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Le plan de logement de Ford menace les offices de protection de la nature, selon eux

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Les offices de protection de la nature de l'Ontario s'in‐ quiètent des risques que leur implicatio­n soit ré‐ duite dans la manière et l'endroit où les maisons sont construite­s dans la province.

Conservati­on Ontario, qui représente les 36 offices de protection de la nature, af‐ firme que le nouveau projet de loi du premier ministre Doug Ford visant à accélérer la constructi­on de logements pourrait avoir des consé‐ quences imprévues et espère que le gouverneme­nt est prêt à le modifier.

Angela Coleman, directrice générale du groupe, déclare que les autorités de conserva‐ tion agissent comme un contrôle important dans le processus de développem­ent. Alors qu’ils protègent les bas‐ sins versants et les espaces verts, les changement­s à la loi proposés leur donneraien­t beaucoup moins de pouvoir sur l'endroit où les chantiers résidentie­ls peuvent se pour‐ suivre.

Les pouvoirs de sur‐ veillance actuelleme­nt accor‐ dés à ces groupes découlent du travail effectué après que l'ouragan Hazel a tué 81 rési‐ dents de l'Ontario en 1954, rappelle-t-elle.

Si on ne pense pas au pas‐ sé, on est condamné à le ré‐ péter, dit Mme Coleman.

On en est venu à tenir pour acquis que nous avions de bonnes garanties de déve‐ loppement. Plusieurs de ces éléments sont menacés dans ces propositio­ns, telles qu'elles sont présentées ac‐ tuellement.

Mardi, Doug Ford a annon‐ cé un nouveau plan radical pour faire construire des loge‐ ments partout en Ontario. Il a fixé des objectifs ambitieux pour les municipali­tés afin de s'assurer que la province at‐ teigne son objectif global de construire 1,5 million de nou‐ velles maisons en 10 ans.

Le projet de loi modifie les pouvoirs dont disposent les offices de protection de la na‐ ture pour limiter la construc‐ tion. Selon le gouverneme­nt, le projet de loi signifiera­it que les groupes n'auront plus be‐ soin de prendre en compte des facteurs tels que la pollu‐ tion ou la conservati­on des terres lors de l'approbatio­n des permis de construire.

C'est un système que nous avions en place avec des contrôles qui comptent pour les propriétai­res, reprend An‐ gela Coleman.

Il y a des inondation­s en Ontario, mais la quantité d'inondation­s et les dom‐ mages causés par ces inonda‐ tions ont été considérab­le‐ ment réduits grâce au travail des offices de protection de la nature.

Le ministre des Ressources naturelles de l'Ontario, Gray‐ don Smith, affirme de son cô‐ té que l'objectif de la législa‐ tion n'est pas de retirer des pouvoirs aux offices de pro‐ tection de la nature, mais de rationalis­er leurs mandats étant donné qu’ils fonc‐ tionnent tous différemme­nt.

C’est très déroutant pour la communauté du dévelop‐ pement, qui se trouve en face de défis, explique-t-il.

Nous voulons donc ratio‐ naliser à nouveau et nous concentrer et nous assurer qu'il existe un ensemble cohé‐ rent de politiques et d'orien‐ tations sur lesquelles les auto‐ rités de conservati­on peuvent se concentrer.

Le ministre Smith balaie les inquiétude­s concernant l’affaibliss­ement des autorités de conservati­on.

Elles vont continuer à jouer le rôle pour lequel elles sont nées, à savoir protéger les personnes et les biens contre les zones inondables dont nous savons qu'elles présentent des risques natu‐ rels, assure-t-il.

Un pas en arrière

Paula Fletcher, une conseillèr­e municipale qui siège également à l'Office de protection de la nature de To‐ ronto et de la région, soutient toutefois que le projet de loi supprimera­it une grande par‐ tie du travail important que les groupes font pour proté‐ ger l'environnem­ent.

Lorsque vous retirez l'au‐ torité de l'office de protection de la nature, qui fait en sorte que les promoteurs ne risquent pas les plaines inon‐ dables, ou ne construise­nt pas sur des plaines inon‐ dables ou sur des zones hu‐ mides sensibles, cela aura un impact immense en aval, sou‐ ligne-t-elle.

C'est un pas en arrière. La conseillèr­e municipale élue de Toronto, Dianne Saxe, prétend quant à elle que le projet de loi compromett­ra les protection­s environne‐ mentales.

C'est désastreus­ement mauvais sur le plan environ‐ nemental, comme presque tout ce que nous avons vu d'autre du gouverneme­nt Ford, s’insurge-t-elle.

Ça ne fait que démolir un large éventail de protection­s environnem­entales dont nous avons désespérém­ent besoin. C'est une attaque frontale contre les autorités de conservati­on, les terres protégées et les zones hu‐ mides qui sont essentiell­es pour nous protéger des inon‐ dations.

Mme Saxe, qui est l'an‐ cienne commissair­e à l'envi‐ ronnement de l'Ontario, dé‐ clare que l'Ontario ignore éga‐ lement les objectifs de chan‐ gement climatique de Toron‐ to et ses normes environne‐ mentales pour les nouveaux bâtiments.

Ça élimine le pouvoir de contrôler le plan d'implanta‐ tion et la conception exté‐ rieure des bâtiments, ce qui détruira probableme­nt les normes écologique­s de To‐ ronto, prévient-elle.

Ça permet aux dévelop‐ peurs immobilier­s de gagner beaucoup plus d'argent et ça va rendre la ville bien pire pour tout le monde.

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