Un marathon par jour pour une meilleure gestion de la crise des surdoses
Un peu plus d’un mois après avoir perdu son fils d’une surdose, une femme de Victoria court l’équi‐ valent d’un marathon chaque jour autour de l’édifice du ministère de la Santé dans l’espoir de sen‐ sibiliser le gouvernement et la population à l’impor‐ tance d’un approvisionne‐ ment en drogues sécuri‐ taires.
Tous les jours de la se‐ maine depuis le 3 octobre, Jes‐ sica Michalofsky installe ses pancartes et ses bannières au coin des rues Johnson et Pan‐ dora à Victoria avant d’enfiler ses souliers de course.
Une photo de son fils, Au‐ brey Michalofsky, décédé d’une surdose accidentelle de drogue illicite le 13 août, trône sur une table où se regroupe une poignée de personnes ve‐ nues soutenir la coureuse.
Il était vraiment charmant et intelligent. Il était étudiant au collège dans un pro‐ gramme de loi et justice et il était vraiment intéressé par la justice réparatrice et je pense que c’est ce qu’on essaye de faire ici, explique Jessica Mi‐ chalofsky avant de s’élancer pour une 13e journée de ma‐ rathon.
Elle est persuadée que si son fils, qui vivait alors dans une région rurale, avait eu ac‐ cès à des services et à un ap‐ provisionnement de drogues sécuritaires, sa mort aurait pu être évitée.
Avec sa course quoti‐ dienne, dont elle partage la progression chaque jour sur les réseaux sociaux, elle sou‐ haite augmenter la pression sur le gouvernement pour une meilleure gestion de cette crise de santé publique.
C’est un énorme problème et je pense que le gouverne‐ ment est terriblement irres‐ ponsable en n’informant pas le public adéquatement. Nous devrions avoir autant d’infor‐ mation que ce qui était com‐ muniqué pendant la pandé‐ mie de COVID-19, soutientelle.
Parmi les personnes ve‐ nues l’encourager, ce matin-là se trouve Correne Antrobus, responsable du groupe Hol‐ ding Hope (Gardez espoir) de l'organisation Moms Stop the Harm et dont la fille est aux prises avec une dépendance au fentanyl depuis 14 ans.
C’est une situation très stressante, que nous appe‐ lons le deuil anticipé, et tout particulièrement avec le ni‐ veau de toxicité de drogues aujourd’hui. C’est une roulette russe ou nos proches peuvent mourir n’importe quand comme ça a été le cas avec le fils de Jessica, illustre-telle.
En plus d’un approvision‐ nement en drogues sécuri‐ taires, Correne Antrobus sou‐ haiterait voir le gouverne‐ ment augmenter le nombre de places disponibles dans les centres de traitements contre les dépendances.
Les gens ne devraient pas se faire dire qu’ils doivent rap‐ peler plus tard et attendre pour des semaines, voire des mois avant d’accéder à un traitement, s’indigne-t-elle.
Selon elle, la décriminalisa‐ tion d’une petite quantité de drogue, prévue pour jan‐ vier 2023, ne ralentira en rien le nombre de décès liés aux surdoses de drogues illicites en Colombie-Britannique.
Les décès vont continuer, voire empirer. L’année der‐ nière nous avons perdu 2224 personnes et cette an‐ née nous sommes en voie d’en perdre encore plus, rap‐ pelle-t-elle.
De son côté, Jessica Micha‐ lofsky indique avoir reçu une lettre de la ministre de la San‐ té mentale et des dépen‐ dances, Sheila Malcolmson, afin d’organiser une rencontre dans deux semaines.
Mais je n'ai pas vraiment d'espoir que ma conversation avec elle va changer grandchose, dit-elle.
D’ici à ce que les choses changent réellement, Jessica Michalofsky assure qu’elle continuera de courir autour de l’édifice du ministère de la Santé tant, et ce, aussi long‐ temps que son corps le lui permettra.