Scott Gillingham, le maire de la minorité avec 10 % de vote de l’électorat de Winnipeg
Le maire élu, Scott Gillin‐ gham, entrera en fonction avec le soutien de la plus petite part de l'électorat de l'histoire moderne de Win‐ nipeg.
Seulement 37 % des élec‐ teurs admissibles ont voté, et de ce nombre, seule‐ ment 27 % ont voté pour le nouveau maire de la métro‐ pole. Cela signifie qu'il n'a re‐ çu l'appui que d'environ 10 % de l'électorat de Winnipeg.
Ces données interpellent les chercheurs ainsi que l’opi‐ nion publique winnipégoise. Les facteurs sous-jacents sont multiples et ils réduisent l’im‐ portance de l’engagement ci‐ vique par la participation au système politique.
Lors des élections fédé‐ rales de 2021, le taux de parti‐ cipation au Manitoba était de 76 %. Quant aux élections provinciales de 2019, au Mani‐ toba, le taux de participation était de 55 %. Pour les der‐ nières élections municipales à Winnipeg, ce taux a à peine franchi la barre des 37 %.
Chaque vote compte
Selon Christopher Adams, professeur de politique à l'Université du Manitoba, l'im‐ pression qu'un seul candidat avait la mainmise sur la course à la mairie a peut-être aussi dissuadé les électeurs.
Les sondages d'opinion ont toujours montré que Glen Murray avait une avance considérable sur Scott Gillin‐ gham.
Une chose qui augmente vraiment la participation élec‐ torale, c'est lorsque les gens sentent que leur vote a un im‐ pact.
Christopher Adams, pro‐ fesseur de politique à l'Univer‐ sité du Manitoba
Le professeur estime que certains électeurs ont peutêtre simplement supposé que Glen Murray gagnerait cette élection.
Le premier sondage de la campagne, publié au milieu de l'été, donnait à M. Murray une avance apparemment in‐ surmontable, puisque 44 % des électeurs décidés se pro‐ nonçaient en sa faveur, soit 28 points de plus que
M. Gillingham, qui occupait la deuxième place.
Un manque d'intérêt pour les nouvelles locales, le temps froid et la pandémie de CO‐ VID-19 en cours sont d'autres facteurs possibles, selon le professeur Christopher Adams.
Avec une si petite partie de l'électorat ayant voté pour le gagnant, M. Gillingham devra faire preuve de prudence dans la mise en oeuvre de son programme, qui comprend une augmentation de 3,5 % de l'impôt foncier et une aug‐ mentation des prélèvements sur les façades de 1,50 $ par pied, mentionne M. Adams.
Ce maire aura le sentiment qu'il doit s'assurer que diffé‐ rents membres de la commu‐ nauté collaborent avec lui, qu'il ne peut pas faire cavalier seul, précise le politologue Christopher Adams.
C’est primordial de vo‐ ter, mais…
Le manque d'engagement a joué un rôle pour certains qui ont décidé de ne pas vo‐ ter.
C'est décevant, mais je pense qu'il est difficile d'obte‐ nir l'engagement de la jeune génération, alors je ne sais pas s'il existe des moyens d'inciter plus de gens à voter, mentionne Mandi Siddiqui, qui a voté lors de l'élection.
De son côté, Davina Rose, qui vit avec ses frères et son père, déclare que personne dans son foyer n'a voté.
Je lutte contre le nihilisme, précise-t-elle en riant.
Vous voyez tellement de développement politique, mais pas beaucoup de chan‐ gement. Certes, je vois de pe‐ tites contributions, mais il faut de grands changements.
Davina Rose, électrice Win‐ nipégoise
Marvin Tanasychuk dit qu'il vote régulièrement aux élections provinciales et fédé‐ rales, mais que les élections municipales de cette année ne l'intéressent tout simple‐ ment pas.
Je pense que c'est triste. Je fais partie de ce problème, en ne votant pas, avoue-t-il.
Beaucoup de pays dans le monde n'ont pas le droit de vote. Alors je pense qu'en tant que Canadiens, nous de‐ vrions voter, parce que c'est notre devoir civique, et c'est la démocratie en action, pense-t-il.
Avec les informations de Cameron MacLean