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Lula remporte le second tour de l’élection présidenti­elle au Brésil

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L'ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva a remporté le second tour de l’élection présidenti­elle au Brésil avec environ 51 % des voix. Il a devancé le président sortant d'ex‐ trême droite Jair Bolsonaro par près de deux millions de voix (1,5 point de pour‐ centage).

Lors de son discours de victoire, Lula a souligné que le pays avait besoin de paix et d'unité. Il a aussi déclaré que le Brésil et la planète ont be‐ soin d'une Amazonie en vie, allant même jusqu'à parler de déforestat­ion zéro.

Ce n'est ni ma victoire, ni celle du Parti des travailleu­rs, ni celle des partis qui m'ont soutenu durant la campagne. C'est la victoire d'un mouve‐ ment démocratiq­ue qui s'est formé au-dessus des partis politiques, des intérêts per‐ sonnels et des idéologies afin que la démocratie sorte victo‐ rieuse.

Luiz Inacio Lula da Silva, président du Brésil

Il s'est toutefois dit inquiet du silence de Jair Bolsonaro, qui n'avait toujours pas re‐ connu sa défaite plus de quatre heures après le résul‐ tat.

Si les sondages prédisaien­t une victoire de Lula depuis des mois, Jair Bolsonaro avait encore des raisons d'y croire.

Selon l'ultime enquête Da‐ tafolha diffusée samedi soir, l'écart s'était resserré à 52 % contre 48 % pour Lula avec une marge d'erreur de deux points. Les sondages avaient lourdement sous-estimé le score de Bolsonaro au pre‐ mier tour (43 % contre 48 % pour Lula).

La journée s'est déroulée sans incident majeur, mais une polémique est toutefois venue entacher le scrutin. En effet, plus tôt dans la journée, des barrages filtrants de la police routière fédérale avaient retardé l'arrivée des électeurs aux bureaux de vote.

Des dirigeants du Parti des travailleu­rs de Lula avaient re‐ layé sur les réseaux sociaux de nombreuses vidéos d'au‐ tocars à l'arrêt à bord des‐ quels se trouvaient des élec‐ teurs, notamment dans les zones rurales du Nord-Est, fief électoral de l'ex-président de gauche (2003-2010).

Le président du Tribunal supérieur électoral (TSE), Alexandre de Moraes, avait ju‐ gé inadmissib­le cette situa‐ tion tout en assurant par la suite que, malgré les retards, aucun autocar n'avait re‐ broussé chemin et que tous les électeurs avaient pu voter.

Le président Bolsonaro, 67 ans, a été parmi les pre‐ miers à voter dès l'ouverture des bureaux dans le quartier Vila Militar de Rio de Janeiro.

Chemise blanche à manches longues, Lula, 77 ans, a quant à lui voté à Sao Bernardo do Campo, la ville du Sud-Est où il a fait ses débuts en tant que dirigeant syndical.

La campagne entre ces deux hommes que tout op‐ pose s'est en effet déroulée dans un climat brutal qui les a vus s'insulter copieuseme­nt. Bolsonaro a traité Lula de vo‐ leur, d'ex-prisonnier, d'alcoo‐ lique ou de honte nationale. Ce dernier n'a pas été en reste : pédophile, cannibale, génocidair­e ou petit dictateur.

Plus tôt dans la campagne, Lula, ancien métallo au destin hors norme qui a connu la disgrâce de la prison (20182019), puis l'annulation de ses condamnati­ons pour corrup‐ tion, avait dit espérer que son rival reconnaîtr­ait le résultat s'il perdait.

Bolsonaro est le premier président se présentant à un second mandat à ne pas être réélu depuis le retour à la dé‐ mocratie en 1985. Même s'il n'a toujours pas reconnu sa défaite, plusieurs de ses alliés importants l'ont fait, comme l'ancien juge anticorrup­tion Sergio Moro. La démocratie est ainsi. Je serai dans l'oppo‐ sition en 2023, a tweeté celui qui avait envoyé Lula en pri‐

son.

Vague rose

La victoire de Lula marque le rejet du populisme d'ex‐ trême droite incarné par Jair Bolsonaro, qui était soutenu par une large coalition de droite, mais dont la populari‐ té avait souffert de sa gestion de l'épidémie de COVID-19, le Brésil affichant l'un des bilans les plus lourds du monde par le nombre de décès rapporté à la population.

Cette victoire conforte aussi la vague rose en Amé‐ rique latine après les victoires récentes de la gauche en Co‐ lombie et au Chili.

Lula a promis pendant la campagne un retour à la croissance économique et aux politiques sociales qui avaient permis de sortir de la pauvreté plusieurs millions de Brésiliens.

Il s'est également engagé à combattre la déforestat­ion de l'Amazonie, actuelleme­nt au plus haut depuis 15 ans, et à faire du Brésil un des chefs de file des discussion­s sur la lutte contre le dérèglemen­t clima‐ tique.

Le nouveau président de‐ vra toutefois composer avec un Parlement qui penche net‐ tement à droite et devra donc nouer des alliances pour gou‐ verner.

L'assermenta­tion de Luiz Inacio Lula da Silva est prévue

pour le 1er janvier 2023.

Réactions politiques

Félicitati­on Lula!, a tweeté le premier ministre du Canada Justin Trudeau. Ce dernier a ajouté avoir hâte de travailler avec lui à renforcer le partena‐ riat entre nos pays, à obtenir des résultats pour les Cana‐ diens et les Brésiliens et à faire avancer nos priorités com‐ munes comme la protection de l’environnem­ent.

De son côté, le président américain Joe Biden a félicité Lula pour son élection libre, juste et crédible.

Le président français, Em‐ manuel Macron, a aussi félici‐ té le nouveau président, dont l'élection ouvre une nouvelle page de l'histoire du Brésil, se‐ lon lui. Ensemble, nous allons unir nos forces pour relever les nombreux défis communs et renouer le lien d'amitié entre nos deux pays, a écrit M. Macron sur Twitter.

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell s'est dit impatient de travailler avec le nouveau président du Brésil. Les électeurs brésiliens ont élu leur nouveau pré‐ sident dans un scrutin paci‐ fique et bien organisé. Félici‐ tations à Lula! Je suis impa‐ tient de travailler de concert et de faire avancer les rela‐ tions UE-Brésil avec votre gouverneme­nt et le nouveau Parlement, a-t-il indiqué sur Twitter.

Le président russe Vladi‐ mir Poutine a également sa‐ lué Lula. Veuillez accepter mes sincères félicitati­ons [...] Les résultats de l'élection ont confirmé votre grande autori‐ té politique. J'espère qu'en fournissan­t des efforts conjoints, nous ferons en sorte de poursuivre le déve‐ loppement d'une coopératio­n russo-brésilienn­e constructi­ve dans tous les domaines, a dé‐ claré M. Poutine dans un télé‐ gramme adressé à Lula, selon la présidence russe.

Lula a gagné, peuple béni du Brésil. Il y aura l'égalité et l'humanisme, a écrit sur Twit‐ ter Andres Manuel Lopez Obrador, président du Mexique.

Vive les peuples détermi‐ nés à être libres, souverains et indépendan­ts! Aujourd'hui, au Brésil, la démocratie a triomphé. Félicitati­ons Lula, je t'embrasse fort!, s'est réjoui le président Nicolas Maduro, du Venezuela.

Ta victoire ouvre une nou‐ velle ère dans l'histoire de l'Amérique latine. Un temps d'espoir et un avenir qui com‐ mence aujourd'hui, a écrit le président d'Argentine Alberto Fernandez, assurant être un partenaire avec qui Lula pour‐

ra travailler et rêver grand pour la bonne vie de nos peuples.

Douze gouverneur­s d'États brésiliens ont égale‐ ment été élus dimanche, dont le bolsonaris­te Tarcisio de Freitas dans l'État de Sao Pau‐ lo, le plus peuplé et le plus

riche du Brésil.

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