Le sol bouge à Sainte-Marthe-sur-le-Lac
En juin 2020, Marie-Josée Massé, Martin Léger et leurs deux enfants emmé‐ nagent sur la 43e avenue à Sainte-Marthe-sur-le-Lac. Comme leur maison n’a pas été inondée en 2019, ils sont rassurés.
Mais un an après leur achat, la résidence présente de lourds dommages.
On s'est rendu compte que la maison a commencé à travailler. Qu’il y avait de l'ou‐ verture qui se créait dans la brique, que ça lézardait. Martin Léger Présentement, l'urgence, c'est vraiment de solidifier notre maison.
Marie-Josée Massé
Hénault et Gosselin, une entreprise spécialisée en ins‐ tallation de pieux, évalue les réparations à près de 130 000 $.
Plusieurs résidents du même quartier constatent des problèmes similaires.
Dans ma chambre, j'ai un mur qui s'est écrasé comme on écraserait une canette de liqueur.
Julie Ménard
Selon le ministère de la Sé‐ curité publique, les inonda‐ tions de 2019 n'en seraient pas la cause. Les résidents croient que l’usine d’eau po‐ table en serait la cause. Avant on puisait l'eau de Deux-Mon‐ tagnes, on n'avait pas de pro‐ blème, précise Julie Ménard. Depuis 2014 qu'ils ont puisé l'eau, on a des problèmes de‐ puis ce temps-là. Est-ce que je suis sur une veine d'eau et quand ils pompent, ça draine tout en dessous?
Le maire de SainteMarthe-sur-le-Lac, François Robillard ne croit pas que l’usine est en cause.
Je n'ai pas une étude géo‐ technique où on me dit qu'il y a eu des problèmes générali‐ sés de sol.
François Robillard Pourtant, selon nos sources, la Ville a demandé une étude en 2020 pour connaître, entre autres, les causes d’un glissement de ter‐ rain qui s'est produit sur la rive du lac Val-des-Sables, lac où l’on puise l’eau potable. Elle refuse de la rendre publique. Il y a une façon de faire qui est l'accès à l'information. C'est par là qu'il va falloir que les gens passent pour avoir accès à ces documents là, indique François Rémillard.
La seule façon pour les ré‐ sidents de prouver la respon‐ sabilité de la Ville est de réali‐ ser des tests de sols, selon le professeur Vincenzo Silvestri, spécialiste des sols.
Il faudrait savoir exacte‐ ment où la Ville puise l'eau. À quel endroit exactement. À quelle profondeur. Et pour ça, il faut obtenir les tests de sols que la Ville a effectués.
professeur Vincenzo Sil‐ vestri
Toutes les réclamations des résidents ont été refusées par la Ville. Selon le maire François Robillard, les rési‐ dents devront passer par le système de justice et le far‐ deau de la preuve leur re‐ vient. Il refuse de rendre pu‐ blics les tests de sols effectués lors de la construction de l’usine d’eau potable.
Les résidents de SainteMarthe-sur-le-Lac auraient souhaité que la Ville se pré‐ vale du programme de sub‐ vention Rénovation Québec de la Société d’habitation du
Québec. Le programme pré‐ voit que le gouvernement et la Ville paient les deux tiers de la facture et le résident, le tiers. Mais le maire rejette ce programme et souhaite faire cavalier seul. Son programme qu’il souhaite créer d’ici la fin de l’année sera ouvert aux ré‐ sidents touchés et aussi à ceux qui ont déjà pieuté leur maison.
La Ville veut payer 10 000 $ à plusieurs résidents jusqu’à concurrence de 100 000 $. On veut aider plus de citoyens avec des plus petits montants que le programme Rénova‐ tion Québec.
François Robillard En attendant, Marie-Josée Massé et Martin Léger ont payé près de 150 000 $ pour stabiliser leur maison. Reste maintenant à reconstruire le sous-sol et à refaire tout l’aménagement extérieur.
Le reportage de Nancy Desjardins et de Carole Pelka est diffusé à La facture le mar‐ di à 19 h 30 et le samedi à 12 h 30 à ICI Télé.