Lancement d’un programme d’études francophones spécialisé à l’EMNO
L’Université de l'École de médecine du Nord de l’On‐ tario (EMNO) a lancé cet automne un projet pilote pour son programme fran‐ cophone dans l’espoir d’of‐ frir une formation spéciali‐ sée à ses étudiants.
Le programme pilote, inti‐ tulé Voie vers la médecine en français, a pour objectif princi‐ pal de former des médecins qui pourront efficacement traiter et diagnostiquer des patients dans leur langue ma‐ ternelle dans un contexte où elle est minoritaire.
Selon la professeure asso‐ ciée à l’EMNO et responsable du programme, Dre Nicole Ranger, il faut développer la confiance des étudiants qui vont devenir de futurs méde‐ cins afin de bien desservir les communautés francophones et de communiquer en fran‐ çais avec les patients.
Ce nouveau projet pilote va vraiment être un levier pour augmenter le nombre de médecins francophones qui vont être capables de pra‐ tiquer.
Dre Nicole Ranger, profes‐ seure adjointe à l’EMNO
L’EMNO a créé le pro‐ gramme afin d’ajouter des ex‐ périences d’apprentissage à la formation des étudiants, tels que l’accès à du mentorat, des sessions de terminologie mé‐ dicale et l’accès prioritaire à des stages cliniques en milieu francophone, tous offerts avec l’appui des membres francophones du corps pro‐ fessoral.
La plupart de ces expé‐ riences étaient auparavant des activités parascolaires, qui ne faisaient pas partie du cur‐ riculum.
Quand on est malade, on est malade en français
En vertu de la Loi sur les services en français, c’est un droit de se faire servir en fran‐ çais dans le Nord de l’Ontario, comme le souligne Dre Ran‐ ger.
[L’EMNO] fut fondé uni‐ quement sur un mandat de responsabilité sociale, ce qui inclut de mieux desservir les patients francophones du Nord de l’Ontario, rappelle-telle.
Quand on est malade, on est malade en français.
Dre Nicole Ranger, profes‐ seure associée à l’EMNO
La députée provinciale de
Nickel Belt et porte-parole néo-démocrate en matière de santé, France Gélinas, applau‐ dit les efforts de l’université pour créer un programme pour les francophones du Nord et pour respecter sa mission.
Ça fait partie de leur ADN, affirme l’élue. Spécifiquement pour les francophones, spéci‐ fiquement pour le Nord de l’Ontario, c’est à notre image.
Les étudiants retenus lors du processus d’admission peuvent choisir de s’inscrire au programme avant d’enta‐ mer leurs études.
Pour s’y joindre, ils doivent s’engager à participer aux acti‐ vités pour être capables de développer tes compétences, mieux servir les francophones et aider le système de santé de la région.
C'est une responsabilité que prend au sérieux l'étu‐ diant Félix Lavigne, qui en est à sa première session à l'uni‐ versité.
Les petites communautés, comme Iroquois Falls, Kapus‐ kasing et Hearst, ce sont toutes de petites communau‐ tés francophones. On ne s'en cachera pas, la population est vieillissante, constate-t-il. Je veux être un leader dans la communauté francophone des soins de santé.
Plus que jamais on a be‐ soin de gens, des profession‐ nels de la santé qui sont fran‐ cophones ou bilingues qui peuvent offrir des soins de santé équitables pour ces gens-là.
Félix Lavigne, étudiant de première année à l'EMNO
Il souhaite également ap‐ puyer et encourager ses col‐ lègues anglophones dans leur apprentissage, promouvoir les soins équitables pour les francophones, aider l’EMNO à créer un curriculum plus com‐ plet pour les étudiants franco‐ phones et continuer de s’améliorer dans le domaine de la médecine.
Plus d’occasions de stages
Durant leur troisième an‐ née d’études à l’EMNO, les étudiants seront placés dans une communauté, souvent ci‐ blée par l’université, pendant une période de huit mois afin d’obtenir de l’expérience cli‐ nique. Dre Ranger dit vouloir offrir un plus grand nombre de placements aux étudiants francophones.
Mais alors que le système de santé subit une impor‐ tante crise de personnel, il peut être difficile de desservir les patients francophones dans ces communautés.
On a plusieurs régions dans le Nord de l’Ontario, sur‐ tout des plus petites commu‐ nautés rurales, qui ont un be‐ soin important pour des pro‐ fessionnels de la santé qui peuvent communiquer en français et qui peuvent ap‐ puyer les services de santé, in‐ dique Dre Ranger.
On a des professionnels de la santé qui sont unilingues anglophones qui sont quand même assez gentils de venir nous dépanner et d’offrir des services pour mieux desservir la communauté. Cependant, ce que ça peut créer des fois c’est un travail supplémen‐ taire pour les autres membres de l’équipe parce qu’ils doivent agir à titre d’inter‐ prète.
Dre Nicole Ranger, profes‐ seure associée à l’EMNO
Selon France Gélinas, plu‐ sieurs facteurs, dont la pénu‐ rie de personnel et la pandé‐ mie, ne font qu’exacerber les problèmes d’accès aux soins en français.
Cependant, le programme pilote pourrait servir de solu‐ tion.
Des médecins franco‐ phones formés en français, des médecins confortables à parler français, à desservir la population francophone, c’est ce dont on a besoin. L’EMNO le sait.