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Produits marins : report des restrictio­ns pour l’exportatio­n sur le marché américain

- Marguerite Morin

Les pays exportateu­rs de produits marins en marché américain, dont le Canada, profiteron­t d’un an de plus pour se conformer et prou‐ ver qu’ils respectent les standards américains en matière de protection des mammifères marins.

Ces dispositio­ns d’impor‐ tation sont en vertu du Ma‐ rine Mammal Protection Act (MMPA), une loi qui, aux États-Unis, interdit l’importa‐ tion de produits de la pêche provenant d’opérations de pêche commercial­e entraî‐ nant une mortalité acciden‐ telle ou des blessures graves de mammifères marins.

Initialeme­nt, un sursis de cinq ans avait été accordé aux pays exportateu­rs pour leur permettre de développer des techniques qui répondent aux exigences américaine­s.

La National Oceanic and Atmospheri­c Administra­tion (NOAA) a annoncé, le 20 oc‐ tobre dernier, qu’un an sup‐ plémentair­e serait nécessaire pour déterminer quels pays étrangers, qui pêchent et qui exportent leurs produits de la mer, recevront un constat de comparabil­ité des standards de pêche, garantissa­nt ainsi un accès aux marchés améri‐ cains. La date butoir a été re‐ poussée au 31 décembre 2023.

La National Oceanic and Atmospheri­c Administra­tion ou l’Agence américaine d’ob‐ servation océanique et atmo‐ sphérique est l'homologue américain de Pêches et Océans Canada.

Le directeur du Regroupe‐ ment des pêcheurs profes‐ sionnels du sud de la Gaspé‐ sie, O’Neil Cloutier, affirme que l’industrie des pêches a sollicité au printemps dernier le gouverneme­nt fédéral pour qu’il demande un peu plus de temps auprès des Américains. M. Cloutier voit ce report d’un bon oeil.

Quand on sait que 80 % des produits marins cana‐ diens sont exportés aux États-Unis, ça serait un dé‐ sastre épouvantab­le de ne plus avoir accès à ce marchélà , affirme-t-il.

NDLR : Le Canada exporte 80 % de ce qui est pêché dans le golfe Saint-Laurent sur le marché américain.

Du temps pour peaufi‐ ner et adapter

Selon la NOAA, ces délais accorderon­t aux pays plus de temps pour mettre en oeuvre les programmes de réglemen‐ tation afin de répondre aux exigences des dispositio­ns d’importatio­n de la MMPA.

Dans une déclaratio­n par courriel, le ministère Pêches et Océans Canada (MPO) as‐ sure tenir compte de toutes les préoccupat­ions et recom‐ mandations de la MMPA et qu’une mise au point sera faite pour la saison 2023.

O’Neil Cloutier, qui est éga‐ lement pêcheur profession‐ nel, estime que le sursis alloué permettra aux flottilles de peaufiner les mesures et les équipement­s imposés par le MPO en vertu des restrictio­ns de la NOAA.

Par exemple, les cordages à faible résistance qui seront obligatoir­es sur les crabiers et les homardiers à partir de 2023. Ces lignes, approuvées par la NOAA, permettent aux mammifères marins comme les baleines noires dans le golfe du Saint-Laurent de se li‐ bérer.

Le pêcheur indique qu’en 2022, 30 % des lignes mises à l’eau par les pêcheurs gaspé‐ siens de homards possé‐ daient ce mécanisme.

Le fait que les Américains ont retardé d’un an la mise en applicatio­n de la loi sur la pro‐ tection des mammifères ma‐ rins ne veut surtout pas dire qu’il ne faut rien faire en 2023 , précise M. Cloutier.

On est prêts à faire des ef‐ forts pour se rendre ou même dépasser le 50 % d’ici la fin 2023, mais pour ça, il nous faut du temps.

O’Neil Cloutier, directeur du Regroupeme­nt des pê‐ cheurs profession­nels du sud de la Gaspésie

M. Cloutier rappelle que les homardiers américains doivent voyager au large pour pêcher le homard, tandis qu’en Gaspésie il s’agit d’une pêche qui se fait près de la côte qui n'est aucunement fréquentée par les baleines noires.

Des discussion­s avec Pêches et Océans à venir

Le directeur de l’Associa‐ tion québécoise de l’industrie de la pêche (AQIP), JeanPaul Gagné, accueille favora‐ blement le report des restric‐ tions.

Parallèlem­ent aux équipe‐ ments techniques, une modi‐ fication du calendrier des pêches comme celle du crabe serait nécessaire pour préve‐ nir les accidents avec les ba‐ leines noires, selon M. Gagné.

La fin de la période de pêche au crabe coïncide sou‐ vent avec l’arrivée des ba‐ leines noires dans le golfe du Saint-Laurent. Dès qu’une d’entre elles est repérée, les zones de pêche sont fermées.

Ça fait plusieurs années qu’on le demande, mais on veut que le gouverneme­nt fé‐ déral nous permette une ou‐ verture hâtive de la pêche au crabe pour éviter de se re‐ trouver en même temps et à la même place que les ba‐ leines noires, explique JeanPaul Gagné.

Une pêche hâtive du crabe, c’est la mesure la plus simple à court terme et globa‐ lement.

Jean-Paul Gagné, directeur de l’Associatio­n québécoise de l’industrie de la pêche

Au moment d’écrire ces lignes, le MPO n’avait pas ré‐ pondu à toutes nos de‐ mandes d’informatio­ns.

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