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La couverture ambulanciè­re inquiète en Beauce et dans Bellechass­e

- Philippe Grenier

La couverture ambulan‐ cière inquiète dans la ré‐ gion de La Guadeloupe en Beauce et de Sainte-Claire dans Bellechass­e. Les ho‐ raires de faction, sur appel, ont été critiqués à plu‐ sieurs reprises par les syn‐ dicats de la province et se‐ raient en cause.

Les ambulancie­rs de La Guadeloupe sont passés d’un horaire de faction où ils doivent être disponible­s 24 heures sur 24 à un horaire à l'heure, mais de jour seule‐ ment. À partir de 18 h 30, l'ambulance est garée dans le garage du point de service et personne n’est en poste la nuit.

Une situation ironique pour le président des Tra‐ vailleurs ambulancie­rs syndi‐ qués de la Beauce Christian Duperron. On a déjà le véhi‐ cule qui est disponible, on doit simplement mettre deux ambulancie­rs [à l'intérieur] et on les a, on a l'effectif néces‐ saire pour combler cette de‐ mande-là.

Pour nous cette situation est à risque pour la popula‐ tion.

Chrisitan Duperron, pré‐ sident des Travailleu­rs ambu‐ lanciers syndiqués de Beauce (TASBI)

Un appel d’urgence la nuit dans le territoire d’environ 10 000 résidents enclenche un déploiemen­t des ambulan‐ ciers des secteurs voisins, soit Lambton, Saint-Georges ou Thetford Mines.

Ça n'a plus de bon sens, avant c'était quatre à cinq mi‐ nutes [d'attente], maintenant, on parle de délais avoisinant­s les 30 minutes.

Vanessa Roy, mairesse de La Guadeloupe, souhaite elle aussi avoir des ambulancie­rs en poste la nuit sur des ho‐ raires réguliers à l'heure. Il y a des inquiétude­s au niveau de la population, lance-t-elle s'in‐ quiétant pour les municipali‐ tés voisines touchées par cette situation.

En leur absence, les pre‐ miers répondants vont être sollicités plus souvent selon elle. Donc le fardeau financier est transféré dans la cour des municipali­tés. On a un ques‐ tionnement à savoir est-ce qu'on va avoir les sous qui vont suivre?

Inquiétude­s à et dans L'Islet SainteClai­re

À Sainte-Claire, on re‐ trouve l’équipe d'ambulan‐ ciers avec un horaire de fac‐ tion la plus sollicitée au Qué‐ bec. En 2020-2021, le temps passé sur des appels d'ur‐ gence représenta­it en moyenne plus de 31 heures par semaine pour les ambu‐ lanciers.

Pour la mairesse de SainteClai­re, Guylaine Aubin, c'est une situation déplorable puisque le temps de réponse est différent avec les horaires de faction lorsque les ambu‐ lanciers sont sur appel. Il faut calculer six à sept minutes pour ceux qui sont à domicile ou ailleurs pour pouvoir se rendre à l'ambulance, donc c'est déjà quelques minutes de trop pour certaines situa‐ tions, note-t-elle, ajoutant que l'hôpital le plus près est à 30-40 minutes, soit l'HôtelDieu de Lévis.

La MRC de L'Islet est aussi très critique de la couverture ambulanciè­re sur son terri‐ toire. Dans le nord de leur ter‐ ritoire, les horaires de faction sont problémati­ques et au‐ cune améliorati­on n'a été constatée. La MRC se ques‐ tionne sur les délais d'inter‐ vention du côté des ambulan‐ ciers de Saint-Pamphile qui doivent couvrir un plus grand territoire.

Les horaires de faction en cause

Les horaires de faction n'ont pas la cote au Québec. Avec la pénurie de maind'oeuvre qu'on voit partout dans la province, les gens sont beaucoup moins attirés d'être sur ces horaires-là, ex‐ plique Christian Duperron.

Les horaires de faction font fuir les ambulancie­rs. La relève ne veut rien savoir d'un horaire aussi contraigna­nt.

Chrisitan Duperron, pré‐ sident des Travailleu­rs ambu‐ lanciers syndiqués de Beauce (TASBI)

Un sondage interne du syndicat TASBI révèle que plus de 36 % des 250 membres songent à quitter leur emploi.

Marie-Michel Moisan est heureuse de ne plus travailler sur appel. Tu veux des en‐ fants, c'est sûr pour la vie fa‐ miliale, c'est difficile avec les horaires de faction quand tu es parti 24 h heures.

Le CISSS et le député ré‐ agissent

Le CISSS de Chaudière-Ap‐ palaches se dit bien au fait de la situation. Pour Richard Ouellet, conseiller-cadre en sécurité civile et services pré‐ hospitalie­rs, des choix diffi‐ ciles ont dû être faits à la suite de l'annonce de Québec d'in‐ vestir 26 millions de dollars pour convertir les horaires de faction en horaire à l’heure dans plusieurs régions du Québec.

On ne pouvait pas trans‐ former l'ensemble des ho‐ raires de faction en horaire à l'heure dans Chaudière-Appa‐ laches, mais on n'est pas fer‐ mé à l'idée de retransfor­mer certains horaires, on va s'ajus‐ ter au niveau des statistiqu­es.

Le CISSS de Chaudière-Ap‐ palaches s'engage à faire une évaluation tous les trois mois avec le ministère de la Santé et des Services sociaux dans la première année lorsque des horaires sont changés.

De son côté, Samuel Pou‐ lin, député de Beauce-Sud, rappelle l'importance d'avoir une couverture ambulanciè­re de qualité dans le secteur de La Guadeloupe. D'ailleurs, 85 % des appels pour des ur‐ gences ambulanciè­res se tiennent lors la période de couverture. En dehors de ce moment, La Guadeloupe peut compter sur un service de premiers répondants de ni‐ veau trois qui peut répondre à de nombreux appels.

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