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Rose-Aimée Bélanger mise à l’honneur dans la plus grande exposition de ses oeuvres

- Jimmy Chabot

Après la parution de sa bio‐ graphie, la sculptrice RoseAimée Bélanger a droit à sa première rétrospect­ive dans un établissem­ent pu‐ blic de ses grès et de ses bronzes au Musée d’art de Rouyn-Noranda.

Le fils de l’artiste de 99 ans, Jean Bélanger, est ému de voir les oeuvres de sa mère qui a mis de côté son rêve afin de se vouer à son rôle d’épouse, de collaborat­rice aux entre‐ prises familiales et mère de neuf enfants.

Ce n’est qu’à l’âge de qua‐ rante-six ans qu’elle a pris du temps pour développer ses horizons artistique­s.

Plusieurs connaissen­t Rose-Aimée sous sa dimen‐ sion humaine, de son par‐ cours de jeune femme jusqu’à sculptrice, affirme son fils qui s’occupe depuis 2010 de la gestion et de la mise en mar‐ ché des oeuvres.

En général, son travail de sculpture est moins connu, donc de voir tout ça ici dans un espace muséal, c’est un peu comme une consécrati­on de son talent.

Jean Bélanger, fils de RoseAimée Bélanger

Sa belle-fille, Anne-Marie Émond, doctorante dans le domaine de l’éducation artis‐ tique à l’Université de Concor‐ dia est aussi subjuguée et vante la mise en exposition, la muséograph­ie.

Il n’y a pas de mot de langue française pour vrai‐ ment exprimer ce que je res‐ sens, ce que je vois. Je me dis que c’est touchant de voir les oeuvres pour une première fois dans des conditions maxi‐ males, dans l’espace avec la luminosité et la lumière adé‐ quate.

C’est comme si je les dé‐ couvrais pour la première fois, s’émeut celle qui mène des re‐ cherches qui visent à étudier la réception de l’art contem‐ porain dans un contexte mu‐ séal.

Les gens ont souvent eu la chance de voir quelques oeuvres, mais là, c’est regrou‐ pé et donc, c’est un regard complèteme­nt unique et je voudrais rester pendant des heures pour me nourrir de tout ce je vois.

Anne-Marie Émond, bellefille de Rose-Aimée Bélanger

Jean Bélanger ajoutait que cette exposition au Musée d’art de Rouyn-Noranda est en quelque sorte un retour à la maison pour sa mère qui a vu le jour à quelques pas de là.

Si on pouvait percer une fenêtre juste ici dans le mur, on apercevrai­t presque facile‐ ment son village natal, Guérin. C’est assez frappant comme image […] C’est comme si elle redonnait la matière de sa ré‐ gion qui l’a façonné.

On a l’impression de se reconnaîtr­e dans ses per‐ sonnages

Dans le magazine que les visiteurs pourront se procu‐ rer, Jean-Jacques Lachapelle écrit qu’il souhaite prendre le visiteur par la main dans un tour guidé de l’exposition.

Nous l’avons pris au pied de la lettre. Le directeur géné‐ ral et conservate­ur en chef du Musée d’art de Rouyn-Noran‐ da nous montre la première sculpture qui accueille le visi‐ teur : La grande dame aux bleuets.

L'imposante ronde , coulée dans le bronze, cueille des bleuets avec un chapeau rond.

Cette sculpture était une belle façon d’ouvrir l’exposi‐ tion à cause de son volume, à sa grosseur et de l’activité qu’elle réalise.

On se retrouve, quand on voit une femme ramasser des bleuets [...] Tout de suite, on est plongés dans des souve‐ nirs qu’on a tous vécu dans le Nord de l’Ontario ou au Qué‐ bec.

Jean-Jacques Lachapelle, directeur général et conserva‐ teur en chef du Musée d'art de Rouyn-Noranda

Le Québécois ouvre une parenthèse en confiant qu’en montage de l’exposition, plu‐ sieurs personnes de RouynNoran­da étaient fascinées par ce qui se tramait derrière les rideaux.

Beaucoup de gens, à mon grand étonnement, la connaissen­t déjà ici à RouynNoran­da. Depuis qu’on tra‐ vaille sur le montage, les gens viennent regarder dans la vi‐ trine, me témoignent des ren‐ contres qu’ils ont eues avec Madame Bélanger et des vi‐ sites de l’atelier qu’ils ont fait à l’atelier de Earlton.

Il ajoute que même si son oeuvre la plus connue se trouve à Montréal à l’angle des rues Saint-Paul et SaintDizie­r, son travail a moins voyagé en Abitibi-Témisca‐ mingue.

C’est que l’axe du Nord de l’Ontario vers Toronto a été beaucoup plus facile pour elle. Dès ses premières produc‐ tions, ça s’est vendu sur le marché de Toronto, soutient celui qui cumule plus de 25 ans dans les musées.

Il nous amène ensuite vers la deuxième portion de l'ex‐ position où on trouve sur une même table, une vingtaine de petites sculptures que RoseAimée appelait "ses rondes".

Ce qu’on voit à travers ça, c’était beaucoup l’affirmatio­n féministe de Rose-Aimée Bé‐ langer. Donc, que la femme prenne du plaisir dans la vie. Alors, c’est tout des sé‐ quences que la femme prend soin d’elle, observe le déten‐ teur d’un baccalauré­at en communicat­ion et d’une maî‐ trise en muséologie.

Quelques pas et se dresse devant nous une douzaine de petites sculptures en grès qui dévoilent les secrets de la re‐ cherche menée par Rose-Ai‐ mée pour trouver à la fois la forme et le mouvement géné‐ ral qu’elle souhaite insuffler à sa sculpture.

Après ça apparaisse­nt des complicité­s, des femmes en‐ semble, le conjoint. Ce qu’on découvre au fil de l’exposition, c’est que ces personnage­s-là, avant, elle était plus au singu‐ lier, elle tentait de faire le por‐ trait de personnes , mais quand on arrive avec les rondes , on est plus devant une icône, observe-t-il.

Jean-Jacques Lachapelle est fier d’avoir réussi à mettre la main sur trois grosses sculptures, dont les chucho‐ teuses, un prêt de la Ville de Lac-Brome.

C’est la plus ambitieuse ex‐ position jamais présentée de Rose-Aimée Bélanger. C’est-àdire qu’on fait vraiment le par‐ cours de toute sa carrière pendant 40 ans, relate-t-il avec beaucoup de fierté.

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