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Le complexe Romaine-4 est en service et « rentable » dit Hydro

- Zoé Bellehumeu­r

Alors que les travaux à la Romaine-4 s’achèvent, la demande en électricit­é continue de croître. L’im‐ portance du complexe de la Romaine prend tout son sens selon Hydro-Québec et certains experts. Les médias ont pu visiter le complexe.

La 4e centrale du com‐ plexe de la Romaine est main‐ tenant fonctionne­lle et il ne reste que quelques travaux de finition qui seront exécu‐ tés d'ici l'automne 2023 pour qu'il soit officielle­ment termi‐ né.

Les deux groupes tur‐ bines-alternateu­rs de Ro‐ maine-4 ont été inaugurés respective­ment les 28 juin et 16 septembre dernier.

On se sent vraiment fiers [avec] la constructi­on de pa‐ reils ouvrages.

François-Pierre Gau‐ dreault, chef de projets à Hy‐ dro-Québec

On a travaillé 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 pour atteindre cet objectif-là.

Benjamin Achour, respon‐ sable chantier à Hydro-Qué‐ bec

C’est en mai 2009 qu’avait lieu la première pelletée de terre de la constructi­on du complexe hydroélect­rique de la Romaine. En 2019, trois cen‐ trales sur quatre avaient été inaugurées. La mise en service de Romaine-4 a pour sa part été retardée d’un an, notam‐ ment la friabilité du roc sur le site du chantier.

Le chef de projets chez Hy‐ dro-Québec, FrançoisPi­erre Gaudreault, indique que d'autres raisons, notam‐ ment la pandémie de COVID19, expliquent aussi les re‐ tards dans la livraison des tra‐ vaux qui ont suscité leur lot de défis.

Le retard sur la livraison de Romaine-4 a été particuliè­re‐ ment dû au virage santé et sé‐ curité qui a en fait en sorte qu'on a pris un temps d'arrêt, soutient le chef de projets. On s'est donné le temps de revoir toutes nos procédures en ma‐ tière de santé et de sécurité pour travailler avec des exi‐ gences de meilleures ma‐ nières, ajoute M. Gaudreault.

Ce virage avait été mis en oeuvre après que des tra‐ vailleurs ont perdu la vie sur le chantier du complexe Ro‐ maine-4.

Le chef-chantier à HydroQuébe­c, Benjamin Achour, dit que le virage santé-sécurité a été un tournant dans la constructi­on du complexe.

Il explique les dernières étapes qui seront faites dans les prochains mois. Ce qu'il nous reste à faire? Je vous di‐ rais que ce sont les moments les plus intéressan­ts : termi‐ ner nos engagement­s envi‐ ronnementa­ux, aménager le site pour le rendre le plus vert et le plus environnem­ental possible, énumère-t-il.

Production mais rentable coûteuse,

Le coût total des travaux pour le complexe de la Ro‐ maine atteint 7,2 mil‐ liards de dollars.

Bien que le coût de pro‐ duction de l'énergie s'élève à 6,4 cent du kilowatthe­ure, l'un des plus élevés de tous les barrages au Québec, la pro‐ duction reste rentable puis‐ qu'elle est vendue à un coût plus élevé aux États-Unis par exemple, explique le porteparol­e d'Hydro-Québec, Fran‐ cis Labbé.

C'est le complexe le plus récent. Aujourd'hui, la constructi­on coûte plus cher qu'elle ne coûtait auparavant, et c'est un phénomène qui se perpétue dans le temps.

Francis Labbé, porte-pa‐ role d'Hydro-Québec

Donc oui, le coût de pro‐ duction est plus élevé. Par contre, les décisions qui ont été prises par le passé font en sorte que malgré tout, le coût global de l'énergie qu'on pro‐ duit au Québec demeure ex‐ trêmement abordable, met de l'avant le porte-parole.

A-t-on besoin de toute cette nouvelle énergie?

Le complexe Romaine-4 vient combler un besoin d'énergie dont le Québec aura besoin dans les prochaines années, affirme l'associée de recherche à l'Institut de l'éner‐ gie Trottier de Polytechni­que Montréal, Éloïse Edom.

Alors là, tout de suite, au‐ jourd'hui, ce n’est pas une énergie dont on a besoin né‐ cessaireme­nt. Cependant, Hy‐ dro-Québec nous a déjà dé‐ montré qu'il y a plusieurs op‐ portunités pour exporter l’énergie quand il y en a trop.

Éloïse Edom, associée de recherche à l'Institut de l'éner‐ gie Trottier de Polytechni­que Montréal

Mais aussi, il faut voir que dans un futur très proche, là on parle de 2025, 2026, 2027. On est déjà dans un manque d'énergie, on a besoin d'éner‐ gie supplément­aire au Qué‐ bec, mentionne Éloïse Edom.

Elle ajoute que le dévelop‐ pement de nouvelles cen‐ trales peut prendre des an‐ nées à terminer, raison pour laquelle il faut planifier.

La demande future est énorme, on parle de l'ordre de 50 % de plus que ce qu'on a maintenant. Est-ce qu'on a besoin de nouveaux bar‐ rages? Peut-être, je n'ai pas la réponse. Il faut y réfléchir longtemps, je pense.

Éloïse Edom, associée de recherche à l'Institut de l'éner‐ gie Trottier de Polytechni­que Montréal

La priorité est de ré‐ duire l'énergie, dit un ana‐ lyste

Pour l'analyste en régle‐ mentation dans le secteur de l'énergie, Jean-François Blain, la priorité de la province de‐ vrait être de réduire la consommati­on. Afin de re‐ mettre en marché de l'énergie qui nous coûte beaucoup moins cher à produire actuel‐ lement, environ 2 cents et de‐ mi, que le coût de futurs ou‐ vrages hydroélect­riques, qui seraient plutôt de 8 à 10 cents, expose-t-il.

La constructi­on de bar‐ rages ne devrait pas être la priorité première (sic). La prio‐ rité devrait être la réduction de notre consommati­on d'énergie et de nos besoins en puissance.

Jean-François Blain, ana‐ lyste en réglementa­tion dans le secteur de l'énergie

Depuis quelques années, et il l'a répété pendant la cam‐ pagne électorale, le premier ministre du Québec Fran‐ çois Legault dit envisager la constructi­on de nouveaux barrages hydroélect­riques.

Avec les informatio­ns de Lambert Gagné-Coulombe et Catherine Gosselin

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