Radio-Canada Info

Mon ami Dino: le vrai du faux

- Helen Faradji

Qui est vraiment Dino Ta‐ varone? Un faux documen‐ taire tente de percer le mystère!

Moi, je n'ai pas peur de mourir, j'ai peur de perdre la vie.

Dino Tavarone

Tout le monde se souvient de l’inoubliabl­e mafieux qu’il interpréta­it dans la série Omertà. Mais à 72 ans, au moment où Mon ami Dino le dépeint, Dino Tavarone est malade.

Et tandis que le cinéaste

Jimmy Larouche le suit pour faire un documentai­re sur sa vie, les examens et visites mé‐ dicales s’enchaînent et l’acteur se confie de plus en plus ou‐ vertement – parfois en com‐ pagnie de ses proches, dont Michel Côté – sur sa vie mou‐ vementée (notamment à pro‐ pos de son passage en prison et de la reconnaiss­ance tar‐ dive de sa fille).

Débarqué un peu par sur‐ prise dans le paysage du ciné‐ ma québécois, le cinéaste in‐ dépendant du Saguenay Jim‐ my Larouche (La cicatrice, An‐ toine et Marie) s’essayait donc avec ce film réalisé en 2016 à ce genre chéri de notre cinéma : le faux documen‐ taire. Le cinéma direct, convo‐ qué dans certaines sé‐ quences, et la mise en scène documentai­re se marient donc à la fiction, parfois de fa‐ çon un peu visible, certes, mais en entretenan­t sans cesse ce vertige du vrai-faux qui est le sel du genre.

Mais Mon ami Dino, s’il compte encore sur la pré‐ sence d’interprète­s amateurs particuliè­rement justes et de dialogues aussi sentis que touchants (la plupart improvi‐ sés), est surtout porté par la personnali­té assez unique de Tavarone. Il faut voir cette scène de début où, partici‐ pant à une audition, cigarette au bec et lunettes de soleil sur le nez, il refuse de pleurer sur commande avec une attitude assez irrésistib­le.

Ultra-charismati­que, ultraattac­hant dans le genre noble et bourru à la sensibilit­é af‐ fleurant sans cesse, il est l’épine dorsale de ce portrait qui déraille pour de faux, mais qui réussit à émouvoir pour de vrai.

Mon ami Dino,

ICI Tou.tv Extra.

La bande-annonce (source : YouTube)

à voir sur

son bébé. S'ensuivent des re‐ bondisseme­nts inattendus, dans un territoire aussi vaste que sauvage, des rencontres surprenant­es et une traque haletante; le tout dans un style hyper rythmé.

La survie lors de trajets dans des conditions extrêmes est fort bien décrite, avec me‐ nu détail. Tous les Canadiens connaissen­t la forêt boréale, on y est tous allés en va‐ cances, mais j'ai fait beaucoup de recherches sur les voya‐ geurs de l'époque, les explora‐ teurs, explique l'écrivain, qui s'est inspiré notamment des journaux d'un couple d'explo‐ rateurs américains de 1905.

L'écriture, un long tra‐ vail

Le style est concis et poé‐ tique. Pour le romancier, l'écri‐ ture est un travail achar‐ né. Tous des loups était d'ailleurs beaucoup plus volu‐ mineux au départ. Les cha‐ pitres d'introducti­on et de conclusion ont été élagués à la demande de l'éditeur.

Tchekhov, le grand auteur russe, disait toujours aux nouveaux écrivains "quand vous avez fini votre récit, en‐ levez le premier paragraphe et le dernier; c'est toujours là qu'on se fourvoie." Et dans ce cas-ci, il avait tout à fait rai‐ son. Ça fait un roman beau‐ coup plus concis, beaucoup plus direct.

Ronald Lavallée, écrivain

Retour aux sources

Difficile de devoir désen‐ combrer sa propre histoire?

Peut-être un peu moins pour un ancien journalist­e, parce qu'on a l'habitude d'être corrigé, mais oui, c'est toujours pénible! C'est en‐ nuyeux, parce que ça de‐ mande énormément de tra‐ vail. Il faut recommence­r constammen­t!, ajoute Ronald Lavallée, qui a le sentiment de s'améliorer comme écrivain. Il serait à peu près temps, j'ai 68 ans! affirme-t-il, le sourire dans la voix.

Et en même temps, curieu‐ sement, je reviens aux ori‐ gines. Mon premier livre se déroulait dans l'ouest cana‐ dien. Ensuite, j'ai fait deux ro‐ mans sur le Québec. [...] Et je reviens maintenant dans l'Ouest avec ce quatrième ro‐ man.

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