Crise des urgences : un urgentologue de l’Hôpital Saint-Boniface sonne l’alarme
Lors d’une conférence de presse organisée mardi ma‐ tin, le Dr Kristjan Thomp‐ son, urgentologue à l'Hôpi‐ tal Saint-Boniface (HSB) a décrit la situation « chao‐ tique » qui caractérise le système de santé provin‐ cial depuis plusieurs se‐ maines.
Il a lancé, de nouveau, un appel à l’aide et demande au gouvernement manitobain de passer à l’action le plus tôt possible!.
De nombreuses personnes se rendent aux urgences parce qu'elles n'ont pas d'autre choix, indique-t-il, en ajoutant que plus de 150 000 Manitobains ne peuvent pas trouver de médecin de fa‐ mille.
J'aime mon travail, mes collègues et les personnes dont je m'occupe chaque jour, mais ce qui se passe ac‐ tuellement n'est pas viable. Les choses peuvent s'amélio‐ rer, mais nous avons besoin d'aide.
Dr Kristjan Thompson, ur‐ gentologue à l'Hôpital SaintBoniface
La situation se complique de plus en plus, car plusieurs infirmières décident de dé‐ missionner à cause du stress. Ces infirmières qualifient cette situation du pire qu'elles aient jamais vu, selon le Dr Thompson.
Neuf médecins sur dix prévoient le pire
Avec beaucoup d’émotion, l'urgentologue de l’HSB a ra‐ conté qu’un patient attendait plus de 18 heures, dimanche dernier, pour une occlusion intestinale. Un autre a atten‐ du plus de 10 heures et a été diagnostiqué avec une crise cardiaque.
Le Dr Kristjan Thompson ajoute aussi qu’à l’HSB, cer‐ taines personnes ont attendu jusqu’à 150 heures avant qu’elles ne soient admises.
Selon les statistiques par‐ tagées par le Dr Thompson lors de cette conférence, 93 % des médecins craignent que les hôpitaux manitobains soient débordés cet automne ou cet hiver, et 50 % des mé‐ decins connaissent des ni‐ veaux élevés ou très élevés d'épuisement professionnel.
Il s'agit d'un niveau record, tient à préciser le Dr Thomp‐ son.
En effet, 67 % des méde‐ cins déclarent avoir éprouvé une détresse morale pendant la pandémie.
Cela se produit lorsqu'une personne se sent incapable de fournir le niveau de soins qu'elle estime devoir fournir en raison d'obstacles institu‐ tionnels ou d'un manque de ressources, indique le Dr Thompson.
Cette conférence de presse vient après une série de gazouillis de l'urgento‐ logue de l'HSB décrivant l’état des urgences la fin de se‐ maine dernière.
Il ajoute que plusieurs de ses collègues ont des histoires similaires et que la situation devient de plus en plus catas‐ trophique.
Cette fin de semaine, pour la première fois, le Dr Kristjan Thompson a songé à démis‐ sionner. L'urgentologue de l'Hôpital Saint-Boniface es‐ time que le service des ur‐ gences a atteint le point de rupture et que des mesures immédiates s'imposent.
Le Dr Kristjan Thompson souligne qu'il a envisagé de suivre l'exemple d'un grand nombre de ses collègues infir‐ miers qui ont quitté le service au cours des derniers mois en raison de conditions de travail déraisonnables, d'un impor‐ tant épuisement profession‐ nel et de détresse morale.
Hier, c'était la première fois que j'ai pensé à démissionner, ajoute le médecin, qui est aus‐ si président du conseil d'ad‐ ministration de Doctors Mani‐ toba et ancien président de l'organisme.
Dix heures d'attente pour une crise cardiaque
Le Dr Kristjan Thompson explique ainsi que plusieurs hôpitaux à Winnipeg sont en surcapacité et que beaucoup de Winnipégois n’ont pas ac‐ cès aux soins de santé dans des délais raisonnables.
Si vous ne me croyez pas, écrit-il sur son fil Twitter, ve‐ nez demander à la personne que j'ai vue qui a attendu plus de 18 heures pour une occlu‐ sion intestinale, ou au pauvre homme qui a attendu plus de 10 heures alors qu'il faisait une crise cardiaque.
Kristjan Thompson appelle