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La communauté ukrainienn­e du Canada demande plus d’accès aux services en santé mentale

- Émile Lapointe

Le Congrès des Ukrainiens canadiens se poursuivai­t samedi à Winnipeg pour une deuxième journée. Des tables rondes et des présentati­ons ont eu lieu pour discuter des enjeux qui touchent les réfugiés ukrainiens, notamment les services en santé mentale.

Les besoins psycholo‐ giques des Ukrainiens sont très similaires à ceux des réfu‐ giés, mais ils n'ont pas accès aux mêmes programmes, res‐ sources ou couverture­s du gouverneme­nt, note la viceprésid­ente de la branche qué‐ bécoise du Congrès national ukrainien, Darya Naemova.

Mme Naemova fait partie de la centaine de membres de la communauté ukraino-cana‐ dienne, de bénévoles et de ré‐ fugiés qui se sont retrouvés pour une deuxième fois à Winnipeg. Ils sont venus des quatre coins du pays pour discuter du soutien à l’Ukraine et aux réfugiés du conflit.

Darya Naemova ajoute que si le statut offert aux Ukrainiens par l'Autorisati­on de voyage d’urgence CanadaUkra­ine leur donne accès à un permis de travail ou d'étude, les services en santé mentale non urgents dépendent de leur emploi, contrairem­ent aux autres réfugiés.

Les Ukrainiens n'ont pas accès aux types d'emplois qui offrent ces ressources psy‐ chologique­s, souligne Mme Naemova, qui est aussi méde‐ cin résidente à l'Université McGill et s'intéresse à la psy‐ chiatrie.

Selon elle, le stress causé par la guerre, le stress de sé‐ paration avec la famille, le stress d'avoir perdu un membre de la famille à cause de la guerre, rend les réfugiés ukrainiens vulnérable­s à des effets négatifs sur leur santé mentale.

Se souvenir des bombes

Luda Baka, arrivée d'Ukraine à Winnipeg en avril, garde de douloureux souve‐ nirs de la guerre. J'ai entendu les bombes [...] ma famille a dû se cacher dans le sous-sol [...] Les bombes tombaient partout, c'était terrible, se rappelle-t-elle.

J'ai peur pour ma famille, pour les enfants, pour le peuple ukrainien, pour mon pays.

Luda Baka, réfugiée ukrai‐ nienne

Pour Mme Baka, le souve‐ nir est vif de bâtiments qui étaient là un instant, alors que la seconde d'après ils ne l'étaient plus.

Luda Baka ressent encore les séquelles psychologi­ques de ces événements. Je me souviens de la fête du Cana‐ da. Il faisait très beau, mais le soir, avec les feux d'artifice, je me suis mise à pleurer parce que ça me rappelait l'Ukraine, dit-elle, la voix enrouée par l'émotion.

En plus des questions de santé mentale des nouveaux arrivants, d’autres discussion­s et débats ont aussi eu lieu, notamment à propos de poli‐ tiques de soutien à l’Ukraine et de la coordinati­on de l'ac‐ cueil des gens déplacés par le conflit.

Le ministre du Développe‐ ment internatio­nal du Cana‐ da, Harjit Sajjan, était égale‐ ment présent pour détailler l'enveloppe de 55 millions de dollars pour soutenir l'Ukraine avec l'arrivée pro‐ chaine de l'hiver, annoncée samedi.

Concernant le soutien des réfugiés en santé mentale, le ministre n'a pas annoncé de mesures spécifique­s. Nous voulons nous assurer qu'ils reçoivent du soutien en san‐ té, surtout en santé mentale, dit-il.

La dernière journée du Congrès des Ukrainiens cana‐ diens à Winnipeg se tiendra dimanche.

Avec les informatio­ns de Jérémie Bergeron

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