Le Brésil vote sur fond de guerre civile larvée
Le Brésil ira aux urnes le di‐ manche 30 octobre pour décider qui, de Jair Bolso‐ naro ou de Luiz Inácio Lula da Silva, sera son président au cours des quatre pro‐ chaines années.
Le Trump des tropiques, associé à l’extrême droite, au‐ teur de déclarations fracas‐ santes et provocatrices sur l’armée, sur la COVID-19, sur les homosexuels, sur la défo‐ restation de l’Amazonie et sur le système électoral brésilien, décrochera-t-il un second mandat?
Ou, au contraire, est-ce que l’ancien président Lula (de 2003 à 2011), l’idole des masses pauvres, légende de la gauche sud-américaine, re‐ prendra du service pour sau‐ ver la démocratie brésilienne? Dans le second cas, Bolsonaro reconnaîtra-t-il seulement sa défaite? Si la réponse est né‐ gative, verra-t-on des at‐ taques dans la rue contre le président élu et les institu‐ tions dans un écho troublant des événements du 6 janvier 2021 à Washington?
Certains le craignent et le disent… et justifient leur in‐ quiétude en alignant les cita‐ tions menaçantes du pré‐ sident sortant.
Un pays coupé en deux
Les derniers sondages font apparaître un Brésil coupé en deux parties presque égales, avec un léger avantage pour le candidat de la gauche. Deux mondes s’affrontent, aux per‐ ceptions complètement diffé‐ rentes.
D’un côté, des masses po‐ pulaires qui redoutent le re‐ tour de la faim et des citoyens inquiets devant les menaces d’un président potentielle‐ ment putschiste, face à la jeune démocratie brésilienne.
De l’autre côté, des conser‐ vateurs religieux partisans de la loi et de l’ordre, des ci‐ toyens restés hostiles aux rouges, hantés par les der‐ nières années de la gauche au pouvoir, économiquement très mauvaises.
Entre les deux se trouve un milieu des affaires qui, hor‐ mis le lobby agroalimentaire, a été déçu par la gestion chaotique et incompétente des quatre dernières années et qui vote plutôt Lula, mais sans enthousiasme. Et il y a aussi l'armée qui, malgré les appels du pied de Bolsonaro, ne semble pas majoritaire‐ ment putschiste.
Selon la toute dernière en‐ quête de la maison Datafolha, de 48 % à 52 % des électeurs voteraient en faveur de Lula après répartition des indécis. Cependant, les sondeurs avaient gravement sous-esti‐ mé le candidat Bolsonaro au premier tour, le plaçant dans la fourchette de 33 % à 37 %, alors qu’il a finalement obte‐ nu plus de 43 % des voix, cinq points derrière Lula.
Quel que soit le résultat, un climat de guerre civile lar‐ vée s’est installé dans le pays. La détestation, voire la haine mutuelle, a pris le pas sur un débat serein entre pro‐ grammes et orientations di‐ vergentes.
Le dernier de la campagne débat
C’était palpable dès le dé‐ but du dernier débat entre les deux protagonistes, vendredi soir, alors qu’un Bolsonaro au visage fermé, lisant des notes dans la paume de sa main, af‐ firmait que tout le système est contre moi, que le Tribu‐ nal électoral nous a coupé du temps de publicité à la radio et que Lula devrait être en pri‐ son.
Pendant ce temps, Lula ré‐ pliquait en citant le chiffre de 6491 mensonges proférés se‐ lon lui par Bolsonaro depuis qu’il est président. Il a aussi évoqué l’isolement honteux du Brésil sur la scène interna‐ tionale depuis que son oppo‐ sant est au palais du Planalto (l'équivalent brésilien de la Maison-Blanche) : personne ne veut se faire voir aux côtés de ce pestiféré diplomatique.
Aujourd’hui, le Brésil est plus isolé que Cuba, a-t-il affir‐ mé lors de ce dernier débat.
2018 : un réactionnaire crève l’écran
Comment en est-on arrivé là? En octobre 2018, Jair Bolso‐ naro, un capitaine de l’armée qui avait déjà derrière lui une longue carrière de député d’arrière-ban, était connu pour sa nostalgie clamée haut et fort de la dictature militaire. Il multipliait les coups de gueule réactionnaires et nos‐ talgiques au Parlement. Selon lui, la période 1964-1985 de la dictature a été un âge d’or dans notre pays.
Lors de la destitution de l’ancienne présidente Dilma Roussef, en 2016, qui avait été guérrillera dans sa jeunesse, il avait fait l'éloge, en pleine Chambre des députés, d’un tortionnaire célèbre qui s’était occupé d’elle pendant sa dé‐ tention en 1970.
Vulgaire et provocateur, inconditionnellement pro-ar‐ mée, hostile à la démocratie (ou du moins à certaines de ses institutions, c'est-à-dire la presse et les tribunaux indé‐ pendants, de même que le système électoral, dont il conteste l’impartialité), c’est aussi un antiscientifique dé‐ claré. Pendant la pandémie, il a multiplié les déclarations fantaisistes, ignorantes et dé‐ pourvues d’empathie. Il est aussi connu pour ses déclara‐ tions misogynes. Il avait un jour lancé à une députée : Vous êtes trop moche pour mériter d’être violée.
Et pourtant, cet homme qui parle continuellement sans filtre avait crevé l’écran lors de sa campagne de 2018 et fini par gagner au second tour.
Ce fut dès lors le triomphe de la transgression et du bras d’honneur permanent contre le système. Toute ressem‐ blance avec un célèbre politi‐ cien d’Amérique du Nord n’est pas due au hasard. Trump et Bolsonaro, même combat? En
tout cas, les deux pays connaissent des processus qui ont beaucoup de points en commun.
Les scandales de corrup‐ tion sous le PT
Il faut dire que la récession du milieu des années 2010 et les affaires de corruption qui avaient éclaté pendant la pré‐ sidence du Parti des tra‐ vailleurs, ou PT (2003-2016, avec le héros Lula da Silva sui‐ vi de la pauvre héritière Dilma Roussef), l’avaient aidé en lui fournissant du grain à moudre contre la gauche, source de tous les maux.
Pourtant, il est bien connu que durant ces années-là, le système politique très décen‐ tralisé du Brésil (beaucoup de pouvoirs aux États; de 20 à 30 partis au Parlement selon les années, soit davantage qu’en Israël !) avait diffusé, comme un cancer, les affaires de corruption dans la plupart des formations politiques, et pas seulement celle qui déte‐ nait la présidence.
Jair Bolsonaro a longtemps surfé sur ce thème contre le Parti des travailleurs… et cela a continué jusqu’à ce jour, même si le PT n’est plus au pouvoir depuis six ans et que sa propre administration a eu ses histoires de favoritisme et de caisses cachées.
En 2018, il avait obtenu 46 % des suffrages exprimés au premier tour, puis il avait nettement battu le candidat du PT au second tour, Fernan‐ do Haddad, par un score de 55 % à 45 %.
Toutefois, à l’époque, sans avoir vraiment un casier vierge (avec déjà 28 ans en politique!), il était un relatif nouveau venu au sommet du pouvoir et n’avait pas de bilan à défendre. Malgré son éti‐ quette d’extrémiste, on avait voté pour lui parce qu’il allait faire le ménage en balayant les gauchistes et parce qu’il parlait franc à défaut de parler avec élégance.
La petite bourgeoisie dé‐ çue des années PT, les milieux d’affaires, les classes moyennes exaspérées de voir des pauvres se mettre à voya‐ ger et même à envoyer leurs enfants à l’université (résultat de leur promotion sociale dans les années Lula), sans oublier les évangélistes ravis par ses tirades sur la loi et l’ordre, Dieu, la famille et la pa‐ trie : tout ce beau monde al‐ lait porter Bolsonaro au pou‐ voir.
Résilience exception‐ nelle malgré une gestion inepte
On aurait pu croire que quatre années plus tard, la si‐ tuation serait différente. Entre janvier 2019 (prise du pou‐ voir) et l’élection d’oc‐ tobre 2022, on a pu voir ce que valait, à l’usage, une ad‐ ministration Bolsonaro pour sanctionner ensuite ses résul‐ tats.
Ces résultats incluent les éléments suivants :
Un des pires bilans sani‐ taires au monde pendant la pandémie (700 000 morts en chiffres absolus, sans oublier les taux très élevés de cas et de décès à cause de la COVID) et un appauvrissement des classes populaires avec le re‐ tour de la sous-alimentation dans certaines régions. La re‐ montée en flèche de la défo‐ restation et des incendies en Amazonie, résultat (entre autres) d’une collusion du pouvoir avec le lobby agroali‐ mentaire, qui préfère raser les forêts pour faire des pâtu‐ rages. Un secteur de l’éduca‐ tion négligé, abandonné en bonne partie à l’influence des lobbies évangéliques, sou‐ tiens importants du président d’extrême droite. Sans ou‐ blier, du point de vue de la méthode d’exercice du pou‐ voir, une généralisation de l’invective, du dénigrement et des accusations de toutes sortes. Un flot continu de fausses rumeurs, systématisé sur les réseaux sociaux dont le Brésil est friand (What‐ sApp), a aussi déferlé sur le pays.
Même une fois arrivée au pouvoir, l’administration Bol‐ sonaro s’est caractérisée par un ton de campagne électo‐ rale permanente avec une désinformation en ligne systé‐ matique, dont voici quelques thèmes récurrents : La gauche, c’est Satan; Lula le corrompu; Lula et les trafi‐ quants de drogue; Lula veut fermer les églises.
Bolsonaro, Trump comme
Malgré ces outrances, mal‐ gré des résultats sanitaires et environnementaux catastro‐ phiques, le résultat du pre‐ mier tour, le 2 octobre, a montré la résilience excep‐ tionnelle de Bolsonaro et de ses appuis dans la population brésilienne.
Tel Trump aux États-Unis, qui ne brillait ni par sa compé‐ tence, ni par ses idées, ni par sa connaissance des dossiers, Bolsonaro a transformé la po‐ litique en une spectacle per‐ manent de guérilla politi‐ cienne et de culte de la per‐ sonnalité et a obtenu un score étonnant au premier tour : 43,2 % des suffrages ex‐ primés, en légère baisse par rapport au premier tour de 2018. (Pour mémoire : à la présidentielle de 2020,Trump a obtenu 47 % des suffrages.)
Au Congrès (Sénat et Chambre des députés), les succès de ses alliés ont été nombreux aux élections du 2 octobre. Le général Eduardo Pazuello, un ministre de la
Santé si incompétent qu’il a laissé des malades de la CO‐ VID mourir de suffocation à Manaus alors qu’il avait à sa disposition des stocks d’oxy‐ gène pour les sauver, a triom‐ phé aux urnes à Rio.
Autre élection triomphale : celle de Ricardo Salles, le mi‐ nistre de l’Environnement (2019-2021) réputé à la solde du lobby agroalimentaire, qui a présidé à une remontée ca‐ tastrophique de la déforesta‐ tion en Amazonie en abro‐ geant des lois sur la protec‐ tion de l’environnement. Le politicien a obtenu un des plus gros scores comme dé‐ puté à la Chambre.
On le voit, le bolsonarisme, comme le trumpisme aux États-Unis, a fait son nid dans le paysage, et ce, de façon du‐ rable, au-delà des personnali‐ tés fondatrices. La qualité ou non de leur gestion n’a prati‐ quement aucun rapport avec les scores impressionnants qu’ils continuent à obtenir aux élections.
Lula : retour après la traversée du désert
Face à Bolsonaro et au bol‐ sonarisme, Lula da Silva, l’an‐ cien président qui veut le re‐ devenir, le héros des déshéri‐ tés du Nordeste, est un homme qui revient de loin.
À partir de 2016 et jus‐ qu’en 2019, il a été dans l’étau de la justice pour toutes sortes de délits de corruption, dont beaucoup, on le com‐ prendra plus tard, ont été in‐ ventés.
En 2018 et en 2019, il a pas‐ sé 580 jours en prison avant que toutes les accusations contre lui ne soient rétrospec‐ tivement annulées par la Cour suprême. C’est Sergio Moro, le juge-vedette responsable de l’enquête Lava Jato sur la cor‐ ruption systémique au Brésil, qui l'a fait appréhender puis condamner en 2018.
Dans les pratiques juri‐ diques brésiliennes, il existe des passerelles étonnantes : après son désaveu par la Cour suprême, Sergio Moro s'est lancé en politique… aux côtés de Bolsonaro! Cela ressemble à un aveu, a posteriori, du ca‐ ractère partisan de son achar‐ nement contre Lula, une chose que des interceptions téléphoniques ont révélée au grand jour.
Un peu comme Joe Biden, à qui on avait confié en 2020, à l'âge de 77 ans, la tâche de vider Donald Trump de la Mai‐ son-Blanche, Lula, qui a lui aussi 77 ans aujourd’hui, est l’espoir de ceux qui espèrent crever l’abcès Bolsonaro.
Un verdict qui ne tran‐ chera pas le noeud gordien
Dans tous les cas, la vic‐ toire de l’un ou de l’autre sera acquise de justesse et laissera béante la division d’un pays à 50-50, apparemment sans voie médiane de compromis.
Une courte victoire de Bol‐ sonaro renforcera les inquié‐ tudes — ou le désespoir — de ceux qui craignent de voir la démocratie brésilienne et les préoccupations environne‐ mentales dans ce pays pou‐ mon de la planète disparaître pour de bon.
Cependant, une courte vic‐ toire de Lula ne crèvera pas l’abcès, exactement comme celle de Joe Biden ne l’a pas fait aux États-Unis. Outre les dangers possibles d’un putsch ou d’une mobilisation révolu‐ tionnaire des partisans armés de Bolsonaro, ce sera la capa‐ cité même d’un président Lu‐ la II à gouverner qui sera mise en cause.
Le noeud gordien de la dé‐ mocratie brésilienne ne sera pas tranché par cette élection présidentielle rien moins que dramatique.
mont, en ont un seul.
Les démocrates dé‐ tiennent actuellement une mince majorité en Chambre, avec 220 sièges. Les républi‐ cains en ont 212, et 3 sont va‐ cants.
Les sénateurs, eux, sont au nombre de 100, soit deux par État, indépendamment de leur population. Leur mandat est de six ans. Le tiers du Sé‐ nat est renouvelable, en rota‐ tion, tous les deux ans. Les deux sièges d’un État ne sont habituellement pas soumis au vote des électeurs lors des mêmes cycles électoraux. Cette année, 35 sièges sont en jeu : 21 républicains et 14 dé‐ mocrates.
Ce sont les républicains qui ont la majorité en ce mo‐ ment, avec 50 sénateurs. Les démocrates en ont 48, et 2 sont indépendants. Ces der‐ niers, Bernie Sanders et Angus King, du Vermont, votent avec les démocrates. Le vote de la vice-présidente, Kamala Harris, qui est également pré‐ sidente du Sénat, fait pencher la balance du côté des démo‐ crates en cas d’égalité.
Les démocrates ne peuvent se permettre de perdre aucun siège, ils doivent, au contraire, en ga‐ gner. Leurs meilleures chances sont en Pennsylvanie et au Wisconsin. Ils doivent également essayer de conser‐ ver la Georgie et le Nevada.
L’importance des élec‐ tions de mi-mandat
Le Parti démocrate détient actuellement la majorité dans les deux Chambres, ce qui a permis au président Biden de faire adopter ses projets de loi moyennant des concessions à des sénateurs récalcitrants.
Cela pourrait se corser après le 8 novembre. Les ana‐ lystes prévoient que les dé‐ mocrates devraient perdre la majorité à la Chambre des re‐ présentants. Il sera donc beaucoup plus difficile pour le président de gouverner.
Si le Parti démocrate per‐ dait le contrôle d’une des deux chambres au Congrès, il faudrait qu'il fasse des com‐ promis importants avec le Parti républicain, ce qui est peu envisageable considérant l’hyperpolarisation en ce mo‐ ment aux États-Unis, estime Marin Fortin-Bouthot, cher‐ cheur et coordonnateur de l’Observatoire sur les ÉtatsUnis de la Chaire Raoul-Dan‐ durand.
Cela veut dire qu’il va y avoir beaucoup de blocages législatifs, ajoute Antoine Yo‐ shinaka, professeur de sciences politiques à l’Univer‐ sité de New York à Buffalo, en entrevue à l'émission Tout un matin. Ses projets de loi ne se feront pas entériner par une majorité républicaine.
Avec une majorité en Chambre, les républicains pourraient déclencher des procédures de destitution contre M. Biden et des membres de son administra‐ tion, souligne M. Yoshinaka. Ils pourraient également ré‐ clamer la tenue d'audiences publiques sur la gestion de la pandémie de COVID-19 ou le retrait de l’Afghanistan.
Les élections de mi-man‐ dat sont généralement défa‐ vorables au parti qui occupe la présidence, surtout à la Chambre des représentants. En 2018, Donald Trump a per‐ du 40 sièges; en 2010, Barack Obama en a perdu 63. Au Sé‐ nat, le portrait est plus chan‐ geant. M. Trump a gagné 2 sièges, M. Obama en a per‐ du 6. En moyenne, le parti présidentiel perd 28 sièges à la Chambre et 4 au Sénat, se‐ lon les données compilées par The American Presidency Pro‐ ject.
Des milliers postes en jeu d'autres
Les Américains devront faire de multiples autres choix au niveau des États.
Trente-six États doivent ainsi élire leur gouverneur. Vingt gouverneurs sortants sont républicains et seize sont démocrates.
Certaines de ces courses préparent le terrain pour l’élection de 2024, souligne Marin Fortin-Bouthot. Elles permettent de voir jusqu’à quel point il y a un appui pour ces candidatures au niveau des États. Il cite notamment le cas du gouverneur sortant de la Floride, Ron DeSantis, po‐ tentiel rival pour l'ancien pré‐ sident Donald Trump dans la course à la Maison-Blanche.
Il n’y a pas de doute sur sa réélection à la tête de l’État, précise le chercheur, mais l’ampleur de l’appui qu’il ob‐ tiendra dans cette élection pourrait peser dans sa déci‐ sion de se présenter, ou pas, à l’investiture républicaine en 2024.
D’autres courses à la tête des États seront aussi cru‐ ciales pour jauger le soutien populaire à Donald Trump.
En Arizona, la républicaine Kari Lake affronte la secrétaire d’État, Katie Hobbs. Mme Hobbs s’est fait connaître pour avoir défendu les résul‐ tats des élections de l'Arizona contre les allégations de fraude de Donald Trump. Kari Lake, pour sa part, appuie fer‐ mement les revendications de l'ex-président et s'est engagée à interdire le vote par corres‐ pondance si elle gagne.
En Georgie, le gouverneur républicain sortant, Brian Kemp, a résisté aux pressions de Donald Trump pour invali‐ der les résultats de l’élection présidentielle. Il fait face à la démocrate Stacey Abrams.
En Pennsylvanie, le procu‐ reur général démocrate, Josh Shapiro, affronte le sénateur républicain Doug Mastriano, un partisan de la théorie du Grand Mensonge, qui a parti‐ cipé au rassemblement du 6 janvier.
Enfin, au Wisconsin, un autre partisan de Donald Trump, le magnat de la construction Tim Michels, fait face au gouverneur démo‐ crate sortant, Tony Evers. M. Michels a faussement affirmé que Trump avait remporté les élections de 2020 et a promis, s'il était élu, d'appliquer une loi interdisant les interrup‐ tions de grossesse qui date de 1849.
Des courses détermi‐ nantes pour la prochaine présidentielle
En plus des gouverneurs, les Américains élisent leurs re‐ présentants ou leurs séna‐ teurs dans 88 des 99 chambres législatives du pays. Plus de 6000 postes sont en jeu au niveau des États.
Les républicains, qui dé‐ tiennent actuellement 54 % des sièges de législateurs éta‐ tiques et contrôlent 62 chambres d’assemblée, de‐ vraient conserver leur avan‐ tage.
Des milliers de postes de maires, de conseillers munici‐ paux, de juges et de shérifs sont également à pourvoir.
Ces élections, apparem‐ ment mineures, seront pour‐ tant cruciales pour l’avenir de la démocratie aux États-Unis, estime Antoine Yoshinaka.
C’est que les Américains voteront pour des gouver‐ neurs, des secrétaires d’État et des procureurs généraux qui jouent un rôle clé au sein des administrations, autant dans le redécoupage de la carte électorale que dans la certification des élections.
Plusieurs parmi les candi‐ dats à ces postes sont des partisans de Donald Trump et des tenants de la théorie du Grand Mensonge, selon la‐ quelle l’élection de 2020 est entachée de fraude et Joe Bi‐ den n’est pas le président légi‐ time des États-Unis.
Selon les données compi‐ lées par CNN, parmi les 27 candidats républicains au poste de secrétaire d’État, 11 ont remis en question ou ten‐ té d'invalider les résultats de 2020. C’est également le cas de 22 candidats au poste de gouverneur (sur 36) et de 19 candidats au poste de sé‐ nateur (sur 35).
À la suite de ces élections, il est possible que l’adminis‐ tration électorale de certains États se retrouve ainsi aux mains d’élus qui adhèrent au Grand Mensonge, souligne Antoine Yoshinaka.
Dans l’Arizona ou le Neva‐ da, des États pivots qui ne sont acquis à aucun des deux partis, l'administration électo‐ rale efficace et neutre est me‐ nacée, estime le chercheur.
En Arizona, par exemple, le candidat républicain au poste de secrétaire d’État, Mark Fin‐ chem, est membre de groupe d'extrême droite The Oath Keepers, accusé d’avoir parti‐ cipé à l’assaut du Capitole. Pendant toute sa campagne, il a affirmé que l’élection avait été frauduleuse. S’il est élu, Finchem sera responsable de diriger les élections de l'État en 2024.
S’ils prennent le pouvoir, ils vont avoir les moyens d'al‐ térer en leur faveur le proces‐ sus électoral ou de remettre en cause la légitimité des ré‐ sultats, si jamais l'élection n'al‐ lait pas dans leur sens.
Marin Fortin-Bouthot, co‐ ordonnateur de l’Observa‐ toire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand
Les secrétaires d'État sont habituellement les plus hauts responsables des élections dans leur État; leurs responsa‐ bilités vont de l'administra‐ tion de la base de données des électeurs à la certification des résultats. Ce sont des postes partisans, mais qui ont un grand pouvoir sur admi‐ nistration des élections, ajoute M. Fortin-Bouthot.
Les gouverneurs et les sé‐ nateurs jouent, eux aussi, un rôle important dans la certifi‐ cation des résultats et dans la mise en place des règles élec‐ torales.
L’arrivée au pouvoir d’élus qui remettent en question la légitimité du président serait très problématique pour la démocratie à l’approche des élections de 2024, croit M. Fortin-Bouthot.
Combien de candidats ré‐ publicains qui ont contesté la validité des élections de 2020 vont être élus? Et ensuite, quelles mesures vont-ils mettre en place?
Marin Fortin-Bouthot, co‐ ordonnateur de l’Observa‐ toire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand
Les électeurs de 37 États sont aussi invités à se pro‐ noncer sur 132 mesures réfé‐ rendaires. Parmi les enjeux : l’accès à l’avortement, la légali‐ sation de la marijuana à des fins récréatives, des change‐ ments au processus de vote et l’abolition du travail forcé.