La santé publique régionale demande à Trois-Rivières de garder ses piscines ouvertes
La possibilité que Trois-Ri‐ vières ferme cinq de ses piscines fait bondir la santé publique, au point où la di‐ rectrice régionale, la Dre Marie-Josée Godi a décidé, dans un rare geste, d’en‐ voyer une lettre aux élus de la Ville pour leur deman‐ der de ne pas couper ce service.
Dans une lettre adressée au maire et aux conseillers municipaux, dont Radio-Ca‐ nada a obtenu une copie, on peut lire que la fermeture de la moitié des infrastructures aquatiques municipales aura des conséquences sur la san‐ té et la qualité de vie de la po‐ pulation de Trois-Rivières, par‐ ticulièrement chez les plus dé‐ favorisées.
Un comité de quatre élus a récemment recommandé au conseil municipal de fermer cinq piscines publiques, au lieu de les rénover. Il s’agit des piscines ou bassins des parcs Jean-Perron, Anjou, des Che‐ naux, des Ormeaux et JeanBéliveau.
Consciente du contexte budgétaire difficile, la DSPRP MCQ estime que la santé, le bien-être et la qualité de vie de la population trifluvienne devraient être prioritaires et être pris en compte dans la décision des autorités.
Extrait de la lettre datée du 2 novembre 2022
La Direction de la santé publique et responsabilité po‐ pulationnelle de la Mauricie et du Centre-du-Québec (DSPRP MCQ) affirme avoir été consultée le printemps der‐ nier par la Ville au sujet de cet enjeu, mais sent le besoin de réitérer l’importance des pis‐ cines.
L’accès à des piscines pu‐ bliques représente un facteur de prévention de la santé et est contributeur d’un milieu de vie de qualité, écrit la Dre Godi.
La directrice régionale de la santé publique demande non seulement à la Ville de garder toutes ses piscines ou‐ vertes, mais aussi de s’assurer de leur attractivité, accessibili‐ té physique et financière et de la sécurité de ses installa‐ tions.
En mars 2022, le comité appelé Animer et soutenir la communauté avait estimé que seuls 15 % des Trifluviens utilisaient l’une des dix pis‐ cines publiques du territoire. La direction de la santé pu‐ blique se demande toutefois si le comité s’est assuré de consulter les populations plus défavorisées avant de faire sa recommandation.
Impact pour les per‐ sonnes défavorisées
Les personnes défavori‐ sées risquent d’être les plus touchées par la fermeture de la moitié des infrastructures aquatiques municipales, es‐ time la direction de la santé publique régionale.
L’un des avantages d’avoir des piscines publiques à coût abordable, selon la DSPRP MCQ, est de favoriser l’accès équitable pour les popula‐ tions défavorisées à un loisir financièrement et géographi‐ quement accessible, ce qui permet de limiter les inégali‐ tés sociales et de santé, peuton lire dans la lettre.
Dans les quartiers les plus défavorisés et soumis aux ef‐ fets d’îlots de chaleur, les plans d’eau représentent sou‐ vent l’un des seuls moyens de se rafraîchir, indique aussi la Dre Marie-Josée Godi.
Contrer l'effet vagues de chaleur des
La direction de la santé pu‐ blique régionale s’inquiète aussi de l’impact qu’aurait la fermeture de piscines pour les Trifluviens lors des vagues de chaleur qui dans le contexte des changements climatiques, [...] seront plus fréquentes et plus intenses, souligne la DSPRP MCQ.
Offrir l’accès à des piscines et des pataugeoires est un des moyens qui facilitent l'adaptation des populations aux vagues de chaleur in‐ tense, particulièrement pour certaines populations vulné‐ rables, peut-on lire.
Le budget de la Ville de Trois-Rivières devrait être dé‐ posé en décembre, mais le conseil municipal pourrait adopter le plan triennal d'im‐ mobilisations (PTI) dès le mois de novembre.
Extraits de la lettre
[...] La DSPRP MCQ réitère sa position déjà exprimée lors de la consultation de mars 2022, que la fermeture de la moitié des infrastructures aquatiques municipales aura des conséquences sur la san‐ té et la qualité de vie de la po‐ pulation de Trois-Rivières, par‐ ticulièrement chez les plus dé‐ favorisées. Par cet avis, la DSPRP MCQ souhaite rappe‐ ler les bénéfices pour la santé, le bien-être, l’équité et la quali‐ té de vie associés à l’accès à des infrastructures de loisirs aquatiques à proximité des milieux de vie.
[...]
L’accès à des piscines pu‐ bliques représente un facteur de prévention de la santé et est contributeur d’un milieu de vie de qualité en favori‐ sant :
l’adoption ou le maintien de saines habitudes de vie par la pratique régulière d’activité physique; la réduction des noyades par l’apprentissage des compétences minimales pour survivre en cas de chute inattendue en eau profonde (norme canadienne Nager pour survivre de la Société de sauvetage); l’accès équitable pour les populations défavori‐ sées à un loisir financière‐ ment et géographiquement accessible, ce qui permet de li‐ miter les inégalités sociales et de santé; l’accès à des lieux de rafraîchissement, particulière‐ ment en période de canicule. Dansles quartiers les plus dé‐ favorisés et soumis aux effets d’îlots de chaleur, les plans d’eau représentent souvent l’un des seuls moyens de se rafraîchir.
[...]
Recommandation
La Direction de la santé publique et responsabilité po‐ pulationnelle de la Mauricie et du Centre-du-Québec recom‐ mande à la Ville de Trois-Ri‐ vières de maintenir une offre complète de piscines et pa‐ taugeoires sur son territoire en s’assurant de l’attractivité, l’accessibilité physique et fi‐ nancière et la sécurité de ses installations.
Selon les données de la Ville, 15 % de la population a fréquenté une des piscines extérieures municipales dans les trois dernières années et la proximité ne serait pas un en‐ jeu pour les citoyens. À ce su‐ jet, comment la Ville de TroisRivières s’est-elle assurée de sonder les besoins et avis des populations plus défavorisées au plan socio-matériel ?
Ce type d’infrastructures fait partie intégrante de mi‐ lieux de vie sains qui rendent les choix favorables à la santé plus faciles et accessibles. Consciente du contexte bud‐ gétaire difficile, la DSPRP MCQ estime que la santé, le bienêtre et la qualité de vie de la population trifluvienne de‐ vraient être prioritaires et être pris en compte dans la déci‐ sion des autorités