Les incidents violents dans les hôpitaux inquiètent les travailleurs de la santé
Un sérieux incident surve‐ nu récemment dans la salle d’urgence de l’hôpital Horizon Santé-Nord à Sud‐ bury inquiète le personnel de l’établissement, qui ré‐ clame un renforcement des mesures de sécurité.
Dans une note interne, le président-directeur général de l'hôpital, Dominic Giroux, indique que l'incident surve‐ nu le 11 octobre impliquait un individu qui s'est présenté à la salle d'urgence et qui a infor‐ mé la réceptionniste qu'il avait une arme et que la po‐ lice devrait être appelée.
M. Giroux précise que l'arme n'a pas été pointée vers qui que ce soit et que l'in‐ dividu n'a menacé personne non plus. Il ajoute que la po‐ lice a été appelée immédiate‐ ment, que des agents sont ar‐ rivés rapidement et qu'ils ont arrêté l'individu.
La police de Sudbury confirme qu'un homme de 31 ans a été arrêté et fait face à une accusation de port d'arme dans un dessein dan‐ gereux.
Le personnel d'Horizon Santé-Nord demeure tout de même secoué par l'incident.
Comment cette personne a-t-elle pu entrer ici avec une arme à feu?, se demande une travailleuse de l'hôpital à qui Radio-Canada a accordé l'ano‐ nymat parce qu'elle craignait des représailles de son em‐ ployeur.
Un patient atteint de dé‐ mence lui a également mordu la main récemment pendant au moins 20 secondes, ra‐ conte-t-elle.
De tels incidents sont de plus en plus fréquents, re‐ marque-t-elle, au point où elle a déjà pensé à quitter son em‐ ploi plusieurs fois.
J'adore mon emploi, mais c'est de plus en plus épeu‐ rant.
Employée d'Horizon San‐ té-Nord
Il faudrait plus d'infir‐ mières et plus de préposés aux soins pour permettre une intervention rapide face aux patients violents, ajoute-t-elle.
Nous manquons toujours de personnel, tout le temps.
Une série de mesures ont été mises en place à Horizon Santé-Nord, selon Dominic Gi‐ roux.
L'hôpital a fait appel à da‐ vantage d'agents de sécurité dans sa salle d'urgence, des caméras de surveillance ont
été installées et l'hôpital plani‐ fie également une formation du personnel pour l'aider à savoir comment intervenir si jamais des incidents comme celui du 11 octobre se repro‐ duisent.
Les hôpitaux n'en font pas assez
La responsable de la sec‐ tion des travailleurs d'hôpi‐ taux au Syndicat des em‐ ployés de la fonction publique de l'Ontario (SEFPO), Sara La‐ belle, croit que les hôpitaux n'en font pas assez pour lut‐ ter contre les incidents vio‐ lents.
Ils font ce qu'ils peuvent avec les ressources qu'ils sont, mais ce n'est pas assez, affirme-t-elle.
Elle donne l'exemple d'un hôpital dans le sud de l'Onta‐ rio où il fallait tirer les portes de la salle d'urgence vers soi pour les ouvrir plutôt que de les pousser.
Dans ce genre de situation, si un employé fait affaire avec un patient violent, il reste coincé parce que les portes ne lui permettent pas de sortir rapidement, explique Mme
Labelle.
Même dans l'ingénierie, on ne répond pas aux pro‐ blèmes.
La députée de Nickel Belt, France Gélinas, est aussi au courant d'une augmentation d'incidents violents visant les travailleurs de la santé qui sont liés en partie, souligne-telle, à la pénurie de personnel.
Elle prend l'exemple d'inci‐ dents qui surviennent dans les chambres de patients, sur‐ tout lorsque le fournisseur de soins est seul avec le patient.
Je pense que le moins que l'on puisse faire, c'est de s'as‐ surer qu'il y a toujours deux personnes qui vont rentrer en même temps dans cette chambre-là juste pour avoir une protection, note-t-elle.
Pourquoi est-ce qu'on n'est pas capable d'offrir aux travailleurs de la santé le même niveau de protection qu'on offre à d'autres tra‐ vailleurs qui font face à de la violence?
France Gélinas, députée de Nickel Belt
On n'a pas suffisamment de personnes qui travaillent dans nos hôpitaux pour être capables de les garder en sé‐ curité. C'est une grosse raison pour laquelle les gens partent. Ils ont vécu une violence et ça les traumatise puis ils disent "moi, je ne fais plus ça", fait sa‐ voir la députée.
Elle réclame du gouverne‐ ment des solutions à la pénu‐ rie de personnel dans les hô‐ pitaux pour éviter que la crise ne soit encore pire.
Avec les informations d'Aya Dufour et de Camille Gris-Roy