐ cher des opportunit­és de s'engager chaque jour, ex‐ plique-t-elle.

Inspirée par la culture soli‐ daire et engagée des Français et des Québécois, la candi‐ date Chloe Brown veut rappe‐ ler aux Torontois que la seule façon d’avancer, c’est en‐ semble.

Je veux inspirer les gens et leur rappeler que ce n’est pas nécessaire d’être un politicien pour faire avancer les choses, dit-elle.

Il y a un manque de com‐ préhension de l’apathie poli‐ tique. Les gens parlent de po‐ litique, mais ils sont tannés des politicien­s.

Chloe Brown, candidate à la mairie de Toronto

Mme Brown travaille avec les jeunes à l’Université Mé‐ tropolitai­ne de Toronto et elle dit comprendre les réalités des personnes qui n’ont pas nécessaire­ment les moyens.

Plus que tout, elle veut agir comme un exemple pour ses concitoyen­s.

Ma raison pour me pré‐ senter à la mairie, c’est pour que les gens aient des at‐ tentes plus élevées de nos gouverneme­nts. Nous avons les outils nécessaire­s pour changer les choses, dit-elle.

Un besoin pour plus de temps et de ressources

Le candidat Jack Yan est pour sa part travailleu­r auto‐ nome en finance et ne s’est ja‐ mais présenté lors des élec‐ tions. Ses enjeux principaux : le logement, l’itinérance et le taux de criminalit­é à Toronto. Il veut également évaluer les dépenses gouverneme­ntales.

Je fais surtout campagne sur les réseaux sociaux, mais si j’avais plus de ressources je pourrais certaineme­nt élargir ma campagne, dit-il.

Il s’est lancé en politique pour agir et faire plus que se plaindre de l’état de Toronto, surtout en ce qui concerne certains quartiers.

M. Yan explique que l’enga‐ gement citoyen prend du temps et des ressources fi‐ nancières que plusieurs To‐ rontois n’ont tout simplement pas.

Certains candidats manquent probableme­nt de temps, de flexibilit­é et de res‐ sources pour réellement faire campagne.

Jack Yan, candidat à la mai‐ rie de Toronto

Je gère mes propres ho‐ raires et j’ai le temps de me présenter. Mais si j’avais un emploi régulier, comme dans une banque par exemple, je pense que je serai beaucoup moins motivé, explique-t-il.

La professeur­e adjointe en science politique à l’Université Western, Evelyne Brie, confirme que se présenter en politique, peu importe le ni‐ veau, a un coût élevé.

Toute personne qui décide de se présenter en politique va avoir besoin d’une situa‐ tion financière qui lui permet de s’engager, dit-elle. Ce n’est pas seulement exigeant en matière de temps, mais aussi en ce qui concerne le salaire.

Se présenter malgré tout

Selon plusieurs observa‐ teurs, dont Mme Brie, le maire sortant John Tory se dirige vers la victoire dans la course à la mairie de Toronto : une tendance déjà présente avant la période de nomination des élections municipale­s, selon elle.

Malgré tout, 30 autres can‐ didats se sont présentés, dont Sarah Climenhaga, Chloe Brown et Jack Yan.

31 candidats, ça peut sem‐ bler beaucoup, mais statisti‐ quement c’est extrêmemen­t rare que les gens se pré‐ sentent aux élections munici‐ pales. Il y a un très grand coût d’entrée, c’est-à-dire, le pro‐ cessus pour s’inscrire, le finan‐ cement de la campagne et le temps à investir, explique-telle.

Même si les candidats ne remportent pas la course à la mairie, ils vont informer les ci‐ toyens par rapport à l’élection municipale.

Evelyne Brie, professeur­e adjointe en science politique à l'Université Western

Evelyne Brie soutient pourtant que 31 candidats à la mairie, c’est plus qu’à l’habi‐ tude, surtout dans un contexte d'apathie général qui vient avec les élections municipale­s.

Il y a plusieurs théories qui pourraient expliquer pour‐ quoi autant de personnes se présentent. Dans un premier lieu, il y a peut-être des gens qui sont particuliè­rement in‐ satisfaits du gouverneme­nt municipal, explique-t-elle.

Sinon, la professeur­e ad‐ jointe indique que certaines personnes pourraient avoir un souci de représenta­tion et ils souhaitent que les groupes auxquels ils appartienn­ent soient représenté­s dans la course.

Certains candidats pour‐ raient également vouloir de‐ venir une figure publique et chercher à se faire connaître par l’entremise de la course à la mairie, selon elle, alors que d’autres ont un certain idéa‐ lisme.

Les gens qui veulent être candidats, ce sont des gens ambitieux et idéalistes qui dé‐ cident de promouvoir leur programme politique grâce à un poste qui est, d’une part, difficile à obtenir, mais qui leur donnerait une grande flexibilit­é s’ils l'obtiennent, ditelle.

Jack Yan admet pour sa part que c’est une course qui sera difficile à gagner pour lui, alors que Chloe Brown et Sa‐ rah Climenhaga préfèrent ne pas s’attarder sur les pos‐ sibles résultats. La priorité pour elles, c’est qu’elles se pré‐ sentent.

Mon but, c’est d’élever le niveau du discours politique municipal, lance Chloe Brown.

De son côté, Sarah Climen‐ haga ne pense pas à ses chances.

Le jeu, je laisse ça à Las Ve‐ gas puisque ça n’a pas sa place en politique, dit-elle. Ça arrête les débats et la partici‐ pation. Moi, je sais à 100% que je vais voter pour Sarah pour le poste de maire. Les autres, c’est à eux de décider.

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