Une centaine de Néo-Brunswickois dénoncent publiquement la privatisation en santé
Près d'une centaine de ci‐ toyens du Nouveau-Bruns‐ wick dénoncent dans une lettre ouverte la privatisa‐ tion grandissante dans le système des soins de santé de la province. Ils ont en‐ voyé leur lettre à tous les députés provinciaux.
Les auteurs de la lettre ex‐ pliquent que le gouverne‐ ment a déjà confié à l’entre‐ prise privée Croix Bleue Me‐ davie la gestion des services ambulanciers, de l’Hôpital ex‐ tramural et de Télé-Soins. Fre‐ dericton a aussi recours au privé pour le service eVisitNB.
Plus récemment, le 29 sep‐ tembre dernier, le gouverne‐ ment a annoncé un projet pi‐ lote avec une clinique privée, le Centre d’ophtalmologie Acadie Bathurst, afin d’aug‐ menter de 30 à environ 75 par semaine le nombre d’inter‐ ventions chirurgicales de la cataracte. Le service, qui est couvert par l'assurance-mala‐ die du Nouveau-Brunswick, a aussi pour but de libérer des salles de chirurgie à l’Hôpital régional Chaleur.
Les signataires de la lettre craignent toutefois que le re‐ cours grandissant au secteur privé entraîne une perte de contrôle de la communauté sur les soins de santé, une di‐ minution de l’obligation de rendre des comptes et un exode de travailleurs du sys‐ tème public au privé.
Deux signataires, JeanClaude Basque, cofondateur du Front commun pour la jus‐ tice sociale, et Thérèse Du‐ guay, ancienne travailleuse en soins à domicile, ont accordé une entrevue à ce sujet à l’émission Le Téléjournal Aca‐ die, lundi.
On a un démantèlement du système public de santé qui est fait par notre propre premier ministre. Il s’est dé‐ barrassé des régies de la san‐ té. Là, il est prêt à prendre de notre argent public pour sub‐ ventionner des cliniques pri‐ vées et il regarde même à of‐ frir en réalité ses propres em‐ ployés au secteur privé.
Jean-Claude Basque, Front commun pour la justice so‐ ciale
En parlant des régies de santé, M. Basque faisait allu‐ sion à la décision du gouver‐ nement annoncée à la mijuillet de remplacer les conseils d'administration des réseaux Vitalité et Horizon par des fiduciaires. Nous de‐ vons avoir les bonnes per‐ sonnes en place pour sur‐ monter la situation actuelle et pour bâtir un système de soins de santé qui est meilleur et plus stable pour notre pro‐ vince, a expliqué le premier ministre Blaine Higgs en an‐ nonçant cette mesure tempo‐ raire.
La qualité des soins et l'accessibilité aux services mis en doute
Thérèse Duguay craint que le recours grandissant au sec‐ teur privé mène à une dété‐ rioration de la qualité des soins.
C’est que justement, j’ai travaillé pour un système pri‐ vé, j’ai travaillé pour un but non lucratif, des agences, et je vais vous dire. C’est que le gouvernement nous mettait dans ces systèmes-là parce que ça faisait son affaire. Il y avait moins de salaires, moins d’avantages [sociaux], les ser‐ vices étaient moins bons. Ça coûtait moins cher, mais ce n’était pas bon ce système-là. Aujourd’hui, je conteste qu’on s’en va à un système privé, af‐ firme Thérèse Duguay.
Jean-Claude Basque craint que le recours au privé mène à une concentration des soins dans les milieux urbains.
C’est là qu’est la popula‐ tion, c’est là que ces compa‐ gnies-là vont vouloir venir et c’est que les services vont être offerts. Donc, les régions ru‐ rales n’auront pas nécessaire‐ ment accès à ces services-là. Pour y avoir accès, ils seront obligés de venir dans un mi‐ lieu urbain, donc ça va leur coûter beaucoup plus cher, estime M. Basque.
On ouvre notre système au privé au lieu d’investir à l’intérieur de notre propre système. [...] C’est clair qu’il y a des choses à améliorer, mais faisons-le à l’intérieur de notre système qui est accessible à tout le monde.
Jean-Claude Basque, Front commun pour la justice so‐ ciale
Thérèse Duguay et JeanClaude Basque invitent toute la population de la province, les partis d’opposition et les organismes communautaires à intervenir aussi dans le dé‐ bat sur la privatisation dans les soins de santé.
Avec les renseignements du téléjournal Acadie