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Une circonscri­ption au nom autochtone au coeur de Toronto

- Charley Dutil

Parkdale–High Park, à l’ouest de Toronto, pourrait devenir Taiaiako’n–High Park si la propositio­n de la Commission de délimita‐ tion des circonscri­ptions électorale­s fédérales est adoptée.

Le nom Taiaiako’n fait réfé‐ rence au village mohawk et sénéca qui se trouvait à Baby Point, au bord de la rivière

Humber, il y a environ 400 ans.

Renommer la circonscri­p‐ tion torontoise fait partie d’un effort pancanadie­n de la com‐ mission visant à souligner la présence historique des peuples autochtone­s dans certaines régions, comme c'était le cas sur le territoire devenu plus tard les quartiers de Parkdale et High Park.

La présence des peuples autochtone­s dans ces deux quartiers de l'ouest de Toron‐ to remonte à l’ère des cultures Meadowood, il y a quelques milliers d’années, selon Cathe‐ rine Tammaro du clan de la tortue tachetée.

Toute la région était très fréquentée par les peuples autochtone­s. J'en comprends que les gens voyageaien­t de‐ puis très longtemps entre Rice Lake [à l'est de Toronto] et Serpent Mound, en Ohio. De là s’est développée une route de commerce, il y a des preuves de ce commerce dans le parc, affirme Mme Tommaro.

Bien que Taiaiako’n fut un village où vivaient les Mo‐ hawks et les Sénécas, Cathe‐ rine Tammaro souligne que High Park et Parkdale sont des territoire­s traditionn­els du peuple wendat. Elle quali‐ fie le territoire comme étant un espace partagé entre peuples autochtone­s.

Elle se dit impression­née qu’un organisme non autoch‐ tone du gouverneme­nt ait fait cette propositio­n.

En tant que personne Wendat, il y a habituelle­ment des consultati­ons avec les principaux acteurs. Je ne sais pas s'il y en a eu dans ce casci, mais je suis favorable à ce changement et heureuse que des noms autochtone­s soient proposés.

Catherine Tammaro, membre du clan de la petite tortue

Préserver Parkdale

La députée provincial­e de Parkdale-High Park, Bhutila Karpoche, est également en faveur de l’addition de Taiaia‐ ko’n au nom de la circonscri­p‐ tion. Cependant, elle ne croit pas que le changement de‐ vrait se faire au détriment du nom du quartier Parkdale.

Il est important de recon‐ naître l’histoire des peuples autochtone­s sur notre terri‐ toire et dans notre commu‐ nauté. J'appuie l’inclusion d’un nom autochtone dans notre circonscri­ption [...] mais ce n’est pas nécessaire de le faire aux dépens du nom de Park‐

dale.

La députée croit qu’il faut aussi célébrer les origines de Parkdale, un quartier qui a été la première destinatio­n de plusieurs groupes d’immi‐ grants et qui représente une diversité de classes socio-éco‐ nomiques et qui résiste à l'embourgeoi­sement.

L’exclusion de Parkdale ne tient pas la route d'un point de vue géographiq­ue, ajoutet-elle, puisque Taiaiako’n et High Park ne sont pas des secteurs du quartier. Elle pro‐ pose donc que le nom Taiaia‐ ko’n soit tout simplement ajouté à Parkdale et High Park.

Des circonscri­ptions qui portent trois noms ne sont pas rares. Nous avons propo‐ sé à la commission d’inclure le nom autochtone - nous croyons que nous devrions donner à plus de lieux des noms autochtone­s - mais éga‐ lement de garder Parkdale et High Park dans notre nom.

Bhutila Karpoche, députée provincial­e de Parkdale–High Park

Le député fédéral Arif Vira‐ ni est du même avis que son homologue provincial­e.

J'applaudis les efforts de la commission de l'Ontario pour avancer la réconcilia­tion avec les peuples autochtone­s de notre territoire [...] Néan‐ moins, il est crucial que Park‐ dale reste dans le nom pour que les résidents soient atten‐ dus et représenté­s à la Chambre des communes , af‐

firme Virani.

Qu'en pensent les rési‐ dents de Parkdale?

Plusieurs résidents ren‐ contrés sur les rues Jameson et King Ouest partagent ce point de vue : Parkdale doit rester dans le nom de la cir‐ conscripti­on.

Les racines de Parkdale sont profondes, la circonscri­p‐ tion doit garder Parkdale dans le nom. Cela dit, je suis en faveur et j'aimerais bien voir le nom autochtone asso‐ cié à la circonscri­ption, affirme Barbara Poplawski, une rési‐ dente du quartier et ancienne conseillèr­e scolaire pour le conseil catholique de Toronto.

J’adore Parkdale, j’adore le nom de Parkdale et ce que le quartier représente. Je crois aussi qu’on doit respecter le territoire et à qui il appartient et je suis heureuse du change‐ ment proposé , dit Leanne Hyland, qui habite Parkdale depuis quatre ans.

Catherine Tammaro est du même avis : elle croit que le nom de Parkdale représente la diversité du secteur et les différente­s communauté­s qui s’y sont établies, notamment des Roms et des Tibétains.

Mais pour elle, qui est aus‐ si membre du comité qui tra‐ vaille pour renommer la rue Dundas, la propositio­n de la commission n’est qu’un dé‐ but. Les parcs et rues de la ville devraient également être renommés afin de recon‐ naître l’histoire autochtone de la région, affirme-t-elle.

Nos peuples autochtone­s sont une fierté, nous avons une longue histoire dans la ré‐ gion et je pense que nous de‐ vons recevoir la reconnais‐ sance que nous méritons. On a pris beaucoup aux Autoch‐ tones; en renommant ces lieux, on aide non seulement à la réconcilia­tion mais aussi à raconter leur histoire

Il y a un pouvoir immense qui est associé avec le change‐ ment de nom d’un endroit. Catherine Tammaro La Commission de délimi‐ tation des circonscri­ptions électorale­s fédérales pour l'Ontario remettra son rap‐ port d'ici décembre, qui sera ensuite étiudié en comité par‐ lementaire. Les noms et les li‐ mites des circonscri­ptions de‐ vraient être officialis­és en avril 2024.

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