Traverse Matane–Côte-Nord : l’Apollo était-il la seule solution?

L’ancien président-direc‐ teur général (PDG) par inté‐ rim de la Société des tra‐ versiers du Québec (STQ), François Bertrand, vient de jeter un nouveau pavé dans la mare de la saga en‐ tourant la traverse Ma‐ tane–Baie-Comeau-God‐ bout.

L'ancien PDG prétend sur son fil Twitter qu'il aurait sug‐ géré au printemps 2018 au ministère des Transports d’acheter le navire Saaremaa. Cet achat lui aurait été refusé.

Dans une version précé‐ dente de ce texte, il était écrit que François Bonnardel était ministre des Transports au printemps 2018. Or, il a été nommé ministre en octobre 2018. André Fortin était mi‐ nistre des Transports à cette époque.

M. Bertrand ajoute par ailleurs, toujours sur Twitter, que la STQ a acheté à la hâte le navire Apollo en raison de fortes pressions politiques. Il a été démis de ses fonctions à la fin du mois de janvier 2019.

M. Bertrand nous a confir‐ mé avoir rédigé ce gazouillis, mais il a décliné la demande d'entrevue.

La déclaration de l'ex-PDG François Bertrand surprend puisque neuf mois plus tard, le jour de l'acquisition du tra‐ versier, l'ancien ministre des Transports François Bonnar‐ del avait mentionné en entre‐ vue à Radio-Canada avoir en‐ voyé une lettre qui pressait le PDG de la STQ de trouver ra‐ pidement une solution pour assurer la liaison entre les deux rives.

J’ai envoyé une lettre à M. Bertrand au début de l’année, lui disant : ''Je vous donne un mois pour établir un plan de match afin d'être capable de définir comment, quand le CTMA Vacancier va retourner aux îles de la Madeleine, on va être capables de répondre aux problèmes affectant nos passagers, ceux qui tra‐ versent avec des camions, des automobiles.'' Il fallait rapide‐ ment trouver des pistes de solutions, et l’Apollo était dis‐ ponible.

François Bonnardel, ex-mi‐ nistre des Transports, extrait de l'entrevue à l'émission de Patrice Roy le 16 janvier 2019

L’achat à la hâte du navire Apollo au coût de 2,1 millions de dollars par la STQ n’a tou‐ tefois pas été concluant. Après seulement 17 jours de navigation et des incidents à l'arrimage, le navire a été mis au rancart par Transports Ca‐ nada. Une inspection acca‐ blante du Bureau de la sécuri‐ té des transports du Canada avait révélé que le traversier avait des problèmes, notam‐ ment, d’étanchéité de la coque et du pont.

La STQ a finalement ache‐ té pour 39 millions de dollars le navire Saaremaa, qui pour‐ rait prendre la relève du F.-A.Gauthier à la mi-avril .

Le Saaremaa offert à Bonnardel en 2019

Questionné à ce sujet, l'exministre des Transports, Fran‐ çois Bonnardel, a fait savoir par l'entremise de son atta‐ chée de presse Roxanne Bourque que ce n'est qu'à l'ar‐ rivée en poste de Sté‐ phane Lafaut en 2019 comme nouveau PDG de la STQ qu'il s'est fait offrir d'acheter le Saaremaa en raison des pro‐ blèmes techniques de l'Apol‐ lo.

M. Bonnardel réitère que l'Apollo avait reçu les appro‐ bations nécessaires de Trans‐ ports Canada pour naviguer lorsque la STQ en a fait l'ac‐ quisition. Selon son attachée, le Saaremaa n'était pas une solution envisageable à ce moment puisqu'il se situait en Europe et que les délais de li‐ vraison étaient trop longs.

Le député de Matane-Ma‐ tapédia, Pascal Bérubé, croit que la STQ a besoin d'un sé‐ rieux coup de barre. Selon lui, la STQ devrait vendre le F.-A.Gauthier.

Je me pose la question, si ce traversier ne peut pas faire le travail, est-ce qu'on ne de‐ vrait pas dès maintenant en commander un nouveau qui va coûter une petite fraction du prix du 3e lien et qui va être fiable pendant 40 ans?, se demande-t-il.

L'ex-ministre libéral des Transports, André Fortin, n'était pas en mesure de nous accorder une entrevue ven‐ dredi.