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Valérie Lévesque, l’instavidéa­ste québécoise qui colore vos matins

- Stéphanie Dupuis

Lundi, l’horloge de l’ordina‐ teur affiche 7 h 45 ta‐ pantes. C’est l’heure, pour Valérie Lévesque – pre‐ mière Québécoise à deve‐ nir partenaire de Facebook Gaming –, de se connecter devant la caméra pour ré‐ veiller ses milliers de fans avec son énergie conta‐ gieuse.

Je suis l’équivalent d’un bon café le matin, ou d’une boisson énergisant­e! lance la créatrice de contenu sague‐ néenne, qui est suivie par près de 45 000 personnes sur Facebook.

Tous les jours de la se‐ maine, elle prépare ses en‐ fants pour l’école, fait faire les besoins à son cochon d’Inde et à son chien, puis se rend dans son bureau, à la maison, pour diffuser en direct ses parties de jeux vidéo.

Sur l’écran : des jeux nichés à 11 $ dénichés sur Steam, ses préférés , mais aussi des titres comme Valorant, Animal Crossing et des jeux d’hor‐ reur... parfois même en réalité virtuelle.

Vers l’heure du dîner, elle ferme la caméra et nourrit ses enfants (qui mangent à la maison), puis elle répond à des courriels et fait de la ges‐ tion de communauté ainsi que du montage.

Quels sont les segments de son direct qui méritent d’aller sur TikTok et sur Face‐ book, ou encore en Reels sur Instagram? Qu’y a-t-il à prépa‐ rer pour la diffusion de de‐ main? Comment mettre en valeur les produits de telle ou telle entreprise pour un parte‐ nariat?

On essaie de se convaincre qu’on fait du 8 à 4, mais le streaming [la diffusion en continu], ça nous suit jusque dans nos rêves.

Valérie Lévesque

C’est la vie inusitée que mène avec succès l’instavi‐ déaste depuis 2019, la pre‐ mière Québécoise à devenir partenaire de la plateforme de diffusion Facebook Ga‐ ming. Seules cinq personnes ont réussi cet exploit au Qué‐ bec jusqu’à maintenant.

Voici ce qu’il faut pour obtenir le statut de parte‐ naire de Facebook Gaming :

Avoir 3000 personnes abonnées engagées par mois, des internaute­s qui ont regar‐ dé pendant plus d’une minute un contenu, l’ont aimé et l’ont commenté

Avoir reçu au moins 2000 $ en étoiles, des petits cadeaux ($) envoyés par les fans

De l’hygiène dentaire aux boîtes bento

La trajectoir­e de la créa‐ trice de contenus n’était pas tout indiquée pour Valérie Lé‐ vesque, qui a aujourd'hui 34 ans. Avant de prendre son premier congé de maternité, en 2013, elle travaillai­t comme hygiéniste dentaire.

Des fois, quand tu as des enfants, ça réveille certaines choses. Je me suis demandé si c’était vraiment qui j’étais, hy‐ giéniste dentaire. Et qui suisje, finalement, en dehors de la travailleu­se et de la mère? s’est-elle questionné­e.

La réponse : une femme geek qui aime les animes, la culture populaire et la culture japonaise.

En 2015, la technophil­e a ouvert sa première page Face‐ book, puis a commencé à blo‐ guer sans trop d’arrière-pen‐ sées. Son premier dada : les boîtes à lunch bento, ces pe‐ tits repas compartime­ntés très populaires au Japon.

J’avais appris un peu la programmat­ion avec Geocity vers mes 12 ans, où j'avais mon propre site, sur lequel je faisais tomber de la neige, se souvient-elle, nostalgiqu­e. Avec mon blogue culinaire, je voulais voir si j’étais encore ca‐ pable de coder.

Les bentos de Valérie ont eu un tel succès qu’elle a même sorti un livre de re‐ cettes sur ce sujet, en plus d’avoir son émission sur MAtv au Saguenay. C’est de cette fa‐ çon qu’elle a fait ses classes en gestion de communauté et en marketing de contenu, des domaines qui lui étaient in‐ connus jusque-là.

Elle s’est toutefois vite sen‐ tie dépassée quand elle s’est mise à recevoir de plus en plus de questions sur le plan nutritif et l’aspect zéro déchet des bentos.

Moi, je voulais juste parta‐ ger aux autres mes petits lunchs cutes.

Valérie Lévesque

Après avoir abandonné les boîtes bento vers 2017 pour ces raisons, Valérie Lévesque s’est encore questionné­e sur ce qu'elle souhaitait vraiment faire dans la vie. C’est là qu’elle s’est tournée vers les jeux vi‐ déo, elle qui rêvait depuis un bon moment de commencer à faire des diffusions en direct.

C’était quand même moi, la fille qui allait à minuit faire la file d’attente pour mettre la main sur le prochain jeu Dia‐ blo, même si je travaillai­s chez le dentiste le lendemain! ditelle en s'esclaffant.

Ne pas mettre ses oeufs dans le même panier

Quoique Valérie se dise sur son X, les derniers mois n’ont pas été sans embûches pour elle. Elle s’est heurtée aux in‐ stabilités de sa plateforme de diffusion de prédilecti­on, Fa‐ cebook Gaming, qui accumule les bogues depuis quelque temps.

Je passais parfois mes séances en direct à prendre les commentair­es sur les bogues de la plateforme et à les rapporter à Facebook, mentionne-t-elle.

En juin, bien que la plate‐ forme lui ait apporté beau‐ coup pour ce qui est de la no‐ toriété, Valérie Lévesque en a eu assez : elle a pris la décision de recommence­r à neuf et de faire migrer sa communauté vers un site plus stable, Twitch, sur lequel elle ne comptait que 300 personnes abonnées.

Ça a été un choix très désavantag­eux financière‐ ment [de migrer de Facebook Gaming à Twitch], car le site gruge 50 % de mes revenus, et comme je n’avais plus une communauté aussi grande, j’ai perdu toutes mes com‐ mandites.

Valérie Lévesque

Quatre mois plus tard, son compte est suivi par plus de 2400 personnes; encore loin des 45 000 fans qu’elle a sur Facebook… Toutefois, elle reste persuadée d’avoir pris la bonne décision pour sa com‐ munauté, qui peut de nou‐ veau profiter de ses diffu‐ sions… sans bogues.

Après tout, Valérie Lé‐ vesque fait ce métier avant

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